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 Publié sur le site dela DANE Dijon : J’assistais récemment à une formation organisée par l’IFE autour des questions de l’établissement formateur, du collectif d’acteurs et du développement professionnel des enseignants. Animée par Luc RIA (IFE, porteur de la chaire Unesco « Former les enseignants au 21ème siècle » et initiateur de Néopass@ction>) et Sophie MOUSSAY (Laboratoire ACTé) et regroupant une soixantaine de participants, cette journée abordait de nombreux aspects très intéressants, relatés ci-dessous.

 

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Nous verrons dans un premier temps la synthèse des contributions préliminaires à la formation puis la présentation de quelques démarches et réflexions inspirantes autour de la vidéoformation et de l’organisation et animation de collectifs.

 

Synthèse des réponses au questionnaire en ligne avant la formation

1.    Pour vous, qu’est-ce qu’un établissement formateur ?

Un établissement formateur favorise un climat de confiance. Il initie et/ou soutient des collectifs de travail pour faire évoluer les pratiques professionnelles et sait valoriser ceux qui se forment.

Les collectifs cherchent à résoudre des problèmes qui se présentent ou des dilemmes métiers (place des communs par exemple) en s’appuyant sur des personnes ressources dans des espaces et des temps dédiés.

Le développement professionnel s’appuie sur un partage de pratiques et de ressources dans un travail collaboratif qui allège et crée du lien.

Cette démarche doit être intégrée au projet d’établissement.

2.    Des pistes pragmatiques d’organisation … et des questions

Le questionnaire proposait aussi de partager les pratiques pertinentes connues çà et là et de partager ses questionnements. Voici les points saillants de ces partages : 

  • L’heure bleue : une heure hebdomadaire, banalisée dans l’établissement pour permettre aux enseignants qui le souhaitent de se rencontrer et de travailler ensemble. Il est bénéfique de la positionner avant ou après la pause méridienne.
  • Les séances en co-intervention sont formatrices (de la co-conception à la co-animation)
  • L’ENT est-il (peut-il être) un espace de développement professionnel des enseignants ?
  • Quelle est la place des élèves ? des membres de la communauté éducative élargie (parents, collectivité, …) dans un établissement formateur? 

Des projets présentés

Plusieurs projets ont été présentés. Trois ont retenu mon attention et sont abordés rapidement ci-dessous.

1.    Laboratoire du changement au collège Triolet à Vénissieux

Une présentation de la démarche est accessible ici : http://www.crdp-lyon.fr/podcast/conference-presentation-de-la-conference-moussay

Le laboratoire n’est pas caractérisé par un lieu mais par une démarche, une méthode qui s’articule en 5 étapes :

  1. Identification des problématiques professionnelle,
  2. Recueil des traces,
  3. Echange collectif et choix d‘actions,
  4. Expérimentation et pistes prometteuses,
  5. Evaluation des effets.

Le projet s’est confronté à deux difficultés : 

  • Les enseignants ont de grandes difficultés à aller jusqu’à l’évaluation des effets (ils s’arrêtent majoritairement à l’expérimentation),
  • Les leaders se sentent isolés, ils ont besoin de se nourrir en confrontant leurs pratiques avec d’autres. 

Une deuxième démarche est proposée selon le protocole suivant (démarche qualité : Plan – Do – Study – Act) :

  1. Qu’essayons-nous d’accomplir ? (Problématique professionnelle rencontrée + objectif visé : « d’ici la fin de l’année, nous diminuerons le nombre d’élèves qui ne font pas leur devoir »)
  2. Comment saurons-nous quand un changement est une amélioration ? (Quelles mesures : « mesure du taux d’élèves qui font leur devoir, mesure de la satisfaction des enseignants en classe, mesure des résultats à une évaluation » et quelles traces)
  3. Quel changement pouvons-nous apporter qui se traduira par une amélioration ?

La difficulté de la démarche se situe au niveau des leaders qu’il faut former et former et ‘nourrir’.

2.    Un outil pour accompagner les collectifs professionnels : grille à trois dimensions 

  • Quelles étapes de transformation ? Collection de professionnels, potentialités, collectif émergent, fusion, collectif implanté, maturation, collectif apprenant, gestion
  • Quels principes de fonctionnement ? Les objectifs, le pilotage (leader et rôle), l’organisation (outils, espaces, temps), impact du collectif sur le développement professionnel des membres.
  • Comment pérenniser le collectif, quels éléments incontournables pour évoluer ? Stabilité éthique et professionnelle, soutien institutionnel, capacité à faire du lien (avec d’autres collectifs, dans la durée), prise en compte du caractère cyclique du collectif. 

Cette grille permet de positionner l’état d’un collectif, d’identifier ce qui fonctionne et ce qui bloque, de repérer les prochaines actions à mener auprès du collectif pour le développer.

Positionner un collectif

Observation croisée et débriefing flash

http://ife.ens-lyon.fr/lea/le-reseau/manifestations/rencontre-nationale-des-lea-2017-1/posters/p_-lea-garcia-lorca_-2017

L’idée est de filmer un enseignant dans sa pratique en classe puis de proposer une observation à deux voix (l’enseignant et un pair plus expérimenté) en suivant ce protocole :

  1. Cadrage : rappel des épisodes précédents, comment ça va se dérouler, qui fait quoi ?
  2. Description : approche empathique. On suspend ses propres projections, on se limite à décrire ce que l’on voit.
  3. Intention : on favorise l’explicitation des intentions de l’observé pour qu’il mette ses intentions en mots.
  4. Co-estimation de l’action réalisée (évalué) par rapport à l’intention (cible).
  5. Recherche conjointe d’autres alternatives.

Il est préconisé de se fixer un temps d’échange borné autour de la vidéo (45 min à 1h) pour se concentrer sur les points essentiels.

Cette démarche permet de répondre aux questions Qu’ai-je fait ? Comment ? Pourquoi ? Quelles alternatives sont envisageables ? en s’appuyant sur un document commun (la vidéo) à partir duquel chacun va réagir. La mise en mot permet de prendre conscience de ses compétences et limites et de s’autoriser à aller de l’avant. La vidéo permet de voir la réalité de ce qui se passe en classe, sans tricher. On analyse la réalité (accessible par la vidéo) avant l’intention (accessible par le récit).

En conclusion

Cette journée très riche offre des perspectives très intéressantes dans une logique d’académie apprenante. Les recherches et outils présentés semblent pertinents mais le passage à l’échelle ne paraît pas évident… Peut-être faut-il, dans un premier temps, se contenter de soutenir les équipes motivées par la démarche et prêtes à s’impliquer.

Un prochain article abordera un autre point de vue, complémentaire, sur le développement professionnel, les collectifs d’enseignants et l’établissement formateur ou apprenant !

Article publié sur le site : http://dane.ac-dijon.fr/2018/02/26/videoformation-un-outil-au-service-du-developpement-professionnel-des-enseignants/
 Jacques Dubois
Mention creative commons

Dernière modification le mercredi, 28 février 2018
Jacques DUBOIS

Ingénieur de formation, Membre de l'équipe nationale m@gistère
École Académique de la Formation Continue - académie de Dijon
Rectorat de l'académie de Dijon