• La nouvelle loi 2005-102 sur le handicap, a rajouté dans le titre I du statut gé, le fait que, désormais, l’Etat a obligation de prendre les « mesures appropriées pour permettre aux travailleurs [handicapés] d’accéder à un emploi, ou de conserver un emploi correspondant à leur qualification, de l’exercer, d’y progresser, ou, pour qu’une formation adaptée à leurs besoins leur soit dispensée, sous réserve que les charges consécutives à la mise en œuvre de ces mesures ne soient pas disproportionnées, notamment compte tenu des aides qui peuvent compenser en tout ou en partie les dépenses supportées par l’employeur ». (L.83-634, art.6 sexies, ajouté par la Loi 2005-102, art.31-2°).
• Ainsi, la loi apporte aux travailleurs handicapés une protection : on dit que ces derniers sont Bénéficiaires de l’Obligation d’Emploi (BOE : L.323-1 du code du travail), c'est-à-dire que l’Etat doit faire le nécessaire pour recruter davantage de handicapés (La loi fixe un taux de 6%, un handicapé peut ainsi être recruté sans concours, cf. D.95-979) et pour maintenir dans l’emploi, ses agents handicapés.( http://aideauxprofs.org/index.asp?affiche=News_Display.asp&ArticleID=2670)
Courses de chevaux, recherche d’un juste équilibre, d’une égalité compensant les différences, je découvre la définition ou plutôt l’étymologie du mot « handicap ».
Étymol. et Hist. 1. 1827 « course dans laquelle on égalise les chances des concurrents en répartissant des désavantages proportionnés à la force des chevaux » (T. Bryon, Manuel de l’amateur des courses, Avertissement, p. 49 ds Mack. t. 1, p. 206), d’où 2. a) 1892 « moyen par lequel on désavantage des concurrents pour égaliser les chances de tous » handicap de poids (Baudry de Saunier, Cycl., p. 407); b) 1924 « désavantage, défaut ou point faible » (Du Bos, loc. cit.). Empr. à l’angl.handicap, attesté dep. 1754 comme terme désignant des courses de chevaux qui, à l’orig., étaient organisées sur le modèle d’un jeu dans lequel on proposait des sommes destinées à égaliser la valeur d’objets d’échange et où la mise était déposée dans une coiffure (angl.cap « casquette, bonnet, toque »), handicap étant prob. une contraction dehand in the cap « main dans le chapeau » (cf. NED, s.v.).
Je retiens encore : moyen par lequel on désavantage des concurrents plus puissants pour égaliser les chances de tous, et notamment de ceux qui sont moins forts. Logique des moyens, calcul des profits et jeu. Ainsi le handicap serait à l’origine une compensation pour réduire la différence. Le handicap serait un rééquilibrage. Un acte de justice…dans la sphère de l’économie : redistribution des parts de façon équitable. Ainsi associe-t-on le handicapé d’abord à la sphère économique, au jeu de la concurrence. Sera handicapé celui qui a des chances de gagner une compétition. Le handicap relève de la valeur d’échange et surtout du principe d’équité.
Il s’agit de bien saisir le sens de cette égalité (qu’on retrouve dans l’égalité des chances). À travail égal salaire égal entend-on. Il faut comprendre que les inégalités demeurent en l’occurrence pour des activités différentes. Le mot égalité plaît. En fait cette égalité est « principe d’équité ».
Rawls propose une méthode pour établir des principes de justice légitimes, qu’il appelle la « position d’origine » ou « voile d’ignorance ». Rawls postule que les individus sont égoïstes, ce qui implique que l’individu choisira ce qui semble avantageux pour lui. Or puisque les individus sont rationnels, ils ne voudraient pas être victimes de discrimination. Donc, les principes seront opposés à toute forme de discrimination. De même, une personne rationnelle ne voudrait pas appartenir à une génération dont les ressources sont inférieures à la précédente. Ils défendraient donc le principe suivant : “Chaque génération doit disposer de ressources à peu près égales”. Cette expérience permet donc d’améliorer le sort des défavorisés puisque chacun imagine pouvoir l’être.
Ainsi qui dit Handicap dit redistribution ou compensation…donc justice, mais pas égalité.
La loi du 11 février 2005 « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». Qu’il s’agisse d’environnement physique, éducatif, social, culturel, technologique, etc, cette question traverse ainsi de part en part la société, dont elle interroge la capacité, d’une part, à inventer des réponses ajustées à des besoins spécifiques et, d’autre part, à articuler le divers et le commun, le singulier et l’universel, le divers et le commun. En effet, ce qui caractérise, paradoxalement, la problématique du handicap, c’est sa signification d’universalité.
La question demeure ouverte de trouver le « critère » de cette compensation, compte-tenu de la diversité des situations et de l'insuffisance de la position de Rawls.
Quand le politique fait défaut, l’économique submerge tout…les hommes en premier.
Etre handicapé c’est rencontrer sa propre singularité, apprendre à se connaître pas seulement pour surmonter ce qu’au début on perçoit comme une faille, du fait des valeurs communes et des normes qui y sont rattachées. C’est devoir se créer une nouvelle perception de soi, des autres, du monde…
C’est une nouvelle expérience…un plus qui nous gêne au début certes, mais comme disait Diderot, si nous n’avions pas d’yeux…eh bien la morale n’existerait pas….
Le handicap ouvre à un autre monde : il n’est pas rupture définitive…il est reconstruction de soi, création de soi.
N’en restons pas à la logique de l’économique. Il faut intégrer d'autres valeurs à la compensation.
Dernière modification le vendredi, 15 mai 2015