L’absence de pédagogie de la réforme a sans doute été l’une des raisons majeures de l’échec et de l’abandon de la loi d’orientation de 1989 (loi Jospin). C’était pourtant une loi refondatrice à bien des égards. Elle osait même quelques ruptures quant à la place de l’élève, au travail d’équipe des enseignants, à l’évaluation, à l’ouverture de l’école avec les contrats éducatifs locaux.
A l’évidence, aucune leçon n’a été tirée de cette période de l’histoire de l’école. Tous les discours officiels et tous les rapports indiquaient pourtant que tout allait bien dans le meilleur des mondes, que la révolution était en marche, que l’encadrement était efficace, que les résultats seraient à la hauteur des espoirs et des volontés.
Las, en 2002, la loi était balayée d’un revers de main sans évaluation et sans une larme. Elle a été enterrée discrètement et on n’ose plus l’évoquer, même pas chez les amis de ses concepteurs.
Apparemment, nous sommes partis sur le même chemin.
On prétend conduire le changement sans changer la conduite.
Même fonctionnement pyramidal autoritaire sans mobilisation de la base. Même système d’inspection sur les mêmes bases. Même évaluations toujours exigées pour un illusoire pilotage par les résultats sans se mobiliser sur les pratiques qui les produisent. Mêmes programmes durant 4 ans au moins indiquant qu’ils seraient compatibles avec une refondation et donc, pourquoi en changer ? Même climat dans les écoles avec les mêmes pressions, une ignorance de la réalité des charges de travail cumulées, une impasse sur le besoin d’accompagnement non hiérarchique… Rien pour donner de l’enthousiasme.
Pour moi, il est impossible de conduire le changement sans changer la conduite. Et il commence à être trop tard pour le faire.
Et pour vous ?
Publié sur le blog de P Frackowiak
Dernière modification le mardi, 21 avril 2015