L’intérêt des grilles est ici connu : elles encadrent la subjectivité de l’évaluateur et réduisent la portée de certains biais de jugement, elles améliorent la fidélité et la stabilité des évaluations, elles ont généralement la faveur des apprenants, elles génèrent des traces d’apprentissages, elles améliorent la rapidité de l’évaluation (voir ce qu’en dit l’Université de Genève).
Voici une proposition d’utilisation de grilles d’évaluation avec un tableur en ligne.
L’outil choisi est Google Sheets, dont certaines fonctions avancées (création de documents et publipostage) ne sont à ma connaissance pas encore disponibles dans les autres outils. Ce dispositif est bien entendu adaptable à différentes situations d’évaluation, pour différents niveaux scolaires et différentes matières.
N.B. : j’avais déjà présenté un dispositif basé sur un formulaire lié à un tableur (« Corriger des copies avec un formulaire« ) ou un autre basé sur des copies numérisées au format pdf (« Corriger numériquement (et efficacement) des copies papier »).
Remarque pédagogique liminaire
Il faut bien entendu se pencher sur ce qui fait une bonne grille d’évaluation, ainsi que sur les étapes permettant son élaboration. Sur cela, voir par exemple « Evaluer à l’aide d’une grille d’évaluation » (Université de Genève).
N.B. : Dans ma pratique, j’évalue mais je ne note pas les exercices d’entraînement (évaluation formative). Concernant les exercices finaux (évaluation sommative ou certificative), j’utilise des grilles d’évaluation à titre informatif, mais la note n’est pas mécaniquement calculée. Certes, la grille permet d’encadrer ma subjectivité (elle réduit l’influence de certains biais), mais je garde une autonomie de jugement dans la détermination de la note finale. Pour reprendre une formule d’Alice Keeler, la grille n’est pas l’enseignant, mais c’est l’enseignant qui décide la note selon l’apprentissage observé.
Ce qui est nécessaire du côté de G Suite (Google)
Il faut un ordinateur avec un navigateur (après la mise en place du tableur, on pourra aussi travailler avec un terminal mobile) et, pour accéder à Google Sheets, un compte Google personnel (G Suite) ou professionnel (G Suite for Education).
Préparation de la grille d’évaluation
Après avoir réfléchi à une grille de référence, il s’agit de la mettre en place dans un tableur, sur une feuille de calcul. Cet tableau contiendra les éléments évalués (connaissances et compétences), les niveaux de réussite et leurs descriptions.
Disposition horizontale ou verticale ?
- La disposition horizontale est classique et suffisante si l’on n’a pas besoin de multiplier les descriptions des niveaux de performance. C’est la disposition typique des rubrics de l’enseignement anglo-saxon, dont on trouve tant d’exemples en ligne.
- La disposition verticale convient davantage si l’on veut multiplier les niveaux de réussite ou si l’on veut varier ou nuancer les formulations des niveaux de réussite . On place alors les éléments évalués en têtes de colonnes, et les niveaux de réalisations dans les lignes : on peut ainsi étendre la liste à volonté.
La grille, comme le rappelle l’Université de Genève, est « un outil à géométrie variable : sa composition varie en fonction de vos objectifs, de vos préférences personnelles et de l’utilisation que vous souhaitez en faire ».
une grille de référence
Préparation de la feuille d’évaluation avec des listes déroulantes
Une nouvelle feuille de calcul permetra d’évaluer les élèves (on peut la placer sur un autre tableur, mais je n’explique pas ici comment opérer une telle liaison).
Dans la première colonne, on place les noms des élèves et dans les en-têtes des colonnes suivantes on place les éléments évalués.
On prépare ensuite les cellules pour leur permettre de recueillir les évaluations. L’astuce consiste à placer dans chacune d’elles une liste déroulante permettant la sélection rapide des niveaux de réussite. La démarche est expliquée dans cette aide générale : « Insérer une liste déroulante dans une cellule« .
N.B. : Il est ici préférable de choisir l’option « Liste créée à partir d’une plage ». La plage correspond aux cellules de grille de référence. Ainsi, toute modification en amont de la formulation des critères se reflètera automatiquement en aval dans les listes déroulantes (cela n’est pas possible avec l’option « Liste d’éléments »).
