C’est sur l’impact de cette "modernisation" technologique que je souhaite débattre.
La tentation est grande de faire un peu d’humour et de jouer les mutins en affirmant que vu le prix d’une tablette, le chronomètre simple, la feuille de papier et le crayon ont encore de beaux jours devant eux. Les choses se compliquent quand on va avancer qu’avec un tableur, on en fait autant (et je ne dirai pas mieux). Oui, ça se complique, car le niveau d’investissement est déjà équivalent, si ce n’est bien supérieur. Il est cependant exact de constater qu’au regard de la vitesse à laquelle la technologie évolue, nous sommes passés très rapidement du portable/notebook, qui n’a pas eu le temps de devenir obsolète avant de n’être plus à la mode, à la tablette tactile !
Une très jolie entrée en matière pour comparer 2 modes de fonctionnement ayant fait l’histoire et la dessinant différemment aujourd’hui. C’est en préparant mon intervention pour Ludovia 2013 que j’ai ressenti le besoin d’écrire ces lignes, histoire de formaliser mes arguments autour de "Mobilité et Nomadisme", un des thèmes sur lequel je vais intervenir.
J’ai effectué mon choix : CHRONOPerf, qui représente l’objet courant des transformations possibles qui permettent, non pas de faire la même chose avec un outil numérique qu’avec un outil traditionnel, mais qui vont bien amener des plus-values sur le versant des transformations au regard des éléments qui vont entourer l’introduction de la technologie dans les séquences d’apprentissage. L’objet demeure incomplet en tant que tel,mais déjà porteur des éléments dont nous avons besoin pour dépasser les réticences à utiliser et faire utiliser le numérique...
I. Préparer
Tout commence à l’import de la base des élèves de l’établissement. Aucun nom à saisir, juste des groupes à constituer. Une nouvelle séquence ? "Cliquer sur nouveau" ... et à partir de menus simples, créer ce dont j’ai besoin dans le contexte très particulier du cycle dans lequel j’évolue. C’est cela "l’esprit numérique et pédagogique" ! Se servir d’une application qui répond à un besoin et qui ne m’oblige pas à associer des bouts d’applications entre elles. Avoir sous la main un produit qui apporte les réponses aux questions les plus courantes qui vont se poser et me laissent la liberté de répondre avec mes compétences et connaissances à celles qui sont plus larges. Gagner du temps !
II. Agir
De la même manière que j’appuie sur un bouton, j’appuie sur mon écran. Les temps s’affichent un à un et se lisent sur plusieurs lignes. A chaque ligne sélectionnée, un nom attribué. Un nom, un prénom, un âge, un sexe, et en quelques millièmes de secondes, l’association de ces champs avec ceux plus complexes des calculs et des bases afin de délivrer des informations anodines, mais tellement importantes pour un élève :
- j’ai fait combien ?
- j’ai combien ?
- est-ce que j’ai fait mieux que tout à l’heure ?
- j’ai couru à quelle vitesse ?
- comment vous le savez ?
- j’ai le record des filles de 13 ans ?
- c’est moi la plus rapide aujourd’hui ?
- il me reste à passer encore 1 fois !?
L’ergonomie, la facilité d’accès et l’attrait de ces produits technologiques facilitent la délégation de responsabilité et permet, même sans en maîtriser la complexité, de donner aux élèves la possibilité de répondre aux interrogations précédentes. Et de ce fait, de dégager un temps précieux à aller au devant des difficultés tout en sachant que l’information constituant les éléments du suivi individuel sera relevée au mieux et associée parfaitement à celles qui auront précédées. Et si cela ne fonctionnait pas, de supprimer, modifier ou ajouter celles nécessaires. L’outil ne favorise pas l’apprentissage et le progrès en tant que tel (en tous cas, pas dans ces exemples de pratique), mais il s’adjoint à l’intervention en la rendant rationnel et permet le partage plus rapide et cohérent des informations, propulsant l’enseignant au niveau qui lui colle le mieux, à savoir détenteur d’un savoir à transmettre qui s’accompagne à présent de l’image de l’évolution quotidienne qui nous entoure.
IV. Partager
Une évolution qui permet de plus de partager les informations tout en prenant la précaution de conserver leurs valeurs individuelles et en les présentant comme la propriété des élèves en tant que considération des efforts entrepris et à entreprendre ! Un ENT en EPS, PRO-EPS, en accord cette fois, non pas avec la technologie du terrain, mais avec celle du réseau et de l’accès à l’information personnelle.
De mon ancienne manière de procéder, où pris par le temps, je n’arrivais plus à faire de bilans réguliers, où il me semblait que chaque séance m’obligeait à un temps de recommencement, où j’avais le sentiment de ne pas avoir fini parfois, la transformation technologique, et j’insiste, adaptée, a permis de mettre à disposition très simplement et de manière permanente les informations prélevées sur le terrain. Ces informations se partagent et chacun de mes élèves peut y avoir accès et revenir en cours avec un positionnement propre à ses capacités. Sur ces niveaux très hétérogènes, mon regard se porte de manière individualisée afin en me servant de l’opportunité de l’attrait technologique comme support de prises de responsabilité et de développement de l’autonomie des groupes de travail et de leurs membres.
D’une manière à une autre, les mêmes objectifs, les mêmes résultats peut-être, mais un temps de pratique, des éléments techniques et des motivations différentes du fait non pas des compétences des enseignants, mais du gain de temps procuré et des éléments apportés pouvant valoriser, enfin, ces compétences.
Références : Site EPS Versailles