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Nous avons posé quelques questions à différents acteurs du monde éducatif à la fin du confinement, perceptions, points positifs, urgences... Le réseau Canopé a organisé ses équipes, proposé des formations, partagé, accompagné. " La montée en compétences des personnels enseignants dans le domaine numérique a été exceptionnelle sur cette période. Il y a fort à parier que les savoir-faire issus de ces expériences vont perdurer." C'est ce que nous dit Caroline Levacher, Directrice de l'Atelier Canopé de Lot-et-Garonne.

Quelle sont vos perceptions de la période de confinement que nous venons de vivre ?


Pour l’équipe de l’atelier Canopé 47 et moi-même, cette période de confinement a été très éprouvante mais aussi très riche.
Au-delà d’une organisation rapide des équipes au National, qui a montré la force du Réseau Canopé et de la communauté des enseignants, se trouvaient des humains avec des sensibilités, des peurs, et aussi des problèmes de santé, liées au virus ou pas.

La première semaine de confinement a été très rude car il fallait s’assurer que chaque personnel avait les moyens de télétravailler.

Même si les institutions arguaient d’une préparation du terrain à réagir à cette nouvelle modalité de travail, dans les faits c’était tout différent.

Le matraquage médiatique concernant la dangerosité du virus a fait son petit effet… Restez chez vous, et continuer à faire travailler les élèves à distance…

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Bien sûr, mais pour cela, il faut réunir un certain nombre de choses :

Avoir un réseau Internet suffisant qui permettent aux enseignants de contacter les élèves facilement, avoir un ordinateur équipé des logiciels et des Anti-virus corrects, savoir se servir de ces outils, choisir des logiciels en ligne pour travailler auprès des élèves, programmer rapidement et en concertation avec les équipes des établissements le travail à partager aux familles, être capable en un temps très rapide d’utiliser le Numérique pour l’éducation au quotidien, alors que pour un grand nombre d’enseignants, tous ces objectifs n’étaient pas faciles à atteindre en un temps record, puisque pas obligatoires avant…

La communauté éducative a vite réagi, avec ses possibilités et ses disparités selon les territoires.

Le Réseau Canopé s’est rapidement posé en rang de combat dans la « guerre » que nous allions mener.

Dès la fin mars un catalogue de formations pour épauler les enseignants dans la continuité pédagogique a été proposé à l’échelon national.

Les médiateurs de ressources et services du Réseau Canopé ont élaboré des webinaires, des formations répondant aux besoins des enseignants.

Très rapidement, les formations ont été prises d’assaut, et nos médiateurs ont ajouté des sessions pour satisfaire un maximum de demandes.

Nous avons travaillé sans relâche, et la musique qui arrive à nos oreilles parfois laissant entendre que les personnels en télétravail « travaillent moins » n’a plus eu aucun sens pendant cette période épuisante.

Les enseignants chez eux, se formaient à distance, et dans la foulée mettaient en pratique directement les acquis de ces formations dans la réalité de la situation exceptionnelle que nous vivions.

Les enseignants ont fait preuve d’une grande adaptabilité. Ils ont mis en place des dispositifs ingénieux pour accrocher leurs élèves. Je salue cet immense travail réalisé sur une période très courte.

En même temps et comme tous les parents il fallait aussi s’occuper des enfants, de tout ce qui concerne le foyer et de savoir faire la part des choses entre le professionnel et le personnel.

En somme, une période très dense pour tous, élèves, parents, enseignants…

Quelles sont les modifications que vous avez mises en œuvre et celles qui vous semblent devoir perdurer ?

 

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Pour nous, il est évident que la réponse que nous avons donnée était la plus appropriée possible et nous le constatons en examinant les chiffres de fréquentation de nos formations sur la période de confinement, mais aussi sur la période après le 11 mai, jour du plan 1 du déconfinement.

  • De nombreuses formations ont été proposées sur le retour en classe, la dimension émotionnelle chez les élèves et au sein des équipes, l’organisation progressive du retour à une situation « normale ».

