Très peu englués encore dans les préjugés tenaces qui, bien souvent, tendent à nier la réalité pourtant têtue des faits tout en amenant à des jugements hâtifs et définitifs sur certaines personnes ou communautés, les élèves veulent au contraire porter dans leur grande majorité un regard positif sur l'avenir. Ils veulent y croire parce qu'ils en sont au début de leur vie, sont enthousiastes parce que la fatalité et la résignation n'ont pas encore pollué leurs consciences et donc ils se sentent véritablement concernés.
Et moi, le vieux de 60 ans, qui parfois désespère de cette société qui cherche tant son chemin dans la douleur, je redeviens soudain un enfant qui retrouve l'optimisme lorsque j'interviens dans les classes. Je me sens bien au milieu de tous ces élèves des écoles, collèges ou lycées parce qu'ils me redonnent de l'espérance et de l'envie. Spontanément, ils sont indignés par l'injustice, la haine, la violence et rejettent toutes les peurs qui paralysent bien souvent le monde des adultes.
Oui, la jeune génération, épaulée par des chefs d'établissement et des enseignants qui mettent tant d'énergie dans leur mission, désire s'engager pour amener plus d'harmonie dans cette société parfois si pâle où le repli sur soi domine parce que l'inquiétude prend le pas sur le volontarisme. Si, modestement, je peux leur apporter des idées et partager ma longue expérience associative, ce sont bien les élèves qui avancent des pistes d'action et des réflexions pour changer ce monde et ils m'en apprennent beaucoup. Dans les établissements scolaires, ils sont d'ailleurs engagés dans diverses actions concrètes pour défendre de belles causes car ils sont conscients que leur implication est fort utile.
Je suis juste là, comme d'autres peuvent le faire, pour leur dire de conserver leur regard d'enfant et donc qu'ils continuent de rêver d'un monde où tous leurs camarades auraient les mêmes chances dans la vie, qu'ils soient français, étrangers, de couleur de peau différente, etc... Je leur dis aussi de manière systématique de conserver leur liberté de penser par eux-mêmes sans se laisser imposer des points de vue réducteurs qui ont tendance à classer les gens dans des cases et à montrer du doigt ceux qui seraient différents et dérangeants. Je leur dis surtout de croiser leurs informations en fouillant dans l'actualité, d'aller aussi à la rencontre des personnes pour toucher du doigt la réalité du terrain. Ainsi, ils ne se contenteront plus de ce qui se dit ici ou là au nom d'une certaine pensée unique se répandant comme un poison qui tue l'esprit de bienveillance. Ce sera ainsi la meilleure façon de casser les idées reçues qui amènent toujours à la division, à la haine, au rejet de l'autre qu'on ne connaît même pas bien souvent en plus.
Pour finir, si je pouvais faire un voeu ce serait que, nous les adultes, nous retrouvions notre regard d'enfant et cette fraîcheur d'âme du début qui nous faisait penser que tout était possible, tout cela ne relève pas de la naïveté, mais de l'humanisme le plus élémentaire qui soit ! Pris dans nos occupations, nos soucis, enfermés dans nos peurs et dans notre scepticisme chroniques, nous en oublions ce qui fait la raison même de l'existence, c'est-à-dire l'ESPERANCE ! La jeune génération, que nous avons engendrée, nous donne l'obligation de nous secouer pour leur préparer un avenir de paix et de justice, sinon quel sens donnons-nous à cette humanité qui se perpétue depuis des lustres ?!... A l'image d'une course de relais en athlétisme, les adultes ont à passer le témoin de la transmission de valeurs fondamentales aux enfants, sans jamais rien imposer de force, mais en leur donnant les bons outils pour qu'ils prennent librement leur envol. C'est tout ce que je souhaite pour demain et continuons sans relâche d'encourager le corps enseignant à former les citoyens de demain qui s'engageront en gardant, si possible toute leur vie, ce regard d'enfant !
Guy GILLET
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