Une série de réformes depuis 2005
La LOI n° 2005-380 d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école ouvre cette séquence le 23 avril 2005. Elle vient modifier et compléter la loi de 1989 dite Jospin. On peut bien sur la consulter sur Legifrance. L’une des nouveautés importante pour le propos est sans conteste le socle commun de connaissances et de compétences qui devient l’objectif de l’enseignement obligatoire et qui doit être acquis par l’ensemble des élèves à l’issue du collège. En particulier deux compétences sont à mettre en rapport avec une éducation à l’orientation : la compétence 6 (compétences sociales et civiques) et la compétence 7 (autonomie et initiative).
A la rentrée 2005 sont créés les modules et options découverte professionnelle. Il s’agit d’un module de 6 heures et d’une option facultative de 3 heures. Mais les objectifs, les publics et les contenus sont différents. Pour le module il s’agit d’une préparation à rentrer dans une formation professionnelle, qu’elle soit à plein temps ou par l’apprentissage. L’option est conçue officiellement comme ayant un but « culturel ». Cela dit, cette option sera aussi conseillée aux élèves sortant de quatrième avec quelques difficultés. Voir la présentation sur Eduscol .
Du côté du lycée, l’affectation dans l’enseignement supérieur est désormais prise en charge par une application informatique dans toutes les académies. Depuis très longtemps, les grosses académies avaient mis en place ce type de système. Il se trouve généralisé : APB , affectation post-bac. Le ministère ajoute à ce dispositif l’organisation d’un accompagnement des élèves : l’orientation active. Les enseignants de lycée et les Universités sont invités à rentrer dans une démarche de conseil et d’accompagnement des lycéens afin de leur permettre de formuler leurs choix dans APB.
La réforme du lycée en 2010 généralise l’accompagnement personnalisé qui avait été installé au collège. Pour une présentation détaillée, voir sur le site de l’ESEN : la page. Elle introduit également un assouplissement des procédures d’orientation par le décret n° 2010-100 du 27-1-2010 – J.O. du 28-1-2010 (NOR > MENE0929872D). J’en ai fait une présentation critique dans un post intitulé : L’orientation au lycée, réforme nationale ou locale ?
C’est donc dans ce contexte français que la circulaire instaurant le Parcours de découverte des métiers et des formations (pdmf) est publiée en août 2008.
Le contexte européen
Le conseil de l’Union européenne est présidé par la France en 2008, et sous l’impulsion de celle-ci une nouvelle résolution poursuit la politique dite de Lisbonne. Elle est intitulée :
Elle recommande notamment aux États membres de « favoriser l’acquisition de la capacité à s’orienter tout au long de la vie ».
Et dans la suite, le ministère Darcos lança le parcours de découverte des métiers et des formations. Ses objectifs sont :
- identifier le lien entre son travail scolaire du moment et l’itinéraire de formation qu’il construit,
- ouvrir son horizon personnel au-delà des seules représentations des métiers et des formations rencontrées dans la famille ou le quartier,
- étayer son ambition individuelle par une familiarité acquise avec le système de formation,
- construire des connaissances et des attitudes actives pour préparer ses choix, à l’occasion des périodes de transition – scolaires mais aussi professionnelles pour tout le long de la vie – de sorte de les fonder sur des bases aussi solides que possible.
La résolution européenne avait également impulsé la nécessité de mettre en place un service d’orientation pour les personnes. Sur ce point voir mon post « Où en sont les recommandations européennes ? ».
La comparaison eao/pdmf
Au moins trois aspects se retrouvent dans les deux conceptions. Dans les deux cas, l’ensemble des enseignants est impliqué, et l’organisation relève du projet d’établissement. De même, les conseillers d’orientation-psychologues sont invités à développer un rôle de conseiller technique auprès de l’établissement et des équipes pédagogiques.
Deux tendances du pdmf sont à remarquer. Il y a une forte réduction de la composante « psychologisante » au moins dans la formulation. Par ailleurs, il y a un développement plus intense du partenariat avec l’environnement de l’établissement. Les entreprises, les organisations professionnelles, les collectivités territoriales participent de plus en plus aux actions « pdmf ».
Cette fois-ci, (au contraire de la rédaction de celle pour l’éducation à l’orientation) le bureau de l’orientation du ministère fut très impliqué dans l’écriture de la circulaire. Un point important fut obtenu : considérer que les activités du pdmf concouraient explicitement à l’acquisition des compétences du socle. Ceci a permis à l’ONISEP de développer le web-classeur qui a la double fonction de mémoire personnelle pour l’élève et de support pour l’évaluation des compétences concernées.
Enfin, une partie du pdmf s’inscrit dans un dispositif temporel officiel : l’accompagnement personnalisé. Avantage bien sûr, mais désavantage en période de restriction de la DGH. Les établissements touchés ont le plus souvent supprimé l’accompagnement personnalisé.
Les Cahiers pédagogiques viennent de publier le numéro 504 : Le sens de l’orientation (Coordonné par Florence Daniaud et Dominique Brosseau) – mars 2013. J’étais invité à en faire la « relecture » et écrivais p. 55 :
« Au sein de l’éducation nationale, l’implication des acteurs reste semble-t-il une affaire personnelle. Certes, de plus en plus d’enseignants, et pas seulement lorsqu’ils ont la fonction de professeur principal, s’engagent dans des activités d’accompagnement de l’orientation. On trouve également des professeurs documentalistes et des conseillers principaux d’éducation (CPE). Des conseillers d’orientation-psychologues (COP) participent également au PDMF (parcours de découverte des métiers et des formations) en particulier au collège. Mais, et cela y compris dans les articles portant sur ce thème dans le présent numéro, on voit bien qu’il s’agit d’une activité menée individuellement ou au sein d’une petite équipe d’enseignants « volontaires ». Nous sommes encore très loin d’une participation de « tous », coordonnée dans un projet commun et un programme élaborés, et votés en conseil d’administration. Cette participation n’est pas encore considérée comme « normale », comme faisant partie des fonctions d’un enseignant ou d’un acteur de l’éducation nationale. »
Bernard Desclaux
Crédit photo : JRB B. Desclaux au forum Educavox 2013
Dernière modification le mardi, 02 septembre 2014