Même si le métier d’enseignant perd en attractivité pour ceux qui l’envisageaient pour toute leur vie active, il continuera d’attirer ceux qui n’y passeront que quelques années, entre deux emplois : enseigner est à la portée de tout titulaire d’une licence, comme le rappelle un BOEN récemment.
Mais a-t-on pensé aux conséquences économiques que causerait une perte d’engagement de longue durée pour le métier d’enseignant ? La politique menée ces dernières années a-t-elle eu ou pas ces objectifs ultra libéraux ? :
- si les enseignants sont moins nombreux à s’engager longtemps dans ce métier, ils seront mécaniquement moins nombreux à adhérer à la Mutuelle générale de l’Education nationale. Quel en sera l’effet sur le taux de cotisation de ceux qui restent, alors que la population âgée ne cesse de croître, et que les taxes de l’Etat sur les mutuelles ont encore augmenté récemment ?
- mécaniquement, ils peuvent être moins nombreux aussi à adhérer à la Mutuelle traditionnelle d’assurance des enseignants : la MAIF, qui, comme toutes les assurances, diversifie ses revenus pour attirer de nouveaux clients (services d’aide à la personne, soutien scolaire, base d’informations gratuites pour les futurs enseignants, etc). Dans un environnement devenu très concurrentiel à ce niveau, quelles peuvent être les conséquences économiques d’une présence de moins longue durée dans le métier d’enseignant ?
- les enseignants qui s’engageaient sur le long terme étaient nombreux à souscrire à des complémentaires de retraite comme la PREFON, le CREF : si le nombre de cotisants baisse d’année en année, quel en sera l’impact sur la complémentaire de retraite de ceux qui auront fait confiance à ce système en cotisant toute leur carrière ?
- une partie des enseignants prend pour banque la CASDEN : si le nombre de sociétaires diminue, quid de la pérennité de ce réseau ?
- beaucoup d’enseignants font leurs achats à le CAMIF : cette centrale d’achat peut-elle aussi en souffrir ?
- si les enseignants sont moins nombreux, pour moins longtemps, quelle sera leur implication vis-à-vis des nombreux syndicats auxquels ils peuvent adhérer actuellement ? Quelles seraient les conséquences financières et de représentativité pour les syndicats qui perdraient des adhérents par milliers ?
Toutes ces conséquences sur les richesses induites par de longues carrières d’enseignant ont-elles été bien analysées dès le départ, anticipées ?
Si la tendance de la désaffection pour le métier d’enseignant perdure, il restera à tous ces organismes à s’adapter à un vrai bouleversement structurel : celui d’un métier qui ne s’exercerait plus à vie.