Ce mois-ci, dans le cadre de notre dossier spécial journal scolaire, Madmagz Edu décrypte avec vous quelques bonnes pratiques et autres petites astuces qui vous aideront à produire un journal scolaire de qualité.
La semaine dernière, nous évoquions la pluralité des utilisations possibles du journal scolaire, il nous faut désormais nous pencher sur les “trucs & astuces” qui garantiront la réussite de vos travaux.Madmagz a collecté pour vous une liste aussi exhaustive que possible de petits conseils, glanés auprès des équipes pédagogiques et des élèves.
La phase d’investigation et de documentation
Aller chercher l’information à la source : une initiation ludique à l’investigation
Les enquêtes sur le terrain
Parmi les différentes étapes qui constituent la création d’un journal scolaire, il en est certaines qui jouissent d’une plus grande popularité auprès des élèves.
C’est notamment le cas des enquêtes terrains, souvent perçues comme des sorties ludiques et agréables, et tant mieux ! C’est en effet une phase structurante pour votre journal comme pour la formation de l’élève, qui apprend les méthodes d’investigations, qui s’entraîne à chercher, à s’interroger et à poser les bonnes questions. Il s’agit d’une démarche active, qui se démarque des cours classiques où l’élève est en position de receveur passif de l’information. Ici, il doit établir un protocole efficace pour trouver ce qu’il cherche (par exemple élaborer un questionnaire, un plan de visite d’un musée ou d’une ville, un protocole expérimental…).
Mener une interview constructive
Un journal scolaire a pour but d’être vivant et collaboratif. Ainsi, les verbatim d’intervenants extérieurs à l’équipe de rédaction sont un point positif qui ajoute une bonne dose de personnalité et d’authenticité à votre journal. Qui de mieux placé pour parler d’un sujet que la personne qui le vit au jour le jour ou qui se consacre à son étude depuis des années ? Cependant, afin d’orienter la parole de l’interviewé dans la direction souhaitée, il convient de l’encadrer par des questions précises et intelligemment posées. Un didacticiel d’interview bien ficelée est disponible ici.
Utiliser au maximum les outils d’investigation et de reportage
Ces enquêtes sur le terrain sont l’occasion pour vos élèves d’apprendre à manier les différents outils d’investigation et notamment les outils numériques : appareils photos, caméras, microphones, logiciels de visioconférence … Les contenus enregistrés pourront même par la suite être intégrés à votre journal scolaire afin de le rendre interactif et “multimédia” !
Cependant, quelques règles sont à respecter, notamment en matière de droit à l’image.
Tirer profit des différentes sources de documentation existantes
Les ressources « classiques »
La grande majorité des établissements scolaires sont pourvus d’un CDI (Centre de Documentation et d’Information). En plus d’être abonnés à une grande variété de périodiques de qualité, ces centres documentaires rassemblent généralement une quantité impressionnante d’ouvrages sur des thèmes divers que les élèves tendent à délaisser en dépit de leur richesse et de leur pertinence, et ce au profit d’outils perçus comme plus rapides et plus directs (encyclopédies en ligne). C’est dommage ! En effet, des logiciels tels que BCDipermettent de filtrer rapidement et efficacement les ouvrages du CDI pour trouver le document adapté et la densité d’informations trouvées représente parfois un véritable gain de temps et de qualité comparativement aux ressources en ligne.
Le Web : Une mine d’or d’informations à exploiter
« Si, en effet, Internet a beaucoup à offrir à qui sait ce qu’il cherche, le mêmeInternet est tout aussi capable de compléter l’abrutissement de ceux et celles qui y naviguent sans boussole. »
Laurent Laplante
Sérions le Web en deux catégories : les études et sites payants d’un côté et les ressources libres de l’autre.
