L’adolescence est une période charnière entre l’enfance et l’âge adulte lors de laquelle peuvent débuter des trajectoires d’usage de drogues.
L’alcool, le tabac et le cannabis sont les trois produits les plus consommés : huit jeunes de 17 ans sur dix ont expérimenté l’alcool, un sur deux a testé la cigarette et presque un sur trois le cannabis (OFDT, 2023). Or, à cet âge, la majorité des jeunes habitent encore au sein du domicile familial et peu affichent ouvertement leurs usages.
La plupart préfèrent les dissimuler afin de préserver leur « espace de la vie à soi » (Gaussot et Palierne, 2020), en particulier lorsqu’ils savent que l’aveu d’une consommation va contrevenir aux interdits parentaux.
C’est dans la perspective de documenter les représentations parentales de la consommation des jeunes que l’enquête sur les Attitudes, représentations, aspirations et motivations lors de l’initiation aux substances psychoactives (ARAMIS) s’est enrichie d’une deuxième édition (ARAMIS 2), afin d’approfondir les observations collectées entre 2014 et 2017 (Obradovic, 2017 ; Obradovic et Douchet, 2018 ; Obradovic, 2019 ; Obradovic et Douchet, 2019).
Celles-ci mettaient en lumière le rôle du contrôle parental dans la gestion des usages juvéniles, mais ne s’intéressaient pas directement au point de vue des parents.
Dans la continuité de la première édition, ARAMIS 2 a donc interrogé des parents de jeunes consommateurs sur les thématiques suivantes : quelles sont les stratégies parentales pour obtenir des informations ?
Comment les parents abordent-ils les usages de leur enfant quand ils en ont connaissance ?
Comment l’échelle de gravité perçue des risques varie-t-elle au regard de l’histoire familiale des consommations, de la catégorie sociale ou encore du genre ?
Les entretiens menés montrent la variété des stratégies parentales utilisées pour encadrer les usages de tabac ou de cannabis des adolescents.
Elles prennent sens au regard de la consommation de produits par les parents eux-mêmes, de leur position sociale, de la relation de confiance construite avec l’enfant et du sexe de l’adolescent.
L’attention des parents se focalise sur les risques sanitaires à long terme pour le tabac et sur les risques immédiats de la consommation pour le cannabis (risques judiciaires, d’accident de la route, crainte de mauvaises fréquentations, baisse des résultats scolaires).
L’appropriation des recommandations de santé publique et le recours au soin se retrouvent davantage dans les milieux favorisés. La consommation y est par ailleurs plus facilement relativisée dans les discours, dès lors qu’elle ne vient pas porter atteinte aux performances scolaires.
Le contrôle parental est plus strict chez les filles et le seuil d’alerte plus tardif chez les garçons.
L’expérience d’usage parentale influe sur le repérage, les arguments d’éducation à la consommation et la réception par l’enfant des discours tenus.