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au parcours de découverte des métiers et des formations, lignes d’évolution

Article publié par Bernard Desclaux sur son blog EducPros
Avant dernière partie de mon intervention à Angers. Il s’agira d’indiquer malgré toutes les difficultés que j’ai soulevées dans les posts précédents, qu’une éducation à l’orientation sera nécessaire et possible dans le système éducatif.
L’évolution de la conception de l’orientation
 
Quel est le rôle de l’état en matière d’orientation ? Au début du XXème siècle, en France la conception de l’orientation supposait une action sur autrui pour son bien et celui de la société, c’est l’idée de cité juste, les savants assurant de la justesse et du bien fondé.
Quelques exemples de déclarations :
« Nous pensons que dans ce domaine, on peut faire beaucoup pour améliorer les rapports des ouvriers et des patrons et pour aider à la solution de la question ouvrière, en avertissant les enfants, dès l’école, des professions pour lesquelles ils sont les plus aptes et en diminuant ainsi, par cette prophylaxie professionnelle le nombre des sujets mal adaptés qui deviennent nécessairement des déclassés, des malheureux ou des insurgés » Alfred Binet 1908, créateur du test « Binet et Simon, premier test mondial sur l’intelligence.
« L’orientation professionnelle est l’ensemble des moyens qui tend à satisfaire l’aspiration commune à tous les nobles esprits vers un ordre social rationnel par la mise en valeur, à leur juste place, de toutes les personnalités humaines » M. Quillard, Inspecteur régional de I’enseignement technique – Congrès des classes moyennes -GAND- 6 août 1923.
« L’ensemble des méthodes rationnelles capables de réaliser l’harmonie de l’homme du métier en donnant à chacun la tâche qui lui convient le mieux physiquement, intellectuellement, moralement et économiquement » E. Herriot, homme politique, Président du Parti radical, plusieurs fois Président du Conseil dans les années 20, maire de Lyon où il crée en 1921 un office municipal d’orientation professionnelle.
« Donnons à l’adolescent toutes indications et directions utiles pour qu’il puisse exercer la profession qui doit le faire vivre, doit faire vivre, plus tard, les siens, doit faire progresser la collectivité à laquelle il appartient, tout en supprimant cette haine des ratés, des mécontents sociaux pour leur entourage, leur employeur, la société et aussi l’ordre social. » Julien Fontègne, co-fondateur de l’Institut National de l’Orientation Professionnelle, 1920
Aujourd’hui la conception du rôle de l’état dans ce domaine, va vers un principe de facilitation. Certains diront qu’il s’agit d’un monde libéral. Mais l’incertitude du monde qui va en s’amplifiant ne permet plus une conception « contrôlante ». La définition dans la Résolution Européenne du 27 mai 2004 déjà citée : « L’orientation est une série d’activités qui permettent aux citoyens, à tout âge et à tout moment de leur vie, de déterminer leurs capacités, leurs compétences et leurs intérêts, de prendre des décisions en matière d’éducation, de formation et d’emploi et de gérer leurs parcours de vie personnelle dans l’éducation et la formation, au travail et dans d’autres cadres où il est possible d’acquérir et/ou d’utiliser ses capacités et ses compétences. » reprend le éléments de la définition de la Conférence PETRA, Rome, novembre 1994 : l’orientation est « « un processus continu d’appui aux personnes tout au long de leur vie pour qu’elles élaborent et mettent en oeuvre leur projet personnel et professionnel en clarifiant leurs aspirations et leurs compétences par l’information et le conseil sur les réalités du travail, l’évolution des métiers et professions, du marché de l’emploi, des réalités économiques et de l’offre de formation ».
Ceci suppose une éducation des futurs membres de la société leur permettant d’être capables d’utiliser ces types de services.
Nous passons d’une orientation des personnes à l’aide à l’orientation des personnes.

