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La première édition du Forum Naia s’est tenue au Hangar 14 de Bordeaux mardi 19 mars sur la thématique de l’intelligence artificielle. Le quotidien régional Sud-ouest et le groupe Suez sont à l’origine de cet événement soutenu entre autres par la région Nouvelle Aquitaine, la métropole de Bordeaux avec les contributions des  laboratoires de l'université de Bordeaux et l'INRIA.

Comme le dit Christophe Galichon directeur de rédaction au journal :

" C’est une promesse de nouvelle frontière, enveloppant l’ensemble des secteurs d’activité et se logeant dans le moindre interstice de nos vies quotidiennes : l’intelligence artificielle fascine autant qu’elle interpelle, nourrit les plus grands espoirs et alimente pas mal de fantasmes. Les perspectives qu’elle offre enthousiasment ou préoccupent. Tenter d’éclairer le sujet, concrètement : c’est l’ambition de cette première édition du Forum Naia"

https://twitter.com/NAIA_forum_IA

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Pourquoi Sud Ouest ?

Un journal cela ne sert pas qu’à informer au jour le jour mais à traiter les grands sujets de la vie quotidienne et l’intelligence artificielle en est un à l’évidence. Le journal se veut aussi " un aiguillon de développement du territoire " attaché à la valorisation des " pépites " qui s’y trouvent sous forme de start up. Qui plus est Sud-ouest est en temps qu’entreprise de presse confrontée aux promesses et usages de l’intelligence artificielle.

Pourquoi Suez ?

Xavier Litrico directeur de l’innovation et de la performance industrielle dans le groupe souligne d’abord qu’il manquait un événement fédérateur autour de l’intelligence artificielle, c’est à dire un événement capable de rassembler chercheurs, experts, chefs d’entreprises, responsables de formation… Puis il précise que dans son propre pole de recherche, le groupe développe des solutions intelligentes pour exploiter les données des milliers de capteurs posés dans son réseau, pour mettre celles-ci au service de l’humain : prévision d’inondations, lutte contre la pollution, maintenance prédictive…

L’université de Bordeaux bien sûr !

Comme le souligne Manuel Tunon de Lara, " il n’est aucun domaine de l’université dans lequel il n’y a pas de rôle pour l’intelligence artificielle " sciences, droit, médecine, sciences sociales, sciences économiques…partout la recherche doit être interdisciplinaire et produire des connaissances utilisables par les entreprises, connaissances nouvelles avec une plus forte dimension humaine. Et cela induit une nouvelle manière d’enseigner car si l’information est disponible partout encore faut-il esprit critique, mises en perspectives, créativité…pour la transformer en savoir. L’équipe du Labri, laboratoire de recherche en informatique de l’université œuvre dans ce sens depuis des années.

Quelques thèmes récurrents dans les diverses interventions ou keynotes :

L’omniprésence de l’intelligence artificielle

C’est devenu un lieu commun…mais depuis si peu de temps : l’intelligence artificielle est devenue indispensable même lorsque l’on souligne comme Nicolas Miailhe, président de The Future Society, que les algorithmes d’apprentissage profond ne sont en réalité ni artificiels ni intelligents. Ce n’est plus le monde de demain : au delà des champs déjà cités ici, elle touche la santé, la sécurité, la circulation routière et même la transition écologique.

Un retard à combler

Il y a une forme d’urgence à investir le champ de l’IA lorsqu’on est Européen et Français. "Nous avons une volonté politique d’accompagner des start-up, d’aider des porteurs de projets, mais c’est un énorme challenge. Aujourd’hui, la Chine et les États-Unis représentent 90% de l’IA dans le monde. L’Europe, ce n’est que 10%. Nous n’avons que des miettes, nous risquons d’être submergés par cette vague de l’intelligence artificielle", a expliqué le conseiller régional Nouvelle Aquitaine François Vincent, en charge de l’Université du futur.

Ou comme le dit encore  Nicolas Miailhe, président de The Future society : "nous avons raté en France la première marche de la révolution digitale, il ne faut pas rater celle de l’IA. C’est un problème d’industrie. Il n’y a pas en Europe de Google ou d’Apple, et nous n’avons plus de champion des télécoms. Il nous manque cette force industrielle". Ce dernier précise, qu’au demeurant, le retard n’est pas tellement une question scientifique ou d’innovation mais bien une question industrielle.

Combler ce retard est certes un enjeu industriel et commercial mais il en va aussi de notre souveraineté et du respect de nos valeurs.

Nécessité d’un cadre éthique

L’intelligence artificielle  permet de faire plus avec moins, mais reste un outil que Jean-Baptiste Guignard, responsable de la start-up Clay (bordelaise spécialisée dans la reconnaissance gestuelle) et professeur à l’école des Mines de Paris, réduit à "  une technologie de classification " qui se propose de " mimer et simuler la pensée et l’activité de l’humain ou, du moins, leur résultat ".

Quoiqu’il en soit, ce sont de nouveaux contrats sociaux qui se font jour et nous devons en être des acteurs. Il nous faut alors être en capacité d’imposer un cadre éthique compatible avec les valeurs qui sont les nôtres.

Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’Etat chargé du numérique a du reste posé la question dans sa vidéo introductive au Forum : " Comment faire de l’intelligence artificielle une utilisation exemplaire ?". Il est ainsi indispensable d’avoir un cadre légal précisant l’utilisation des données en fonction des usages avec la double contrainte de favoriser les opportunités et de fixer les limites dans un souci de protection.

Dernière modification le samedi, 23 novembre 2019
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é