Commençons avec les premiers. Les centres de documentation des établissements du primaire et du secondaire, et plus particulièrement des établissements d’enseignement supérieur, souscrivent pour la plupart à un certain nombre d’études payantes qu’ils rendent accessibles aux étudiants (sur l’ENT par exemple ou via des identifiants). La qualité et la fiabilité de ces ressources, souvent coûteuses, sont rarement douteuses. N’hésitez pas à exploiter au maximum ces données, qui portent parfois sur des sujets extrêmement pointus introuvables en accès libre.
Evoquons désormais le cas des ressources libres, sites internet divers, encyclopédies en ligne… Si il ne faut guère verser dans la diabolisation de sites bien connus, souvent utilisés par ceux qui les fustigent d’ailleurs (voir un article très intéressant sur la fiabilité de Wikipédia) , il faut noter que l’on entre là dans un monde extrêmement hétérogène, où s’entremêlent contenus de qualité, feuilles de choux et informations douteuses voire totalement erronées.
Pour s’y retrouver dans cette jungle parsemée de richesses, quelques conseils de base :
Contenu
Le contenu du site montre-t-il un thème traité avec une profondeur suffisante ?
Le niveau est-il approprié à votre travail ? L’expression est-elle trop compliquée, trop
spécialisée ou trop simple au contraire ?
L’information n’est-elle pas, périmée, obsolète ?
Sources et date
Le site est-il mis à jour ? la page datée et signée ? Vérifier aussi ces éléments dans la bibliographie citée. Y-a-t-il suffisamment de références à d’autres travaux ?
S’agit-il d’une source stable, produite et mise à jour par un organisme reconnu, une université, une bibliothèque ?
Les auteurs du site sont-ils des chercheurs ou des spécialistes dans ce domaine ?
Appartiennent-ils à des sociétés savantes, des institutions, des organismes reconnus ? Peut-on vérifier leurs qualités et identifier leur établissement de rattachement ? Peut-on trouver certaines de leurs publications dans des livres, des périodiques ou d’autres documents multimédia ? Sont-ils cités dans des bibliographies spécialisées ?
Si la page est trouvée à l’aide d’un moteur (ou d’un robot) elle apparaît sortie de son contexte.
Vérifier soigneusement son contenu. Ne pas hésiter à remonter jusqu’à la page d’accueil du site pour bien vérifier l’appartenance de la page. Consulter aussi le plan du site ou le sommaire.
Ces outils permettent d’avoir une vue d’ensemble du contenu.
Divers
L’information est-elle gratuite ou payante ?
Vérifiez les qualités formelles de la page ou du site : la lisibilité, la qualité de l’expression et de l’orthographe.
Dispose-t-on de fonctionnalités de recherche, sommaire, index ou plan de site ?
A-t-on besoin de télécharger des utilitaires pour lire et utiliser le site ou certaines pages ?
Retrouvez plus de conseils sur le site Eduscol de l’Education Nationale
Créer un journal pour être lu
Le brouillon
Pour cette première étape, vous et vos élèves allez devoir déterminer plusieurs choses : - le message : pour cela, reprenez les 6 questions de base "Qui ?", "Quoi ?", "Quand ?", "Où ?", "Comment ?" et "Pourquoi ?" - l’angle d’attaque : de quelle façon allez-vous traiter le sujet ? - le genre de l’article : en fonction du sujet choisi, vous opterez plutôt pour une brève, une interview, un reportage, un compte-rendu ...
Elaborer simplement un « chemin de fer »
« Le chemin de fer est, pour le journaliste de la presse écrite, une sorte de jouet pédagogique. C’est la représentation visuelle, sous forme de bande dessinée, sur papier, sur écran, ou projetée comme un film sur un mur, de ce que le journal contiendra, page par page, quand il sera terminé. Cette vue d’ensemble montre à l’avance comment la production rédactionnelle sera répartie et hiérarchisée, de la première page à la dernière. »
24 heures dans une rédaction
Le plan des articles : un exercice inversé
Contrairement aux structures adoptées dans la production de la plupart des travaux scolaires (exposés, dissertations, compositions…), souvent tripartites (La sacro-sainte thèse, antithèse, synthèse…), le plan des articles qui composeront votre journal devra répondre à quelques règles de base de l’écriture journalistique : placer l’information centrale au début pour donner envie au lecteur de lire la suite, soigner les introductions et conclusions (l’attaque et la chute) qui gagnent à être des phrases simples, courtes et percutantes, qui marquent le lecteur et lui impriment le souvenir de votre article.
