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La journée du 29 août 2017 de l’université d’ACIDD, dont l’objectif est la Communication et l’Information sur le Développement Durable débute par une séance de prise de conscience de soi tant au niveau physique que spirituel : silence des participants seulement interrompu par un rappel empathique de la finalité de cet exercice par l’animatrice.

Ce temps d’une durée de vingt minutes permet que chacun embarqué dans le monde des transitions liées aux évolutions technologiques plus particulièrement celle du numérique traitées au cours des conférences du premier jour reprenne conscience de lui-même.

Ce temps apaisé précédait le plus souvent les cessions du temps scolaire : temps de bienveillance, de prise de conscience de sa valeur humaine avant la confrontation avec les techniques d’apprentissage.

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Il correspond donc bien à « lost in transition »  quand les générations contemporaines embarquées dans l’usage des technologies doivent prendre conscience du temps et de l’espace nécessaire à une prise de conscience de soi et de l’humain.

Après ce moment collectif et un temps d’échanges inter -individuels autour d’un café, les participants  choisissent un groupe de travail.

L’organisation fait en sorte que chaque unité profite d’une animation, d’un guide comprenant des mots balises, des enjeux, des défis à relever, des propositions livrables et d’un guide du modérateur/animateur. Ainsi se met en place un modèle de dynamique de groupe qui permettra au « pilote » de faire des recommandations au promoteur de cette université d’été.

Parmi les 5 propositions, je me suis intégré au groupe 4.

" La haute qualité de vie, comme projet pour Bordeaux Métropole ? "

Chaque groupe ayant un représentant de l’ACIDD pour établir avec le pilote un compte rendu objectif, je propose de  faire part de quelques réflexions subjectives.

L’organisation et l’animation reprenant les techniques psychosociologiques de passage du moyen groupe en petits groupes puis de retour au collectif permirent à chacun de s’exprimer. Les mises en commun par l’utilisation de post-it et de leur regroupement par items suivant la méthode de André de Perretti mit en évidence les grandes tendances de l’approche de la question par les membres du groupe.

1. Y-a-t-il rupture ou transition ?

Les nouveaux faits sociaux et technologiques créent – ils des ruptures dans les modes de vie ? Existent-ils des perceptions différentes de la rupture ou de la transition entre mondial et local ?  La mondialisation telle que Jean Michel Saussois la traite dans Capitalisme sans répit (éditions LA DISPUTE, 2006) et la circulation des traditions locales dans Ce qui nous lie,  film de Cédric Klapisch 2016 peuvent représenter l’un la rupture, l’autre la transition.

2. Comment se manifestent les rapports entre les territoires  humains, administratifs et géographiques dans le cadre du développement durable?

  • 2-1. Existe-il une possible complémentarité entre l’urbain et le rural ?
  • 2-2.  Que signifie d’effectuer des jumelages qu’ils soient nationaux ou internationaux ? La discussion fait apparaître qu’il faut dépasser le thème du culturel pour que le jumelage prenne un sens comme fait économique, social, humain, environnemental…
  • 2-3. Accepter la résilience liée au territoire, quelles conséquences ? Faut-il traiter des apports des faits de mémoire dans les situations contemporaines qui apparaissent les exclure pour les intégrer au dynamisme du territoire ? Reprenant la réflexion sur le jumelage,  est-il nécessaire de dépasser les aspects culturels et historiques dans la prise en compte de la résilience?
  • 2-4.  La qualité de vie fut abordée dans ce cadre en considérant que suivant le territoire dont la personne est issue la représentation de la qualité de vie est différente de celle d’une autre origine : il y a des qualités de vie.
  • 2-5. La résilience, comme représentation  d’un territoire par une population exogène doit-elle être prise en compte ? Offrir à la population de quartiers dits défavorisés d’une ville la possibilité d’accueillir chez eux les accompagnants de malades pris en charge dans l’hôpital du secteur fut proposé comme exemple.
  • 2-6.  La question des populations nomades temporaires et des populations nomades : leur insertion dans le territoire nécessite de prendre en compte la notion de temporalité.

3. La prise en compte de l’aspect générationnel fut abordé dans les domaines qui suivent.

  • 3-1. L’importance de faire des « décrocheurs » des « persévérants » ne se traitent pas simplement au niveau scolaire mais aussi à celui des adultes qui décrochent au cours de leur vie privée et professionnelle ( Thierry Berthet, Joël Zaffran (dir.), Le décrochage scolaire. Enjeux, acteurs et politiques de lutte contre la déscolarisation, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Le sens social », 2014 ; Jean Claude Gillet, formation à l’animation, agir et savoir l’Hamattan 1998).
  • 3-2. Créer des liens entre les jeunes diplômés qui choisissent le secteur public et ceux qui choisissent le secteur privé.
  • 3-3. Les relations intergénérationnelles peuvent-elles être créatrices de dynamisme dans la vie de la cité ? Des jeunes créent entre eux un réseau d’information sur les difficultés de personnes âgées ou d’adultes pour que le jeune le plus proche leur porte assistance et un jeune vient aider un adulte ou un personne âgée pour utiliser son ordinateur.

Ces deux exemples ont provoqué un débat entre la nécessité de créer des filtres contrôlés par un responsable pour éviter toute pratique déviante et l’assurance que les automates numériques suffisent.

4. La prise de décision et la mise en œuvre du projet introduisent la notion de  gouvernance.

  • 4-1. " Gouverner c’est géré la complexité " propose un participant.

La difficulté réside dans le fait que souvent sont confondus les aspects compliqués d’un projet, soit un empilement de procédures avec l’analyse de la situation en reconnaissant qu’elle présente les caractéristiques de la pensée complexe d’Edgar Morin.

Le Développement Durable nécessite une analyse de sa complexité puisqu’il touche tous les secteurs comme les ont énumérés les intervenants en fonction de leur centre d’intérêt  tandis qu’au plan stratégique un schéma regroupe les objectifs concordant sans multiplier  les procédures.

  • 4-2. Les publics concernés par la gouvernance se divisent-ils en trois catégories, les élus acteurs de la décision, les acteurs qui sont les forces de proposition et d’exécution, les publics concernés force de proposition et  expert de l’usage ? Ces propositions mériteraient d’être approfondies et débattues autour de deux thèmes abordés : engagement individuel/responsabilité individuelle et fournir des outils /reconnaître la place de l’outil.
  • 4-3. La gestion du projet nécessite  de trouver les ressources nécessaires à sa réalisation :

Articulation entre les ressources publiques et les ressources privées.

Aspect juridique des structures mises en place pour la réalisation du projet en organisant les ressources disponibles.

Prise en compte comme ressource rentrant dans le budget les apports des bénévoles.

L’enrichissement de ces notes viendra des actes de « la 15ème université ACIDD Lost in Transition le temps des possibles ». Je remercie les organisateurs et les animateurs des ateliers d’avoir permis une mise en commun de points de vue exprimés par des professionnels appartenant à des secteurs diversifiés dans une ambiance conviviale.

Professeur Alain Jeannel participant invité, membre du Comité d’Administration de l'An@é,

Association Nationale des Acteurs de l’Ecole. 6 septembre 2017.

Dernière modification le vendredi, 22 septembre 2017
Jeannel Alain

Professeur honoraire de l'Université de Bordeaux. Producteur-réalisateur. Chercheur associé au Centre Régional Associé au Céreq intégré au Centre Emile Durkheim. Membre du Conseil d’Administration de l’An@é.