Évaluation des travaux à l’aide de la grille
Pour évaluer chaque élève, on peut alors sélectionner les items des listes déroulantes avec la souris ou directement au clavier (flèches et touche « entrée »).
Afin de rendre la présentation plus visuelle et les niveaux plus immédiatement lisibles, j’ai ajouté au début de chaque niveau de réussite des petits blocs noirs (caractères graphiques trouvés via copypastecharacter).
On peut aussi saisir ou copier-coller au fur et à mesure des commentaires spécifiques, soit en complément des descriptions typiques, soit dans le champ « remarques »
N.B. : dans la pratique, les mêmes remarques deviennent vite récurrentes, de sorte qu’après avoir évalué quelques travaux il est possible de copier-coller les éléments typiques, quitte à les adapter. On gagne alors vraiment du temps.
Communication des évaluations aux élèves
Pour communiquer les évaluations aux élèves, plusieurs solutions sont possibles. On peut les envoyer par courriels, les imprimer pour les distribuer on les déposer dans les dossiers ou les espaces des élèves. Pour cela, diverses solutions sont envisageables avec des modules complémentaires de Google sheets.
Avec des modules complémentaires de publipostage (Yet Another Mail Merge ou Autocrat)
Avec les modules complémentaires Yet Another Mail Merge (payant) ou Autocrat (gratuit), on peut générer et envoyer des courriels personnalisés aux élèves à partir des données des cellules de la feuille de calcul.
D’autres solutions de publipostage sont encore disponibles sur Google Sheets (comme Mail Merge with Attachments).
Avec le module complémentaire Save As Doc
C’est la solution gratuite la plus simple, mais avec des limitations dans l’automatisation de la mise en page.
Le module complémentaire Save As Doc convertit une feuille de calcul en un fichier texte (format Google Document). Après avoir lancé le module complémentaire (« Save As Doc > Start. »), il faut sélectionner les cellules que l’on veut convertir ou choisir « Select all data »), nommer le fichier de destination, régler les paramètres d’exportation, puis lancer Save as Doc.
Pour une même ligne de la feuille de calcul, chaque en-tête de colonne est converti en titre sous lequel vient se placer le contenu de chaque cellule correspondante. On obtient alors un document texte unique, avec des sauts de pages entre les élèves et que l’on peut imprimer. Après impression, on pourra distribuer à chaque élève la page qui lui correspond.
Avec le module complémentaire Autocrat
C’est la solution gratuite de loin la plus complète. Le module complémentaire Autocrat de Cloudlab permet de générer à la chaîne des documents personnalisés à partir des cellules d’une feuille de calcul (multi-purpose document merge tool), par un système très simple de marqueurs (merge tags) insérés dans un document modèle (template). En option, Autocrat permet aussi d’envoyer les documents (pdf ou Google Doc) en pièces jointes de courriels.
Si l’on veut imprimer les documents, le plus simple est de générer un document unique avec des sauts de pages entre chaque élève. Pour imprimer un grand nombre de documents individuels, il faudra d’abord les télécharger sur le disque dur de l’ordinateur, puis les sélectionner tous et demander l’impression en masse. On pourra ensuite distribuer à chaque élève la page qui lui correspond.
Si l’on choisit de produire des documents individuels, ont peut aussi les communiquer numériquement aux élèves avec des droits d’édition et de commentaires afin d’engager une conversation au sujet des évaluations. C’est la solution la plus intéressante pédagogiquement, et celle qui justife le mieux l’usage du numérique.
Exemples de documents remis aux élèves
Voici un exemple de modèle destiné à générer les feuilles d’évaluation à partir des éléments du tableur (les marqueurs entre <<>> correspondent aux contenus des cellules pour chaque ligne) :
Voici un exemple de feuille A4 remise à un élève avec son travail :
N.B. : Autocrat permet aussi d’insérer des images, ce qui pourrait être intéressant avec des badges (mais je n’ai pas encore exploré cette fonction).
François Jourde
Article initialement publié sur le site :