La rédaction
“L’écriture journalistique est une écriture de précision. Elle est claire, concise. Elle va à l’essentiel parce qu’elle n’a pas de temps à perdre ; mais elle doit être aussi exacte que l’écriture scientifique. Elle va au plus simple parce qu’elle doit être comprise par tout le monde ; mais elle sait être aussi élégante que l’écriture littéraire. Variable selon ses formes d’expression, l’écriture journalistique a sa propre amplitude”
24H dans une rédaction
Si quelques codes généraux sont effectivement à respecter, l’écriture du journal ne doit pas répondre à des canons stylistiques intangibles. Ce qui fera la richesse et la valeur de votre journal scolaire sera la diversité de styles mêlée à l’unité de thèmes et de ligne éditoriale.
Laissez la plume des élèves s’exprimer, guidez la sans la brimer quand elle s’égare.
Ecrire un article, c’est au même titre qu’une rédaction de Français, l’occasion de déployer tous les ornements et figures stylistiques qui font le charme et la puissance évocatoire de la langue. L’élève, en évitant le sibyllin inutile et l’abscons injustifié, doit viser l’élégance dans la simplicité et la précision dans le jeu des sonorités.
(En savoir plus sur la rédaction d’un article de qualité - un article didactique extrêmement bien fait)
L’identité du journal
La ligne éditoriale
la ligne éditoriale est la pierre angulaire de toute publication visant à être rendue publique, elle définit l’identité du journal et doit être fixée avant tout travail de rédaction. Mais de quoi s’agit-il au juste ?
Une ligne éditoriale, qu’elle soit explicitement formulée ou non, est le fil conducteur de la publication, elle constitue concrètement la réponse aux questions :
- Quel thème ? (par exemple : Le règne de Charlemagne)
- Quel public ? (par exemple : L’entourage de l’équipe de rédaction et les férus d’histoire)
- Quel but ? (par exemple : Informer sur un sujet méconnu de manière ludique et dynamique)
- Quel positionnement idéologique ? (par exemple : Neutre)
- Quels enjeux ? (par exemple : Modifier la vision erronée qu’ont la plupart des gens du premier des Carolingiens)
Les titres et l’importance de la « captatio benevolentiae »
lorsque l’on s’attèle à un travail de rédaction quel qu’il soit, le plus dur est souvent l’écriture des premiers mots. Or il se trouve qu’il s’agit également des plus importants. Sans remonter à la Rhétorique d’Aristote, il est évident qu’une entrée en matière laborieuse aura pour effet de faire partir le lecteur avec un à priori négatif dont il est souvent difficile de se débarrasser, d’autant plus que souvent, la première impression se trouve être la bonne…
C’est pourquoi il est primordial de bien méditer ses premiers mots.
Dans un article, il s’agit du titre voire de l’introduction.
Un bon titre doit bien entendu être accrocheur, il doit donner envie au lecteur de lire ce que vous avez à dire, pour ce faire, quelques astuces :
- Proscrire les titres à rallonge, 70 caractères environ au maximum
- Si vous rédigez un journal scolaire numérique et que vous souhaitez maximiser le nombre de lecteurs, utilisez des techniques de SEO (optimisation du référencement), pour cela, faîtes apparaitre dès le titre les mots-clés reliés au contenu de votre article.
