L’art contemporain dans un lieu atypique
Miguel Chevalier s’est imposé internationalement comme l’un des précurseurs de l’art virtuel. Dans la continuité du cinétisme, il développe des outils numériques qui allient mouvements optiques et créations. Ses écritures sont constituées de pixels qui sont autant de touches picturales. Son atelier situé en Île-de-France est un laboratoire composé d’une équipe de trois personnes. L’artiste travaille sur des projets à partir de logiciels et d’innovations pointues. Miguel Chevalier invite à la découverte d’une expérience inédite dans un lieu très fréquenté à Rouen : « Le principe était de concevoir la patinoire comme une toile dynamique. L’art contemporain peut s’initier dans des lieux atypiques où on ne l’attend pas. »
Cette œuvre immersive et interactive fait fureur sur les réseaux sociaux depuis son inauguration le 24 février. C’est une des nombreuses propositions du Festival Normandie Impressionniste 2024 qui commencera le 22 mars avec cent-cinquante événements dans toute la Région Normandie pour les cent-cinquante ans de l’impressionnisme. Miguel Chevalier s’inscrit dans la modernité du courant impressionniste par son rapport à la lumière et l’immersion dans l’image. Sur la glace de la patinoire de Rouen, il apporte des touches vibrantes comme dans un atelier de lumières. L’ambiance kaléidoscopique offre soixante tableaux à la minute qui animent la scène, de la sobriété du noir et blanc à des couleurs plus psychédéliques.
Art, sport et nouvelles technologies
Les patineurs par leurs mouvements font vibrer les projections. Leurs chorégraphies transforment les images en renouvelant les motifs et les déclinaisons de lumières. L’expérience est amusante et plaît aux enfants et aux jeunes. La traversée des espaces apporte beaucoup de joie. Si les projections s’arrêtent un court instant, la patinoire devient terne. Quand les tableaux reprennent, il y a une acclamation car au-delà d’une œuvre populaire, Digital ParadICE enrichit le lieu et participe à l’ambiance ludique. Miguel Chevalier permet à chacun de s’approprier l’œuvre, également par la transmission de photos et de vidéos. Douze vidéoprojecteurs sont gérés par deux logiciels qui combinent de façon dynamique images, variations et tonalités. Les séquences évoluent en temps réel. Des caméras infrarouges détectent la présence des patineurs, l’idée est aussi de capter la vitesse et de générer des formes, du relief. L’univers est inspiré de micro-organismes : des « automates cellulaires » se développent, se transforment. Miguel Chevalier les a colorisés. Le côté kaléidoscopique rappelle les paradis artificiels et inspire le titre de l’œuvre.
C’est la première fois que Miguel Chevalier propose une œuvre d’une telle nature adaptée à l’espace d’une patinoire, 40 mètres sur 20 mètres. A ne pas en douter, elle va inspirer collectivités territoriales et artistes ! L’installation à la croisée de l’art, du sport et des nouvelles technologies est labellisée Olympiade Culturelle pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 - la Seine réunissant la Capitale et la ville de Rouen pour un programme festif, culturel et sportif.
Auteur : Fatma Alilate
Digital ParadICE de Miguel Chevalier - Patinoire Édith-Ballester, Rouen - Jusqu’au 3 mai 2024
Crédit photo : Digital ParadICE de Miguel Chevalier, patinoire Édith-Ballester à Rouen © Fatma Alilate