Quand la trace est le symptôme d’un traumatisme propre à la personne, elle fait partie du domaine de la psychologie. Quand elle est l’expression inachevée d’une connaissance, elle est d’ordre cognitive et fait partie du domaine de la pédagogie et de la didactique.
Cette distinction réduit le complexité de la pensée et devient opératoire quand cette trace est considérée comme porteuse de ces deux domaines qui se génèrent l’un l’autre et qui existent en tension l’un par rapport à l’autre.
Une réaction émotive à un « confetti numérique » peut être porteuse d’un souvenir traumatisant et d’une connaissance sur le fait évoqué.
Comment l’éducation peut-elle se saisir de ce phénomène qui résulte de faits sociaux provoqués par une industrialisation des canaux d’information ?
Cette action éducative a pour finalité de permettre à l‘humain d’exprimer ces traces mnésiques.
Du fait qu’elle touche au psychisme, elle est du domaine des sciences de la psychologie et de la clinique : les psychologues et les psychiatres garantissent le secret des énoncés qui engagent l’intégrité de la personne.
Elle est donc du domaine de spécialistes qui agissent suivant l’âge de l’apprenant.
Si cette prise en compte du stockage de traces d’informations brèves non formalisées par des professionnels liés au secret des discours exprimés est nécessaire, elle n’est pas suffisante ; elle doit s’accompagner de la formation de tous les acteurs qui font partie de l’environnement afin qu’ils sachent répondre aux situations quand ils y sont confrontés pour distinguer ce qu’ils peuvent traiter et ce qu’ils doivent savoir éluder ou en connaissance de cause aborder tout en se rapprochant des professionnels spécialistes.
Cet acte éducatif nécessaire est en dehors du champ de l’action pédagogique et didactique. Il la précède ou il est un recours lorsque l’action pédagogique[7] est perturbée par l’intrusion d’énoncés provocateurs ou de passages à l’acte physique en lien avec ces traces mnésiques.
Si cette action éducative de terrain[8] est nécessairement indépendante de tout pouvoir, la gouvernance publique de l’éducation doit en créer les cadres qui en rendent possible l’exercice mais ne peut en avoir le contrôle.
La gouvernance publique prend en compte la modification de l’environnement des apprenants qui dépend principalement de ses choix économiques et idéologiques. Elle est confrontée à la nécessité de trouver des ressources supplémentaires alors qu’elle adhère à la vision des promoteurs de l’industrialisation de l’information soutenant que celle-ci résoudrait les difficultés de la transmission des connaissances, la démocratisation de l’enseignement tout en favorisant la croissance économique.
Cette nécessité impérative qu’elle a créée concerne le domaine de l’éducation, elle est un préalable à l’utilisation des traces mnésiques cognitives dans le domaine pédagogique.
Ce stade du traitement des traces mnésiques concerne l’ensemble des acteurs de l’éducation et nécessite qu’il soit inclut dans l’organisation des établissements scolaires avec une fréquence qu’il faut définir suivant l’âge du public et suivant la progression de la prise de conscience de ce phénomène par ce public. La finalité en serait que le comportement induit par cette animation psychosociologique et clinique soit acquis[9]en fin de scolarité obligatoire.
Si la circulation rapide et brève d’informations est promue par des choix de la gouvernance politique, elle est rendue plus sophistiquée et plus contraignante par le développement des automates numériques que dans les périodes précédentes. Elle mérite donc un traitement éducatif qui donne au futur apprenant la capacité d’une prise de conscience sur les effets induits sur sa propre pensée et ses comportements.
L’éducation ne doit pas ignorer la dimension historique des utilisations des technologies de l’information et de la communication. Si elle fait les récits des progrès humains qu’elles apportèrent et des catastrophes humaines qu’elles causèrent, elle doit aussi donner à chacun la possibilité d’en appréhender les effets sur sa propre personne tant au niveau psychique que cognitif.