- Ne soyez ni trop général, ni trop précis
- Des phrases assertives voire déclamatoires ou des questions un brin théâtrales font souvent fort effet sur le lecteur
- L’humour, l’ironie, les jeux de mots et autres procédés rhétoriques sont les bienvenus, mais il faut veiller à une relative finesse et pertinence !
Une identité graphique garante de la personnalité de votre magazine
Votre journal ne doit pas être pensé comme une addition mécanique d’articles indépendants, agencés au hasard. Un journal scolaire ce n’est pas une compilation d’écrits individuels n’entretenant aucun lien entre eux, il s’agit d’une juxtaposition ordonnée, méthodique et réfléchie des travaux de chacun dans le but de servir un projet commun et général ayant une unité de sens définie par la ligne éditoriale. Cette unité doit également se retrouver sur le plan formel. Pour donner de la personnalité à votre journal, il est nécessaire que la mise en forme des articles possède un socle commun.
- Utilisez les mêmes polices, formats et règles typographiques
- Définir des couleurs dominantes et les respecter
- L’agencement des textes et visuels et le choix iconographique doivent répondre à une relative unité
Comment choisir des visuels et contenus multimédia adaptés ?
Ce qui fera le charme et l’attrait de votre journal scolaire, outre la qualité de son contenu textuel, c’est également le choix judicieux des visuels que vous y ferez figurer.
Pour la version imprimée, ces visuels seront des images uniquement, mais si vous optez pour un journal scolaire numérique il vous sera possible d’y inclure des vidéos et autres liens (musiques…). Les conseils pratiques sont du même ordre :
- Veillez à ce qu’il y ait toujours un lien évident entre le texte et le visuel
- Privilégiez une certaine harmonie entre les couleurs de la charte graphique du magazine et les couleurs dominantes du visuel en question
- Eviter, sauf cas particuliers, les images trop provocantes ou choquantes
- Assurez-vous que l’image est libre de droits avant de l’utiliser dans vos travaux
La bonne utilisation des “ressources” humaines et techniques
Travailler en équipe
Le responsable pédagogique représente le “rédacteur en chef”. Dès lors, son rôle consiste à promouvoir la symbiose et l’esprit d’équipe au sein de la “rédaction”. Pour la cohésion du groupe, il est bon d’organiser régulièrement des moments collectifs ou chacun évoque ses projets, ses envies, l’avancée de ses travaux ainsi que des conférences de rédaction où la classe sur le contenu déjà produit.
Laisser libre cours aux initiatives individuelles et faire s’exprimer les talents de chacun
Un journal scolaire, c’est certes de la rédaction, mais c’est aussi beaucoup d’autres domaines également importants dans le rendu final. Certains élèves, plus littéraires, auront une plus grande aisance dans la rédaction alors que d’autres, plus artistes ou manuels, exprimeront tout leur potentiel dans la mise en forme ou la création de contenus multimédias pour les magazines numériques (vidéos…). Enfin, les plus extravertis auront plaisir à se rendre sur le terrain pour des interviews ou autres sondages ! Un journal scolaire, c’est l’occasion de faire fleurir les talents de tous les types de profils qui composent votre classe !
Le rôle du professeur ou du responsable pédagogique est alors, de même que pour la rédaction, d’encadrer, de canaliser, de réorienter ou de catalyser.
Le bon choix des outils
Pour la production de votre journal scolaire, le choix des outils de rédaction et de mise en page est un moment décisif. Deux alternatives s’offrent à vous :
- L’alternative “classique” qui consiste à monter son magazine sur un logiciel de traitement de texte ou de mise en page dans une optique d’impression (Word, Scribus, Photoshop)
- Une alternative plus “interactive”, consistant à créer un magazine entièrement numérique où l’on peut ajouter du contenu multimédia de tous types, mais également produire une version papier comme dans la première option (Madmagz)
A la semaine prochaine !
Dernière modification le jeudi, 16 octobre 2014