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et c’est des élèves qui réussissent" - François MULLER a été responsable de la mission « Recherche et Développement en Innovation et en Education » de l’Académie de PARIS pendant une dizaine d’années avant de rejoindre à la rentrée scolaire 2011 l’équipe du département Recherche et Développement Innovation et Expérimentation que dirige Bénédicte Robert crée un an auparavant à la DGESCO, du Ministère de l’Education Nationale.
Professeur agrégé d’histoire il a l’expérience de l’enseignement en collège, en lycée, à l’université et nul doute que les initiatives, elles mêmes innovantes qu’il a menées à l’Académie de Paris comme CARDIE peuvent aujourd’hui se décliner au plan national .

S’il faut chercher en 1994 la création d’une sous direction chargée au MEN de la valorisation des innovations pédagogiques, la « reconfiguration en 2010 de l’organigramme de la DGESCO au Ministère de l’Education nationale a fait émerger un nouveau DRDIE, placé directement aux côtés du Directeur, et en supervision ou en transversalité des deux grandes autres directions. »

Pour François MULLER, « créer un Département de RECHERCHE parait un signe intéressant. Le MEN était antiquement intéressé par la recherche, en 1970 (INRDP), puis en 1976 (fondation de l’INRP). Mais la dominante du Ministère était plutôt de réguler plus que de chercher des perspectives d’adaptation continue d’une réalité de la vie scolaire et universitaire ; c’était une « administration » dominante et de gestion immédiate et non de regard sur l’avenir. »

Le lancement du réseau social des professionnels de l’éducation consacré à l’innovation, RESPIRE en janvier 2012 constitue une initiative originale et surtout porteuse de véritable production par l’échange, le partage, la mutualisation.
Réunissant aujourd’hui quelques 6000 contributeurs ce réseau réservé aux seuls personnels de l’éducation ( via une adresse mail du type Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ) a permis la création de plusieurs centaines de groupes de travail autour de thématiques variées au niveau national, académique, à l’échelle d’un bassin ou même d’un établissement. 

Il s’agit donc bien d’un peu d’horizontalité dans une hiérarchie de l’Education Nationale plutôt verticale et descendante jusque là peu encline à favoriser les initiatives de liberté créatrice.Et l’acronyme n’aura pas été choisi au hasard !
Mais qui sont ces personnels qui décident ainsi dans un réseau social de partager des pratiques, des ressources et contribuer ainsi au débat avec d’autres collègues ? Des enseignants, des cadres de l’Education ? Quels sont les thèmes qui font émerger ici une expérience, là une recherche de solution ou une idée originale ?

Faciliter cette expression , ces débats, ces rencontres , créer du lien entre professionnels, entre établissements qui partagent les mêmes préoccupations, comme tous les réseaux sociaux le permettent certes mais avec aujourd’hui l’instantanéité et la facilité du numérique qui abolit et le temps et l’espace, peut-il contribuer à impulser le "changement " porteur d’innovation dans le système éducatif français ? Dans un processus "bottom up" ?

Certains pourraient craindre l’inverse et le rapport au HCE effectué sous la direction du professeur Y. Reuter de l’Université Lille 3 sur les expérimentations liées à l’article 34 de la loi de 2005, pointe d’ailleurs quelques différences interprétatives du texte utilisé parfois « comme outil de management, les discours tenus ayant parfois une tonalité managériale, réaffirmant une position hiérarchique .. »

Ce rapport insiste d’ailleurs pour améliorer la mise en œuvre de l’article 34 "en renonçant à toute velléité d’impulser en quelque sorte une « logique du haut » pour écouter.. et pour aller observer sur le terrain, en y consacrant le temps nécessaire, les fonctionnements et leurs effets, les leviers et les freins... afin de construire une véritable politique d’étayage."

"De manière plus générale, il nous semble, précisent les rapporteurs que, trop souvent encore, la logique de communication entre les divers niveaux demeure une logique top down, sur le modèle de la diffusion d’une bonne parole à des acteurs de niveau « inférieur » dont on suppose qu’ils sont moins compétents, voire qu’ils « traînent des pieds » pour modifier leurs pratiques. "

Pour Bénédicte ROBERT responsable du Département Recherche-Développement Innovation et Expérimentation à la DGESCO , citant l’ouvrage de François MULLER publié par le CNDP,l’innovation : une histoire contemporaine du changement en Education , "tous les professionnels qui innovent sont à l’avant garde en écrivant l’avenir du système éducatif" . Et il s’agit alors pour elle plutôt d’une « vision top-down et d’une démarche bottom up. »

A cette question de fond posée : « La politique de l’innovation : logique de top-down ou de bottom-up ? » François MULLER propose cette réponse :

« Non une dualité mais une complexité à appréhender comme nous l’apprend Michael FULLAN :
1. On ne peut jamais préconiser à l’avance le changement.
2. Le changement est un voyage et non une planification.
3. Les problèmes et les difficultés sont vos amis.
4. La vision d’ensemble et la planification stratégique viennent après coup.
5. L’individuel et le collectif doivent s’équilibrer.
6. Les solutions préconisées d’en haut ou d’en bas ne marchent pas isolément.
7. Les liens de l’établissement avec son environnement local sont essentiels.
8. Chaque individu peut être un acteur du changement. »

Cela donnera certainement de l’assurance à celles et ceux qui sont persuadés qu’enseigner c’est innover en permanence !

RESPIRE a plu aux députés ; en effet l"Assemblée Nationale a déjà validé avec le projet de loi sur la refondation de l’école la création d’un "réseau social professionnel qui offrira aux enseignants une plateforme d’échange et de mutualisation".

Claude TRAN

Dernière modification le mardi, 20 septembre 2016
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.