Les données publiques et privées deviennent de plus en plus disponibles ( ouvertes ) mais il s’agit de données dites brutes et qui déversées en masse sur des citoyens peu avertis peuvent être ressenties comme inutiles, angoissantes voire même méprisantes. Le risque existe d’être submergé par un flot de données plutôt que de surfer sur la vague qu’elles constituent.
Il est pourtant incontestable que ces données sont une formidable ressource et se posent naturellement les questions : que peut-on en faire dans une classe ? quelles sont les compétences que leur utilisation permet de développer chez les élèves ?
Dans son préambule, Madame Armelle Gilliard, Chef de projet des services numériques à la communauté urbaine de Bordeaux a apporté des précisions sur la notion de données. Il s’agit, au sens de l’open data, d’un élément qui peut être traité automatiquement par un système informatique car il est repéré par des coordonnées (X ;Y) ou ( ligne ; colonne). C’est, par exemple, le contenu d’une cellule d’un fichier Excel. Une donnée est une description souvent codée d’une réalité. Attention, une information numérisée n’est pas nécessairement une donnée. Ainsi un document en Pdf, pourtant numérisé n’est pas une donnée car il ne peut pas être traité directement par un logiciel. Les expressions usuellement associées sont : données publiques et données ouvertes. Les définitions sont un peu austères mais il faut en passer par là : une donnée publique est une information contenue dans tout document produit ou reçu par une personne agissant dans le cadre d’une mission de service public. Une donnée ouverte ( open data) est une donnée accessible, exploitable, réutilisable. La loi n°78-753 du 17 juillet 1978 ( dite loi Cada ) permet de mieux cerner la notion de données publiques et de préciser leurs conditions d’utilisation.
Madame Giliard a ensuite évoqué les demandes de communication de données publiques. Certaines d’entre elles sont accessibles sur le web. Si tel n’est pas le cas, il convient, pour l’utilisateur, de s’adresser directement à la collectivité qui détient les éléments qui l’intéressent. En cas de refus ou de non communication dans un délai raisonnable, de la part de la collectivité sollicitée, l’utilisateur peut s’adresser à un guichet Cada pour faire aboutir sa requête. L’expérience montre que ce recours permet souvent d’obtenir gain de cause. La Communauté Urbaine de Bordeaux a rédigé en collaboration avec Aquitaine Europe Communication, un guide de demande de données publiques auprès des collectivité et elle le diffuse.
Celui-ci est téléchargeable à l’adresse : www.lacub.fr/actualité/open-data-le-guide
Le deuxième temps de cet atelier a été consacré a un exemple d’utilisation pédagogique de données publiques. Monsieur Bruno Vuillemin est professeur de technologie au collège de La Force et formateur au Clémi. Pour participer au concours organisé par le CESER ( conseil économique et social de la région ) sur le thème Habitants et habitat en Aquitaine, sa classe de troisième a choisi de réaliser un motion design. Cette création nécessite l’utilisation de données publiques. C’est ainsi l’occasion de préciser avec les élèves ce que sont des données publiques ( il est fait usage du guide précédemment cité ) et ce qu’est une infographie. Ces pré requis étant posés, la classe est impliquée dans une démarche peu dirigée au départ et qui commence par la recherche d’informations sur le thème proposé. A la suite de ce premier travail, il convient de définir une problématique à laquelle répondra la production présentée au concours. Celle-ci nécessite la collecte de données ( ici obtenues au CESER), puis leur tri et leur mise en forme destinée à « faire parler les données ». l’étape suivante est l’écriture d’un scénario, préalable à la création d’une infographie qui n’est autre qu’une narration construite autour de la problématique posée et contenant beaucoup d’informations graphiques, de l’image, du texte, de la cartographie pour se terminer par une indispensable conclusion. L’étape ultime est le partage de la production via le site du collège et les réseaux sociaux.
L’objet n’est pas ici de produire des données mais d’en utiliser et ce travail dans lequel la problématique est centrale change radicalement la vision des élèves par rapport aux données qui les entourent. Visiblement les élèves adhèrent à la démarche et le partage constitue à lui seul une récompense.
La complémentarité et la connivence des deux animateurs ont fait de cet atelier un moment riche en enseignements.