Aux USA 80% des enseignants en utilisent un à titre personnel. 84 % des jeunes de 15-24 ans y sont également présents et les utilisent quotidiennement, plus généralement en mobilité. Il est donc inévitable que les enseignants et leurs élèves se « croisent » sur les réseaux sociaux. Mais deviennent-ils « amis » pour autant ? Les avis divergent bien sûr et s'il est quelques cas où, pour des raisons professionnelles, des enseignants acceptent des élèves comme « amis » en ayant soin de régler les paramètres de confidentialité afin qu'ils n'accèdent pas aux données et photos personnelles, la plupart d'entre eux le refusent car cela limiterait leur liberté d'expression et disent-ils : «ils n'ont pas à connaitre ma vie privée et je n'ai pas à connaitre la leur». Et les réseaux sociaux peuvent vite sur ce sujet comme d'autres devenir un vaste défouloir. Le conseil des pédopsychiatres qui recommandent aux parents de ne pas être « amis » avec leurs enfants s'applique aux enseignants.
Les enseignants sont également peu nombreux à utiliser les réseaux sociaux pour leurs activités professionnelles. Manque de maîtrise de l'outil ? Crainte de s'exposer ? Complexité des paramètres de confidentialité ?
Si la généralisation dans les collèges et les lycées d'Espaces Numériques de Travail financés par les collectivités territoriales leur permet aujourd'hui de façon sécurisée, de communiquer avec leurs élèves pour tout ce qui relève de l'activité scolaire et pédagogique, les échanges professionnels avec leurs collègues se font toujours grâce à Facebook, Twitter, ou autre Google+.
Le lancement de Viaeduc, le nouveau réseau social professionnel en ligne dédié aux enseignants vient à point nommé pour toutes celles et ceux qui hésitent, par crainte, à se lancer sur les réseaux sociaux grand public comme Viadeo, LinkedIn ou Facebook.
Gratuit, sans publicité, mais strictement réservé aux professionnels, Viaeduc – précise la charte qui le régit- « est un réseau social construit sur le libre engagement, la confiance, l'interaction et la créativité. Chacun est à la fois pair et expert à égalité avec tous les membres de la communauté et participe sous sa propre responsabilité. Chacun est libre d'accepter ou de refuser sollicitations ou interactions avec d'autres membres de Viaéduc. La contribution et l'échange se fondent sur le consentement et le dialogue. Les échanges sur Viaéduc se font en dehors de tout positionnement hiérarchique, statutaire ou partisan. »
Mais Viaéduc diffère à bien des égards des réseaux sociaux grand public car en plus des fonctions classiques d'un réseau social (créer son profil, construire un réseau, créer des communautés de travail, commenter, partager, recommander) , il facilite l'accès à des ressources éducatives, publiées par les enseignants eux-mêmes et par des éditeurs privés ou publics, et propose des outils collaboratifs, notamment de co-création de contenus.
Viaéduc est né de la réponse à l'appel à projet e-éducation 2 de mars 2012, par un consortium d'acteurs publics et privés qui a donné naissance en octobre 2014 au GIP RPE ( Groupement d'Intéret Public Réseau Professionnel des Enseignants ). Les partenaires Publics ( Canopé, porteur du projet, le CNED, le laboratoire TECNE de l'Université de Poitiers ) sont majoritaires ; les partenaires privés ( les Argonautes, Beechannel, Editions Belin ) apportent des compétences en communication et développement digital ainsi que dans l'édition scolaire innovante.
Ils étaient 7000 utilisateurs dont de très nombreux enseignants testeurs, lors du lancement de Viaéduc aux Journées de l'Orme 2.15 à Marseille.
De nombreux enseignants se sont inscrits sur place comme Fanny BIDART, professeur documentaliste au lycée professionnel Léonard de Vinci de Marseille. Dans cet entretien, je lui ai demandé pourquoi ce choix ?
Claude TRAN
Dernière modification le lundi, 13 juin 2016