La montée en compétences des personnels enseignants dans le domaine numérique a été exceptionnelle sur cette période. Il y a fort à parier que les savoir-faire issus de ces expériences vont perdurer.

Chacun va tirer partie de ce qui s’est joué pendant 2 mois.

  • La manière de communiquer avec les familles, avec les élèves, l’utilisation des ENT qui est devenue évidente, l’utilisation des classes virtuelles qui a montré sa puissance de partage aux enseignants, mais aussi l’utilisation de la vidéo, du son, des logiciels exerciseurs, des chaînes d’apprentissages type ARTE, LUMNI ou autres… Il faut absolument continuer à proposer des choses adaptées par le biais de ces dispositifs. Le Réseau Canopé va continuer à travailler en ce sens.
  • La possibilité d’utiliser à bon escient présentiel et distanciel est capitale pour l’avenir. Les enseignants doivent pouvoir « piocher » dans ce creuset distanciel des ressources, quand ils en ont besoin, et l’offre doit être conséquente et sans cesse renouvelée.

Et enfin quelles urgences faudrait-il prendre en compte ?


L’urgence des réseaux internet est fondamentale.
On a mis en évidence que certains territoires ne pouvaient pas accéder aux différentes plateformes proposées lors de la période de confinement, car les couvertures sont encore moyennes dans certains territoires.

La capacité des plateformes à supporter les connexions est aussi un point important à travailler. On a vu un gros problème au début du confinement car toutes les plateformes tombaient les unes derrière les autres du fait d’un trop grand nombre de connexions.

Enfin, l’organisation du travail au sein d’une équipe d’établissement est essentielle. En effet, on n’est jamais un enseignant seul face à des élèves, mais bien un enseignant au sein d’un établissement.

Cette période a montré la nécessité d’établir correctement un projet d’établissement et de définir très clairement un plan d’actions, ou l’enseignant est le principal maillon. Le confinement a montré avec une grande intensité que les relations humaines sont indispensables et que le numérique n’est bien qu’un dispositif pour faciliter ces relations.

Et en conséquence peut-on repenser, comment et avec qui, les espaces et temps éducatifs et les espaces et temps scolaires ?


La présence des élèves dans les établissements face à leurs enseignants est essentielle à l’apprentissage. Un élève a besoin du contact avec ses pairs pour apprendre. Le partage, l’expérience sous la direction éclairée d’un pédagogue n’est pas à remettre en question.

Néanmoins l’utilisation du Numérique pour faciliter la compréhension de ce qui est fait en présentiel est fondamental.

Trouver une vidéo sur l’ENT de l’établissement portant sur le cours d’un enseignant, et visionnable autant de fois que nécessaire, revoir un cours ou une expérience vécue en classe avec ses camarades, rendre un travail présenté grâce à des outils numériques qu’il est indispensable de maitriser sont d’autant d’exemples de ce qui peut être fait.

Potentiellement certains élèves pourraient être présents au travers d’une classe virtuelle lorsqu’ils ne peuvent pas se rendre à l’école.

L’enseignant pourrait aussi programmer une classe virtuelle si son cours ne nécessite pas d’être en présentiel, et réunir les élèves dans la classe quand il estime que c’est utile et nécessaire.

Mais cela implique une organisation de l’ensemble des acteurs de l’école, élèves, parents, enseignants, éducateurs, animateurs, associations, institutions, acteurs locaux. Ce n’est pas l’école qui est obligatoire mais bien l’instruction.

Tout est à imaginer… Il y a beaucoup de travail…

Je terminerai par cette citation qui résume bien là où nous en sommes aujourd’hui :
« Nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde. »
Gandhi.

Caroline Levacher, Directrice de L’atelier Canopé 47 Agen

Dernière modification le samedi, 30 mai 2020
Laurissergues Michelle

Fondatrice et présidente d'honneur de l’An@é, co-fondatrice d'Educavox et responsable éditoriale.