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Un cours démarre. Évidemment, quand vous êtes assis dans un amphi, vous le subissez. Et puis soudain, l’enseignant s’arrête, et une voix sur le coté vous demande : « et maintenant quelle suite choisissez-vous ? »

C’est l’idée de Anne-Céline Grolleau et de Céline Grousson, qu’elles nous ont fait vivre au cours du printemps d’Unit. Elles nous le présentent même sous forme de fiche  :



   Évidemment, c’est un amphi plein d’enseignants (ou proches) qui a subi cette expérience. Le cours proposé a été donné par Pol-Bernard Gossiaux des Mines de Nantes, à qui je tire mon chapeau d’avoir su jouer la mauvaise foi, digne des faux cours qui circulent en début d’année dans certains amphis. Tapant de la règle, usant de mauvaise foi, effectuant des raccourcis dans ses transparents, ignorant son public (blême ou amusé au bout de 1’30), il a été parfait et a frappé les esprits.

 

Placé de force en tant que participant, je n’ai pu m’empêcher d’observer la séquence.

 

  1. Après cette phase d’échauffement, on nous a proposé de réfléchir en groupes de 4 (émergence des idées) puis de 8 (confrontation et sélection) pour faire émerger des idées visant à améliorer, rendre interactif cet amphi. Plus que choisir la suite, on nous proposait de la construire, telle que nous la voulions.
    1. J’y ai vu des enseignants qui analysaient directement la situation vécue, ayant de réelles difficultés à prendre du recul , ce qui m’a étonné ;
    2. J’y ai entendu plusieurs propositions, dont celle qui m’a le plus amusé : proposer aux étudiants de bouger pour simuler un comportement physique correspondant au cours ;
    3. Clairement cette formule de concertation en groupe était inspirée du buzz amphi de démarrage de la conférence QPES. Son fonctionnement est basé sur la technique d’animation de buzz group dans lequel on nous dit que le nombre maximum par groupe est de 6. C’est déjà à mon sens une limite élevée, car dans un amphi, il est difficile de discuter à beaucoup pour des raisons physiques : la position des tables, et la difficulté de se faire en tendre. À mon sens 4 est un bon chiffre. On peut aussi se poser la question de la durée de chaque phase, une trop grande durée étant l’ennemie d’une bonne concentration ;

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  2. Remontée des idées : c’était la première fois que je voyais un etherpad utilisé en amphi. Plaisante idée pour faire remonter les propositions de chacun vers le groupe organisateur et numéroter à la volée. Cela nous a tous fait découvrir une limite de l’outil : dans cet amphi seules 12 connexions simultanées sur l’éditeur étaient possibles. Il y a souvent ce type de limite avec les outils du web 2.0, et qui sont rarement écrites. À retenir pour ne pas se faire bloquer. Nos animatrices ont su gérer cela avec le sourire et permis à chacun de se connecter dès qu’un groupe avait fini ;
  3. Votes : on nous a proposé de voter avec des télévoteurs. Sympathique, mais difficile à suivre. En tout cas interactif dans un amphi bien échauffé :-)
  4. Improvisation de la suite : sur le modèle de l’amphi de restructuration, le professeur est venu regarder les propositions, en a retenu 3, s’est rapidement préparé et nous les a restituées :
    1. il a commencé par nous faire déplacer dans la salle en nous faisant jouer le rôle d’in électron : chacun s’éloigne de l’autre, cela bouge, finit pas se stabiliser et on constate qu’un certain nombre de participants sont scotchés aux murs : parfaite illustration d’un phénomène d’électrostatique : charge moyenne et charge de surface :
    2. il nous a également demandé d’illustrer et de retrouver les concepts principaux pour les réorganiser à la volée (il paraît qu’un tableau interactif aurait ici été le bienvenu)
    3. et finalement, il a réalisé sous nos yeux une expérimentation sur la relation résistance/épaisseur de conducteur/dégagement de chaleur (qu’il avait préparé bien avant, comme quoi quand on maîtrise sa matière…)
    4. Bref la grande classe. Encore bravo à Pol-Bernard Gossiaux. Même si un voisin m’a glissé qu’il présentait bien moins de choses de cette manière là ? :-( et qu’il était bien difficile de se passionner pour une présentation orientée matière après nos discussions. Un guidage pour le débriefing aurait peut être permis de se reconcentrer.

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En tout cas une bien belle idée que cet amphi dont vous êtes le héros ! Dont nous avons eu la chance d’avoir la primeur (eh oui, c’était le printemps). Un grand merci à Anne-Céline et à Céline !

 

Crédit photo : Album souvenir du printemps d’Unit – droits non précisés (donc copyright vraisemblablement)

Dernière modification le mardi, 18 novembre 2014
Gilliot Jean-Marie

Enseignant chercheur au département informatique de Télécom Bretagne
Persuadé que le futur de l’école est numérique, je publie sur mon blogTechniques Innovantes pour l’Enseignement Supérieur. Vous pouvez également me retrouver sur Tiwtter : @jmgilliot
Thot Cursus a publié un interview "l’apprentissage passe par la réutilisation" qui me parait assez juste.