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Tellement prise dans l’engrenage de la continuité pédagogique qu’on oublierait presque les vacances à venir. Les jours se suivent et se ressemblent, rythmés par les préparations de classe, les envois des plans de travail, les courriers électroniques à envoyer et à consulter, les notes et les informations de notre inspection à lire, les dossiers à déposer pour les élèves non connectés, les gardes à assurer pour les enfants de parents soignants…

Finalement au bout de ces 5 semaines, enseignants, parents et élèves ont trouvé leur rythme et ont accompagné au mieux leurs enfants.

 

Il est temps de faire un premier bilan ensemble : malgré la bonne volonté de chacun, remplacer la maîtresse ou le maître à long terme, reste compliqué et les enfants ne se trompent pas, papa ou maman ne feront jamais aussi bien que la maîtresse ou le maître. Aurions-nous autant de pouvoir, nous l’avions presque oublié et les parents l’avaient certainement aussi oublié d’une certaine façon.

Nous espérons tous que cette reconnaissance ne s’arrêtera pas à la fin de ce confinement et que cette solidarité, ces élans de communication se poursuivront et nous permettront de, faute de réinventer notre société, de réinventer l’école de demain …… Nous le pressentions depuis longtemps mais il a fallu un événement aussi déroutant que celui-là pour se questionner, réfléchir ensemble pour une école nouvelle. 

Les outils de communication offerts par le numérique ont permis à tous de se sentir moins isolés, plus informés, plus créatifs…. de penser aux autres avant de penser à soi et surtout de penser à ceux qui sont le plus isolés et le plus en difficulté. Les enseignants formés à ces outils ont pu aider les moins aguerris et les encourager à utiliser des supports différents pour la réussite de tous les élèves. Nous avons fait « le job » mais nous restons pour la plupart très inquiets sur les semaines à venir. Pourrons-nous finir l’année scolaire, pourrons-nous revoir nos élèves….. le 11 mai, rêve ou réalité ? Et si oui, dans quelles conditions ? 

Revenons à la définition du mot ENSEIGNER ?

Enseigner en télé-enseignement a ses limites. 

Qu'est-ce que la relation pédagogique ?

La relation pédagogique, qu'est-ce que c'est ? Ce triangle définit trois types de relations pédagogiques : entre l'élève et le savoir, le professeur et le savoir et enfin, le professeur et l'élève. ... C'est ce qui va également définir la relation pédagogique qu'on peut également qualifier d'« effet enseignant ». 29 oct. 2014

Pour construire cette relation pédagogique, nous avons besoin des acteurs de cette relation. Bien sûr, les parents sont également transmetteurs de savoirs mais peuvent -ils  se substituer à « l’effet enseignant »?

Chaque enseignant sait combien « l’effet enseignant » est propre à chacun, parfois fragile, jamais acquis, mais toujours professionnel, au service de la pédagogie et de la didactique.

Les enseignants ont envie de retrouver leurs gestes professionnels, de se mettre en scène,  de transmettre le SAVOIR en construisant et en développant chaque jour de nouvelles compétences chez leurs élèves. Nous ne parlons même plus des évaluations, des bilans de fin d’année, des liaisons entre classes, l’urgence de la situation a pris le pas sur tout le reste. Il va falloir rebondir et reconstruire l’école de demain en se préparant mieux en terme de communication, d’outils faciles à utiliser dans les familles, d’harmonisation des contenus disponibles en urgence…. 

Nous espérons tous, pouvoir revenir dans nos classes dans des conditions acceptables et pouvoir retrouver nos élèves, notre micro-société dont nous sommes,il ne faut pas se cacher, le chef d’orchestre. Gérer les conflits, renforcer les liens entre les élèves, encourager, valoriser, faire progresser, voilà ce dont nous avons besoin pour retrouver notre place d’enseignant.

Enseigner c’est ce que nous avons choisi ; c’est ce que nous avons construit au fil des années, au rythme des réformes et des courants pédagogiques.

Journal d’une enseignante de maternelle confinée 

 

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Classe virtuelle avec les enfants de 3 ans, pourquoi pas ?

« Que cela fait du bien au bout de ces cinq semaines de voir et d’entendre nos élèves et quelques témoignages de parents ! On se sent d’un seul coup moins seul et très rapidement par le biais de la classe virtuelle du CNED, on retrouve les automatismes, le plaisir d’échanger et de communiquer avec nos élèves ».