Organisation pédagogique et accueil des informations brèves.
Une fois que l’apprenant a pris conscience de ce qu’il peut évoquer publiquement et de ce qu’il reconnait comme une information cognitive, une organisation pédagogique peut se mettre en place.
C’est à dire un travail d’enseignant qui prend en compte les « confettis numériques» apportés par l’apprenant en y incluant les bribes entendues de « on dit ».
Dans son programme, l’organisation pédagogique inscrit la prise en compte des informations venues de l’extérieur que l’apprenant possède dans le domaine enseigné. Ces informations culturelles, certains disent naïves, de l’apprenant ont un effet sur les processus d’acquisition[10].
Elle incite à la réécriture de cette information brève à partir des connaissances acquises sous forme d’un message au nombre de caractères limités. Cette réécriture est un « confetti numérique » raisonné à diffuser sur les réseaux numériques.
Elle développe une communication horizontale entre les apprenants et entre les enseignants.
Quand les apprenants prennent connaissance de l’objet d’étude proposé et restituent les informations brèves qu’ils pensent s’y rattacher, leur énonciation individuelle est une ébauche de sémantisation. L’échange collectif en montre la diversité porteuse soit de consensus soit de dissensus. Un premier débat recherche l’origine des propositions qui sont faites et il a pour objectif de faire des tableaux synoptiques des sources qui en sont l’origine et de la culture qui en a permis la sémantisation.
Cette pratique pédagogique nécessite une qualification de l’enseignant en connaissance des domaines disciplinaires autre que le sien, en psychosociologie pour animer la recension des propositions, en culture générale pour établir les tableaux synoptiques.
La recension des différents contextes met en évidence la valeur spécifique et scientifique du contenu du cours par rapport aux propositions issues des « confettis numériques » et des « on dit » suscitées par le thème proposé. Elle donne du sens à la matière de l’enseignement par rapport aux autres propositions et elle prépare le temps de la didactique de la discipline académique.
http://www.educavox.fr/innovation/recherche/le-confetti-numerique-1-quelle-pedagogie
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[7] Fondation ITG, « Travailler autrement vers les nouvelles formes d’emploi : autonomie, mobilités, transitions : comment repenser le travail ». Colloque à l’ENA 2014.
[8] Exemples : www.cndp.fr/ecolenumerique/numero-2-decembre.../twitter- dans-lenseignement.html
eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/...enseignement/utiliser-twitter
www.reseau-canope.fr/.../cdi.../twitter-un.../utiliser-twitter-en-classe.html
Bertrand Formet, [janvier 2012]. Mots clés : twitter , réseau social , pratique de classe ... La charte d'usage est un autre passage obligatoire.
[9] Le fait le plus souvent constaté est un passage à un acte violent, réminiscence d’images non verbalisées, de bribes de discours ou même de situations vécues déniées.
[10] Ces deux temps furent expérimentés au collège de Thiviers par Bernard Lachaux, Professeur de lettres classiques, Ce temps n’était pas pendant les heures de cours. Il avait créé un espace physique et temporel pendant lequel élèves découvraient l’altérité et les caractères de chacun : le compte rendu de cette expérimentation montre la nécessaire approche en psychosociologie d’une telle animation,
Communication Expression in collection communication éducative, CNDP Crdp de Bordeaux 1980.
Ecole en Projet Alain Jeannel, réalisateur, scénariste ; Productrice déléguée, Michèle Jouhaud- Castro, FR3 Aquitaine. 1975
[11] Les propositions de l’inepes (N° 431 Mars 2015) sur « Développer les compétences psychosociales chez les enfants et chez les jeunes » sont distinctes de celle-ci bien qu’elles visent un objectif commun : elles ne distinguent pas éducation et pédagogie, elles ne travaillent pas sur la genèse des comportements mais directement sur le comportement.
Dernière modification le mercredi, 09 mai 2018