Usage spontané de l’apprentissage nomade
Voici quelques exemples de comportements spontanés d’étudiants en L2 reliés à l’exploitation des TIC dans leurs activités d’apprentissage, tels qu’il serait possible d’observer en situation réelle.
Des projets de présentation orale
Pour accompagner leurs présentations orales, des étudiants se donneraient la peine soit de préparer un diaporama électronique, soit de se connecter à Google Images, ou tout simplement d’utiliser le lecteur Windows Media. De manière naturelle, certains transformeraient la salle de classe en véritable laboratoire nomade à l’aide de leurs propres téléphones intelligents, de leur iPad, d’un Notebook ou d’un ordinateur portable qu’ils connecteraient à Internet à partir d’un abonnement personnel ou encore de la source WiFi de l’établissement scolaire.
Dans un exposé portant sur un sujet de leur choix, certains aborderaient même avec envie la question des innovations pédagogiques menées dans d’autres écoles sans nécessairement connaître le langage de la pédagogie nomade ou de l’autoformation. Ils y verraient entre autres d’importants avantages quant à la flexibilité et à la personnalisation du matériel éducatif existant, grâce à l’ajout d’images, de sons et de vidéos qui rendraient, selon eux, l’apprentissage riche et complémentaire à la documentation imprimée qui leur est livrée en début de session. Il leur suffirait de taper louche surGoogle d’untéléphone intelligent à peine dissimulé pour en avoir une illustration éloquente instantanément…
Des révisions sur mesure et collaboratives
Des étudiants se serviraient avec fierté de leurs gadgets pour rechercher des documents de références dans le cadre d’un projet, ou encore comme dictionnaire bilingue ou visuel. À cet effet, cela compenserait la rareté de produits du même genre en version imprimée dans certaines langues. À l’insu du prof, peut-être, certains enregistreraient même sur vidéo des leçons ou prendraient en photo un schéma illustratif affiché au tableau. D’autres s’empresseraient de placer dans leurs favoris les informations données par leur professeur, recherchant même des vidéos explicatives complémentaires.
Leur usage des TIC s’inscrirait aussi dans une démarche collaborative tout aussi naturelle et spontanée. À la suite d’une ou deux vibrations de la sonnerie de leur téléphone, certains enverraient subrepticement un mot d’appui ou une photo dans le compte Facebook de la classe, entretenant ainsi les liens sociaux indispensables à l’apprentissage d’une L2 et cultivant leur début de réseautage en sol étranger. D’autres rendraient disponibles à leurs pairs des liens vers des exercices en ligne concernant les notions montrées en classe. Lors de sorties éducatives, il y aurait des échanges de photos par le biais du téléphone intelligent…
Il est temps de se servir
Si de tels gestes éducatifs sont posés de façon naturelle et spontanée par des élèves en L2 ; le pédagogue devrait en arriver à la conclusion que la table est mise et qu’il est temps de se servir. Cela signifie qu’il serait effectivement possible de mettre en place des dispositifs de pédagogie de projets, de transformer la salle de classe en laboratoire nomade sans même faire l’acquisition d’équipement sophistiqué, au grand dam de l’industrie, de transformer les sorties de classe en véritables expériences éducatives et de faire confiance au socioconstructivisme.
Pédagogie de projet
Nous pourrions avec facilité créer des situations communicatives de simulation de bulletins de nouvelles qui permettraient à chacun de s’exprimer selon ses intérêts personnels et de pratiquer l’art de l’argumentation et de l’entrevue en L2, en appuyant ses propos d’images signifiantes. D’autres pourraient aussi se définir un projet personnel de longue haleine comme un retour aux études, la création d’une entreprise ou même une meilleure compréhension des réalités socioculturelles, politiques et économiques de la société d’accueil. Ce faisant, ils seraient amenés à réaliser une intense recherche documentaire en vue de produire des textes et des enregistrements à diffuser sur le Web au profit de la classe, et de la création d’un réseau socioprofessionnel.
Laboratoire nomade sur mesure
L’enseignant n’aurait plus à se préoccuper des contraintes de réservation de matériel informatique ou de partage des laboratoires dans la mesure où il lui serait dorénavant possible de compter sur les ressources personnelles des étudiants pour créer des situations d’apprentissage collaboratif informatisées, sur mesure, dans sa propre salle de classe. Non seulement, l’usage de telles ressources ferait-il appel au sens de la responsabilité des étudiants adultes, mais il faciliterait par le fait même l’apprentissage de stratégies en apprentissage autodidacte. Cela pourrait même servir à préparer une sortie par de la recherche documentaire sur les lieux à visiter, mais aussi amener les étudiants à se concevoir une multitude de petits documents d’apprentissage une fois sur place : prise de photos à commenter en L2 sur Facebook, enregistrement des propos tenus par les animateurs, etc.
Conclusion
En observant des comportements naturels et spontanés d’étudiants adultes, employant les technologies dans leur apprentissage sans que cela soit nécessairement exigé d’eux ou planifié par l’enseignant, il en résulterait un constat des plus intéressants : les étudiants emploiraient les TIC de manière naturelle aussi bien dans une perspective de pédagogie nomade que dans celle de l’autoformation et de l’esprit socioconstructiviste. La table est mise : servons-nous !
Texte : Luc Renaud, M.A. Sciences de l’éducation