L’évolution du système éducatif
 
Tout comme l’organisation du travail relève d’une conception en silos (voir post précédent), celle des études l’est également. Une formation est un « paquet cadeau » qu’il faut suivre en totalité. On choisit un menu, on ne choisit pas sa formation à la carte. Le diplôme, professionnel ou général vient valider un parcours obligatoire. De même une critique portée au « collège unique », c’est cette soi-disant imposition d’un même parcours identique pour tous.
D’autres conceptions de l’organisation des études sont possibles, basées sur la notion de module, permettant à chacun de combiner les différents éléments. A l’origine, la réforme du LMD devait introduire cette conception dans le monde universitaire, mais… les silos sont durs à s’affaisser.
Mais reste que l’on peut s’interroger sur la possible résistance encore longtemps du modèle tubulaire. Ce modèle de l’imposition sous sa forme actuelle, peut-il perdurer dans un monde aussi peu stable et qui nécessite des capacités d’adaptation ?
 

L’autonomie de l’élève, de l’apprenant
 
De nouvelles formes pédagogiques apparaissent petit à petit, tel que les TPE qui supposent et favorisent autonomie de l’élève, mais également des coopérations entre élèves et entre enseignants. Mais est-ce suffisant pour développer des attitudes de confiance ? Voir le livre de Yann Algan, Pierre Cahuc, André Zylberberg, La fabrique de la défiance… et comment en sortir- Essai. Albin Michel, 2012.
La numérisation des ressources et leur accessibilité nécessite une éducation au numérique, et transformera sans doute la relation pédagogique (voir mon article sur Educavox : Le numérique, l’intermédiaire et la collaboration).
Enfin, il faudra suivre les effets du développement des MOOC dans l’enseignement supérieur. Si cette modalité de formation se généralisait, alors le futur étudiant devra être particulièrement autonome pour analyser les offres de formation, choisir sa « carte », et se maintenir en état de travail de formation en dehors d’un encadrement physique au sein d’une université ou d’une école. Les objectifs éducatifs du secondaire en seront impactés nécessairement.
Je fais donc l’hypothèse qu’une éducation à l’orientation sera non seulement nécessaire, mais également possible par les évolutions de fonctionnement que je viens d’indiquer.
Je terminerai dans un prochain post par les évolutions envisagées par la future loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République.
Bernard Desclaux
Dernière modification le mardi, 02 septembre 2014
Desclaux Bernard

Conseiller d’orientation depuis 1978 (académie de Créteil puis de Versailles), directeur de CIO à partir de 90, je me suis très vite intéressé à la formation des personnels de l’Education nationale. A partir de la page de mon site ( http://bdesclaux.jimdo.com/qui-suis-je/ ) vous trouverez une bio détaillée ainsi que la liste de mes publications.
J’ai réalisé et organisé de nombreuses formations dans le cadre de la formation continue pour les COP, , les professeurs principaux, les professeurs documentalistes, les chefs d’établissement, ainsi que des formations de formateurs et des formations sur site. Dans le cadre de la formation initiale, depuis la création des IUFM j’ai organisé la formation à l’orientation pour les enseignants dans l’académie de Versailles. Mes supports de formation sont installés sur mon site.
Au début des années 2000 j’ai participé à l’organisation de deux colloques :
  • le colloque de l’AIOSP (association internationale de l’orientation scolaire et professionnelle) en septembre 2001. Edition des actes sous la forme d’un cd-rom.
  • les 75 ans de l’INETOP (Institut national d’étude du travail et d’orientation professionnelle). Edition des actes avec Remy Guerrier n° Hors-série de l’Orientation scolaire et professionnelle, juillet 2005/vol. 34, Actes du colloque : Orientation, passé, présent, avenir, INETOP-CNAM, Paris, 18-20 décembre 2003. Publication dans ce numéro de « Commentaires aux articles extraits des revues BINOP et OSP » pp. 467-490 et les articles sélectionnés, pp. 491-673
Retraité depuis 2008, je poursuis ma collaboration de formateur à l’ESEN (Ecole supérieure de l’éducation nationale) pour la formation des directeurs de CIO, ainsi que ma réflexion sur l’organisation de l’orientation, du système éducatif et des méthodes de formation. Ce blog me permettra de partager ces réflexions à un moment où se préparent de profonds changements dans le domaine de l’orientation en France.
Après avoir vécu et travaillé en région parisienne, je me trouve auprès de ma femme installée depuis plusieurs années près d’Avignon. J’y ai repris une ancienne activité, le sumi-e. J’ai installé mes dernières peintures sur Flikcr à l’adresse suivante : http://www.flickr.com/photos/bdesclaux/ .