Certaines années, le thème du festival s’impose comme une évidence. Depuis la dernière édition le climat général est en feu, qu’on parle du thermomètre ou de la rue. Été caniculaire et démission de Nicolas Hulot, colère des gilets jaunes, scandales Cambridge Analytica, recul net des tolérances, tumulte sans fin du Brexit, réveil des Young for Climate : Futur.e.s 2019 s’est préparé tout l’hiver dans un contexte embrasé, un monde qui semble se défaire dans des tensions exacerbées.
Futur.e.s n’est pas un trade-show, et il nous a semblé impossible d’aligner les derniers smartphones, applications ou clouds en faisant comme si la technologie n’avait rien à voir avec le monde dans lequel elle se déploie. Comment allier numérique et écologie ? Comment prendre part au dessin de ces futurs technologiques qui semblent nous laisser sur le côté ? Comment protéger nos libertés sans renoncer à l’ouverture et la transparence promise par les réseaux ?
La liste de nos interrogations est plus longue que les conditions d’utilisations de WhatsApp, et plus personne n’a envie de les accepter sans broncher. Face aux climats brûlants, aux tweets assassins, aux inégalités enflammées par la trop rapide mutation vers un monde tout numérique, la dixième édition de Futur.e.s vous invite à échanger sur la manière dont nous, innovateurs, usagers, politiques, artistes, citoyens, nous pouvons faire société.
Ville durable, vous n'avez encore rien vu
En mai 2018, Cap Digital a absorbé Advancity, pôle de compétitivité de la ville durable, et repris ses missions pour ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire du pôle à la convergence des grandes transitions du XXIème siècle : la transition numérique et la transition écologique.
Reprenons : il y a dix ans, Cap Digital créait Futur.e.s pour montrer au grand public ce qu’était le numérique et créer le désir pour ces nouveaux produits et services. Aujourd’hui, les enjeux ont changé : il s’agit de continuer à innover tout en s’inscrivant dans la durabilité, donner une direction qui ait du sens à la transition numérique, et inversement apporter aux innovateurs de la ville durable les moyens de déploiement et d’accélération qu’offre le numérique.
On vous le jure, la ville durable n’est pas une énième résurrection de la smartcity. Passée au tamis exigeant du « faire société », elle prend tout de suite une autre ampleur. Au pluriel déjà : il s’agit de se pencher sur tous les territoires, du centre de Paris à « l’interland » entre les villes moyennes. Les 80 démos de Futur.e.s montreront aussi que le durable ne se cantonne pas à l’environnement, mais couvre l’accès à la santé, à la culture, l’art, l’information. Pour faire société, créer des villes durables revient enfin à pallier les inégalités de formation, d’embauche, et d’accompagner la mutation de bassins entiers d’emplois.
Dans durable il y a durée. Coïncidence ? Je ne crois pas
Pour innover à l’heure où la résilience pourrait bien remplacer le concept de croissance, il faut créer des événements tech qui ne rassemblent plus uniquement les wannabe licornes dopées à l’accélération, mais tous ceux qui pensent l’innovation de manière collaborative et dans la durée.
Futur.e.s s’ancre en juin au Mobilier national, où les artisans mettent des années à créer mobilier et tapisseries d’exception. Ce n’est pas si paradoxal. L’innovation ne va pas vite, la logique de marché nous a fait croire cela : il faut souvent des années de recherche, de prototypes, d’expérimentation pour innover. Le festival montrera l’innovation en train de se faire, et laissera comme chaque année une part égale à l’innovation en émergence, aux projets collaboratifs européens de R&D, aux jeunes innovateurs et innovatrices impatients de trouver des clients comme à ceux qui veulent surtout frotter leur prototype aux usages des 15 000 visiteurs attendus.
Faire société : alors qui lève la main ?
Si Futur.e.s pose cette question, c’est que Cap Digital porte en son collectif les moyens de s’y engager, de dépasser le simple vœu, et fait le pari que l’écosystème entier peut nourrir cette dynamique. Les mille membres du pôle sont le reflet d’autant de lieux et de modèles dont peut émerger l’innovation. Ils sont les premiers acteurs d’un futur où la croissance ne s’envisage plus sans responsabilité, et où les limites posées par la planète ne sont plus vues comme des règles à contourner mais comme des opportunités d’innover différemment.
Le festival aussi porte depuis plusieurs années la voix de modèles qui empruntent « les chemins de désir » hors des sentiers balisés par les nouveaux géants. Cette année encore, nous sommes heureux d’inviter des innovateurs et innovatrices venus d’autres « valleys », du Togo au Bangladesh, de la Haute Loire à la Seine-Saint-Denis, qui prennent en compte la pluralité des besoins pour y répondre avec une pluralité de pistes.
Et vous ? En dix ans, de nombreux événements tech sont venus rejoindre Futur.e.s sous le ciel chatoyant du numérique, mais aucun ne s’adresse aux citoyens comme le fait Futur.e.s. Le festival donne l’occasion de découvrir ce temps inconnu de l’innovation, celui du processus créatif, de s’éduquer pour choisir, nous propose de reprendre la main ou de co-construire nos vies numériques.
On a suffisamment rêvé de futur.e.s plus souhaitables : ils ne se feront pas sans nous.
Rendez-vous le 13 et le 14 juin au Mobilier national – Galerie des Gobelins et prenez vos billets.