fil-educavox-color1

Voilà un sujet qui me hante depuis mes débuts (1994) comme enseignant.

Une conviction certes puisque je crois fermement en cette équation. J’y ai toujours cru d’ailleurs même si à mes débuts comme enseignant, à écouter les autres plus « expérimentées », j’ai douté le bref instant d’une session : que St-Jean Baptiste de La Salle me pardonne ! Je suis donc très satisfait d’avoir conforté cette croyance depuis quelques années.

Comme l’indique, au sens large, l’étymologie latine du mot (e-ducere), éduquer les autres c’est tirer de l’apprenant des actes personnels et libresRéfléchir est un acte personnel et libre, travailler est un acte personnel et libre, construire son savoir est aussi un acte personnel et libre. N’est-ce pas ce que nous cherchons dans nos nouvelles pédagogies actives de l’enseignement : faire réfléchir, faire travailler et aider à construire son savoir  ? Et donc nous éduquons, c’est très manifeste.

L’équation enseigner = éduquer ne date pourtant pas d’hier. D’abord nous la retrouvons clairement dans le Rapport de la Commission royale d’enquête sur l’enseignement, 1963, vol 1 ; mais aussi dans le Rapport Annuel 2000-2001 du Conseil Supérieur de l’éducation. On en retrouve même des traces importantes dans la pédagogie Salésienne de Don Bosco, et cela dès le milieu du 19ième siècle : 

« L’apprentissage se fait au sein des groupes de jeunes dans leurs « divers milieux », et pas uniquement dans un local de classe. Ils y apprennent le sens de la vie et...l’école doit être consciente qu’il (l’enseignant) est éducateurquelle que soit sa tâche. Le génie de Don Bosco consistait dans le fait qu’il faisait de toute expérience, autant négative que positive, une expérience éducative.

Pourquoi donc alors, en 2012, des enseignants se refusent-ils à ce rôle d’éducateur ? Deux (2) réponses :

1. Parce qu’éduquer implique une relation humaine plus intense qu’enseigner et ce, sans que la relation pédagogique de l’enseignement ne se confonde avec la relation éducative. Cela exige un doigté que plusieurs ne possèdent peut-être pas. Pourtant, la relation pédagogique s’installe beaucoup mieux si la relation éducative est confortée et solide. Non ?

2. Aussi parce que si l’apprenant pose des questions dans le cadre de la relation pédagogique, les réponses sont inscrites dans le programme et relativement facile pour qui maîtrise son contenu. Par contre, si les questions sont dans le cadre de la relation éducative, les réponses ne sont pas si certaines, claires et faciles.

La relation éducative serait-elle plus facile à l’aube de la cinquantaine ? Cette équation est-elle plus facile à accepter avec l’expérience ?

Je crois que oui