Je vous partage quelques impressions d’abord comme parent, avant d’amorcer mon analyse en tant qu’intervenant actif en éducation.
Inscription et choix de cours : relevés de son ancienne école, paperasse habituelle à remplir, preuve de résidence, etc. Bon, les cours qu’elle aimerait ? Musique et Multimédia ? Euh, on ne saura pas avant d’avoir complété les regroupements par classe; enfin, elle est chanceuse, elle suivra un des deux cours demandés, en plus des cours obligatoires au régime (je déteste ce terme, dans ce contexte). Une grosse année d’examens obligatoires du ministère. Ah ouin ?! *Soupir*. Mais sympa, le conseiller en orientation. Pour les 8 minutes où j’avais son attention. Bon, la liste de fournitures scolaires à acheter. Oh, et les uniformes obligatoires? Ouf, négociation sur fond de mode adolescente, je passe le test, c’est plutôt des vêtements cool…
Bureau en Gros : y’a gros de monde ! Feuilles, cahiers Canada, set de géométrie (pas celui-là, l’autre à côté, papa), feuilles, cahiers, dictionnaires, feuilles, séparateurs, crayons, effaces, surligneurs 5 couleurs, feuilles… Sessions de massothérapie en vue pour une ado au dos amoché par la lourdeur d’un sac-à-dos disproportionné… Aucun indice d’usage de tablettes ou de mobiles à l’école. Si. Une affiche : cellulaires pas permis. *Re-soupir*. Et le chèque pour 100$ couvrant cadenas, casier et autres, requis au Jour 1 ? Check.
Cette impression de déjà vu, d’avoir exécuté ces tâches parentales pour une n ième fois (21eannée consécutive où j’ai un enfant qui commence l’école; pas des redoubleurs, juste séparés en âge :-). Oui, le contexte est particulier et nouveau cette année. Mais peut-être pas autant que cela. L’organisation qu’est une école roule, administre, dirige, assigne, requiert, gère, organise. Mais en quelque part, on a perdu de vue son élément le plus essentiel : le jeune. Des gens attentionnés, certes, mais avec un aura d’un automne chaud sur le front politique québécois (aus-thé-rité, quelqu’un?) et SURTOUT une mécanique bien établie de comment faire l’école en ce début d’année. Une mécanique. Mécanique. (…!)
Je reste confiant : les gens de l’école sont gentils, le site est superbe, et j’évite les bouchons de circulation. Il reste toutefois que cette école est représentative de ô combien d’écoles secondaires d’ici et d’ailleurs qui opèrent leur mécanique (…!) à partir d’un référentiel archaïque de l’institution scolaire, pas loin de celle imaginée par le Committee of Ten, de Harvard, dans les années 1890. Pas 1990. 1890. Matières, horaires, cloches, rangs d’oignons, examens officiels, papier. Beaucoup de papier (merci Bureau en Gros).
Et si on l’imaginait autrement, cette école ?
En parallèle, je poursuis ma veille stratégique en ligne. Les premiers jours de classe foisonnent de tweets et de statuts Facebook d’enseignants heureux de retourner en classe. Ils ont le cœur à la bonne place. J’en suis convaincu ! Et puis, vlan ! Des bijoux (tweets et liens) qui m’ont poussé à rédiger ce billet. Il ne m’en faut pas plus pour commencer à écrire.
D’abord, l’excellente sketchnoteure Sylvia Duckworth qui, en une illustration, invite tous les enseignants à essayer quelque chose de nouveau cette année :
Comme je le tweetais, oui, 15 choses, commencez avec une. Mais commencez ! Imaginez l’implication profonde de telles initiatives qui débordent de la salle de classe d’un prof et qui devient l’affaire d’une école, d’une communauté; tout change, toute la mé.ca.ni.que ! Et les finalités itou. (Je me demande si le conseiller en orientation lit ce billet ??)
Pour ce qui est de la congruence réelle avec les examens officiels, on passera… Peut-être qu’un jour, dans le futur, on arrivera à considérer un essai prochain, en phase expérimentale bien sûr, à l’aube d’un nouveau siècle à venir, pour expérimenter un modèle futuriste qui pourrait peut-être être essayé dans une école de demain, genre…(*pointe de sarcasme voulue*).
Je poursuis. Cet échange sur Facebook entre Isabelle Pilotte et François Bourdon m’interpelle. Savoureux.
L’école dans la communauté, la communauté dans l’école ! Et une question d’audace et de courage. J’appelle cela savoir prendre le « beau risque ». Là aussi, l’impact sur la mé.ca.ni.qued’une école est non-négligeable. Mais savons-nous, comme société occidentale, remettre vraiment l’école à qui de droit ? Heureusement qu’on en voit de plus en plus. Point de bascule à l’horizon, oui SVP !
L’an passé, j’écrivais (en référence aux percées technopédagogiques des dernières années) :
Le vrai défi, pour savoir « c’est quoi qu’on fait maintenant ? » réside grandement dans notre capacité de pouvoir se transposer dans un autre modus vivendi ou modusoperandi, plus en synchro avec les réalités du monde aujourd’hui (et celui que l’on peut anticiper, autant que possible), ainsi que de savoir mettre de côté nos représentations souvent axées sur un modèle, voire un monde, qui n’est plus celui dans lequel vivent nos jeunes, qu’on le veuille ou non. C’est alors qu’on s’y lance avec plus de confiance, plus éclairés.
Pour appuyer mon propos, je termine avec deux trouvailles faites hier :
De Richard Byrne : 5 choses afin de créer pour apprendre (Invent to learn), cette citation de Gary Stager et Sylvia Martinez, des gourous du mouvement makerpace…
- There is no reason to discover the date of Thanksgiving when you can ask someone. Instruction is useful for learning things that would take an instant or when little benefit would be gained by investigating it yourself.
Et cet excellent article d’Education and Career News :
To achieve this, we need to:
- Accept that the pace of change in our world is going to continue to be rapid, and all aspects of our lives including education will continue to evolve.
- Create non-punitive school cultures that place value on what we learn from our mistakes.
- Promote collaboration among adults and students. We can all learn from one another, no matter our professions or experiences.
Bien au-delà de la frénésie d’une rentrée trop souvent mécanique (!), c’est une véritable culture organisationnelle qui est en cause. Sur toute l’année. Savoir passer d’une culture de l’évaluation (qui est dominante, surtout au secondaire) à une culture de l’apprentissage, juste ça!, permettra de remettre davantage l’école à qui de droit. Et d’y croiser des enseignants passionnés, dévoués, professionnels, en posture d’apprenants, et créateurs de lendemains.
If we’re not making mistakes as we create this new culture of learning, we’re not innovating.
Bonne année !
Jacques cool
Article : "Rentrée scolaire 2015 : Perspectives nouvelles, anciennes, entremêlées…"
Publié le 2 septembre 2015 en creative commons sur le site : http://zecool.com/2015/09/02/rentree-scolaire-2015-perspectives-nouvelles-anciennes-entremelees/