Les tablettes tactiles ont indéniablement la cote en éducation ces dernières années. Plusieurs enseignants les expérimentent dans le but de transformer leur enseignement et de motiver leurs élèves en travaillant autrement. Qu’en est-il des orthopédagogues œuvrant auprès des élèves présentant des difficultés d’apprentissage?
C’est au printemps 2013 que Mme Danielle Millette a commencé l’expérimentation de la tablette en orthopédagogie. Elle a participé à plusieurs formations et conférences, notamment au colloque de l’Association québécoise des utilisateurs de l’ordinateur au primaire-secondaire (AQUOPS) et au Sommet de l’iPad en éducation, en plus de suivre de près les travaux du RÉCIT et de recueillir des informations sur Twitter et dans le groupe Facebook Les TIC en éducation. Forte de tout ce bagage, sachant qu’il existait peu d’exemples d’utilisation des tablettes dans son champ d’expertise, elle a soumis une demande de subvention dans le cadre de la mesure 30054 du MELS (Programme de soutien à la recherche et au développement en adaptation scolaire), qui fut acceptée.
Les réactions de ses collègues, suite à l’arrivée des tablettes, ont été mitigées :
« Il y a eu des sceptiques chez les enseignants, et c’est justement cela qui a fait avancer ma pratique. Les questionnements de mes collègues m’ont aidée, entre autre, à mettre au point les critères pour le choix des activités réalisées à l’aide de cet outil pour toujours avoir en tête les gains pour l’apprentissage de l’élève. »
Pour ce qui est des élèves, c’est de façon naturelle qu’ils se sont appropriés l’outil. Cependant, elle a pris le temps de bien mettre en place les règles d’utilisation et de changer la mentalité des élèves qui, au départ, considéraient l’iPad comme un jeu ou un objet de récompense.
Quelle a été sa plus belle surprise lors de cette expérimentation? Mme Millette fait état de tous les gains obtenus pour l’orthopédagogie grâce aux tablettes. Au fil des mois, elle en est même presque arrivée à n’utiliser que celles-ci lors des interventions en sous-groupe, tant le potentiel est grand.
« En orthopédagogie, nous devons aider des élèves à apprendre là où c’est difficile pour eux, dans un temps souvent limité, alors il faut que l’intervention soit efficace, ciblée et métacognitive pour l’élève. Le fait d’avoir beaucoup de moyens dans un même outil comme la tablette répond justement aux critères d’efficacité et d’intervention ciblés. »
Soulignant l’aide d’un comité d’orthopédagogues, en particulier de sa collègue Stéphanie Clair, des conseillers pédagogiques, et de son conjoint, elle mentionne aussi le support de son réseau Twitter dont elle a bénéficié durant l’expérimentation. Quelques difficultés techniques sont survenues, par exemple au niveau des achats d’applications et de la gestion de la flotte d’iPad, mais avec l’aide de son technicien et du généreux partage sur le groupe Facebook Les TIC en éducation, le tout s’est résorbé assez promptement.
Puisque l’engagement venant de la mesure 30054 était de transmettre à un plus grand nombre possible de gens les résultats obtenus, c’est sous forme d’iBook qu’elle a décidé de le faire. Ayant été très impressionnée par le livre de Sébastien Deschamps Le iPad en classe, s’ouvrir aux changements, elle s’est inspirée de ce format pour construire son guide pédagogique qui est en ligne depuis l’automne dernier. Véritable bible contenant une multitude d’idées d’activités, d’applications, de démarches et aussi d’avantages et de mises en garde, L’iPad en orthopédagogie est maintenant disponible gratuitement pour téléchargement dans iTunes. Quelles sont ses applications préférées? Elles se retrouvent toutes dans le livre numérique et sont encore utilisées quotidiennement, nous dit-elle.
On ne peut que saluer une telle entreprise de la part d’une intervenante aussi engagée. Rempli de nouvelles idées, ce guide pédagogique saura certainement plaire à la communauté d’orthopédagogues, mais aussi aux enseignants qui, de plus en plus, utilisent l’iPad auprès de leur clientèle EHDAA en classe.
Dernière modification le dimanche, 15 mars 2015