Il nous livre sa vision d’une mutation numérique, véritable métamorphose de l’école.
On croit par exemple qu’ad vitam aeternam, les élèves continueront à rejoindre tous les jours leur travail posté, leur établi dans les classes d’âge identique juxtaposées les unes aux autres dans des établissements architecturalemnt identiques, comme on allait à l’usine autrefois du temps de la France industrielle, ou au bureau du temps où les services administratifs ne pouvaient pas avoir l’idée qu’ils puissent être eux aussi dématérialisées et rendus en ligne..
Sans doute du fait d’une intériorisation poussée des contraintes et parce que nous pensons la théorie avant de penser la pratique, nous nous interdisons de formuler des utopies concrètes et donc forcément imparfaites, nécessaires à la métamorphose par touches, de notre système éducatif.
Une première piste raisonnablement utopique serait par exemple de promouvoir la classe inversée comme cela s’expérimente en Norvège. L’idée de base est simple. Ce sont les cours qui, sous une forme de vidéos et de didacticiels réalisés et/ou choisis par l’enseignant, sont donnés à découvrir et à apprendre en ligne aux élèves, à la maison ou pendant le temps des études en médiathèque, et ce sont les devoirs et les exercices qui sont faits en classe, en groupe ou individuellement, avec l’aide de l’enseignant. A elle seule, surtout si elle n’est pas systématisée, cette inversion introduit un autre rapport entre les enseignants et les élèves, entre le présentiel et la distance, entre les enseignants entre eux qui peuvent s’appuyer sur l’échange des ressources multimédia qu’ils ont créées et /ou assemblées, entre les élèves dont la collaboration peut être encouragée et organisée en classe, en ligne…Mais point d’inversion possible sans formation initiale et continue des enseignants à l’écriture multimédia, à la mise en scène et en ligne de leurs productions pédagogiques. Rien de possible bien sûr, sans matériels et réseaux adéquats.
Une deuxième piste plus utopique mais pas moins raisonnable pourrait être de se dire que la possibilité sera demain ouverte aux élèves d’être inscrits dans des classes coopératives, multi niveaux et hybrides car mixant l’enseignement en présentiel et à distance grâce à la mise en réseau des ressources, des outils pédagogiques et des méthodes d’évaluation et leur mobilisation pour baliser et former un parcours d’acquisitions et d’apprentissages centré sur chaque élève.
Concrètement et sans rentrer ici dans le détail, cela voudrait dire qu’une classe pourrait accueillir jusqu’à 150 élèves, être prise en charge par des équipes pédagogiques assurant des fonctions de cours traditionnels et/ou inversés, d’animation et de tutoring des apprentissages en présentiel et à distance, d’organisation des coopérations entre élèves en fonction de leurs acquis, d’évaluation collective au regard d’unités valeurs acquises personnellement (comme à l’université) et de son investissement dans la coopérative apprenante ainsi constituée.
Cela voudrait dire aussi pour l’enseignant, des temps de travail différenciés du fait de l’éclatement de son métier en plusieurs sous-métiers complémentaires, assurés en équipe, indifféremment en présentiel et en ligne : prof magistral, animateur et entraineur, co-évaluateur et co-gestionnaire.
Cela signifierait encore une refonte architecturale des établissements scolaires, la possibilité aussi de créer de nouveaux espaces scolaires plus petits, moins concentrationnaires, plus ouverts sur leur environnement, sur la vie sociale et économique de proximité.
Ce n’est pas moins que l’aménagement du territoire, les conditions de vie et de travail, les déplacements qui s’en trouveraient progressivement transformés tant dans les bassins de vie ruraux, péri-urbains qu’urbains.
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