Pourquoi faire une classe virtuelle avec des élèves de 3 ans, cela peut paraître ambitieux, peu utile ; tout dépend de l’objectif visé. 

Dans un premier temps, au terme de ces 5 semaines, j’ai ressenti le besoin de faire un point avec les parents de mes élèves de petite section, recueillir quelques témoignages et les soutenir jusqu’au bout et pour certains parents, cette période fut très angoissante. 

Dans un second temps, je souhaitais faire travailler et intervenir mes élèves par le biais de plusieurs exercices préparés en amont :

  • Utiliser le tableau blanc pour écrire son prénom en capitales (outil stylo, outil Texte)

  • Répondre par le biais d’un quizz à quelques questions de compréhension et de mémorisation du conte des 3 petits cochons (étudié pendant cette période)

  • Prendre la parole devant les autres

  • Faire un loto des sons (reconnaître 4 bruits d’animaux dont le cri du cochon)

  • Ecouter une histoire lue par la maîtresse

  • Chanter ensemble

Ce fut une première tentative avec 11 élèves sur 16 présents dans ce groupe de petits (après le temps de sieste et de goûter à la maison)

Après un tâtonnement lors des différentes connexions, les parents ont apprécié ce moment d’échanges et ont chacun leur tour pu s’exprimer sur la manière dont s’est déroulée cette période de « l’école à la maison » avec des hauts et des bas (les deux premières semaines actives sur la mise au travail, puis les 3 dernières furent compliquées, l’école commence à manquer avec tout ce qu’elle comporte dont le lien social fort entre les enfants). Les enfants ne s’y trompent pas, maman n’est pas la maîtresse et parfois les enfants savaient l’exprimer. 

L’outil de la classe virtuelle permet en priorité en maternelle de garder le lien, le lien visuel dont les enfants ont tant besoin. Ils se sont vus, se sont faits « coucou » et cela me paraissait très important.

Les parents ont pour la plupart suivi l’emploi du temps envoyé par la maîtresse avec quelques aménagements (2h maximum par jour). Ils travaillaient 1h15 le matin et l’après-midi, était consacré aux activités sportives (le parcours de la forme, le parcours cirque), aux activités telles que le jardinage, la peinture, la pâte à modeler, la cuisine (faire un gâteau)….

La classe virtuelle permet aussi dans ce cas précis à l’enseignant de pouvoir faire passer des messages importants afin de témoigner du renforcement école-famille lors de cette période. Chacun a pu s’engager dans ce travail en lien très étroit avec la maîtresse, bien au-delà de ce que nous aurions pu peut-être imaginer. Souhaitons qu’après cette épreuve, ce lien perdure.

Dans ce processus, il manquait un acteur majeur, l’Atsem, très présente au quotidien dans la classe de petits et dont les enfants ont souvent demandé des nouvelles. Aussi, il me paraissait important qu’elle soit présente lors de la classe virtuelle au même titre qu’un autre enseignant qui partage la classe. On ne fait pas la classe seul(e) en maternelle, c’est un travail d’équipe et même à distance.

En attendant de revoir mes élèves, officiellement le 11 mai, quelques idées m’animent :

  • Réaliser un dernier padlet regroupant tous mes élèves (une photo de chaque enfant dans une activité à la maison)

  • Faire un diaporama de toutes les photos envoyées par les parents durant cette période

  • Concevoir une photo de groupe de mes élèves confinés (un montage à partir de l’application Pic-collage)

Même si nous ne sommes pas en classe, nous ne cessons jamais d’être créatifs. Les enseignants de maternelle foisonnent d’idées et cette période a permis à chacun de développer encore plus sa créativité, sa capacité à rebondir et à s’organiser sans avoir souvent toutes les cartes en main au niveau de la gestion des outils disponibles et autorisés.

Merci aussi aux réseaux sociaux et aux différents groupes sur Twitter qui nous ont soutenu et accompagné durant cette période. Les propositions et les commentaires étaient une bouffée d’oxygène pour tous chaque jour. 

Bravo à tous et souhaitons que cette reprise soit aussi riche d’enseignements que ces cinq dernières semaines. Et l'école demain ?

Sylvie Storti

Dernière modification le samedi, 16 mai 2020
Storti Sylvie

PEMF, Enseignant Référent aux Usages du Numérique (ERUN) en Lot-et-Garonne, Sylvie Storti est également membre du Conseil d’Administration de l’An@é.