Du motif de la prise de parole d’un public scolaire : De la réception et l’émission d’un message à l’usage d’un objet.
Au cours du 20ème siècle et plus particulièrement dans sa seconde moitié, les pré adolescents, les adolescents furent sous l’influence des média audio visuels dans des situations limitées dans le temps et dans l’espace, spectacle cinématographique, visionnement familial ou amical de la télévision, temps d’écoute d’un poste fixe de radio.
L’arrivée du transistor puis la diffusion en continu d’émissions de télévision créèrent une situation particulière, celle d’être à tout moment et pendant des durées de plus en plus longues sollicité par des messages dont la fréquence et la succession rapide ne laissait guère de temps pour prendre une distance par rapport aux informations transmises.
L’arrivée du numérique rendit permanente la connexion individuelle à l’ensemble de produits audio – scripto - visuel sur de multiples types d’écrans et elle créa un nouvel usage, permettant de produire et diffuser soi-même des messages.
Le pré adolescent et l’adolescent devinrent à la fois récepteur et émetteur ce qui au milieu du 20ème ne pouvait être pratiqué que dans des situations exceptionnelles la plus part du temps par l’emploi du téléphone. Progressivement, ces usages se pratiquèrent de plus en plus tôt et atteignirent les enfants d’âge scolaire.
Mais alors quelle utilisation au sein des établissements scolaires ?
Est-ce que l’établissement scolaire doit laisser à sa porte les traces que laisse une multitude d’impacts sociaux, cognitifs, émotionnels de ces usages [1]?
Nous avons repéré que la connaissance de ces effets est nécessaire pour permettre un enseignement de qualité. Et nous constatons que, si au 20ème siècle les effets de la radio, du cinéma et de la télévision pouvaient être abordés avec le public scolaire à partir de produits institutionnels qui faisaient partie de leur environnement, le film, l’émission de télévision et de radio, au 21ème siècle la multiplicité et l’hétérogénéité des messages émis et des messages reçus nécessitent de définir un domaine sur lequel le public scolaire pourra s’exprimer. Il s’agit de déterminer le thème qui suscitera l’intérêt.
Les choix des réceptions et des émissions sur les écrans diffèrent entre les adultes et les générations montantes.
La proposition de l’événement qui déterminera le domaine doit être issu des pratiques du public scolaire. Ce peut être un évènement évoqué mais aussi des messages émis ou reçus qui ont eu de l’importance pour certains qui les proposent. Cette orientation de l’animation donne la priorité à un contenu pour parler d’un usage, elle ne la donne pas à l’objet connecté.
Cependant, entre le 20ème siècle et le 21ème siècle, les usages d’une consommation devenue permanente et le rôle à la fois d’émetteur et de récepteur des utilisateurs nécessitent de considérer une nouvelle orientation :
Nous devons envisager que parler de l’objet connecté conduit directement à aborder les thèmes de ses modalités d’usage et de ses effets sociaux, cognitifs et émotionnels.
Pour éviter que les deux animateurs induisent le choix d’un domaine, une pratique innovante consiste à laisser le public scolaire engager un débat sur un contenu ou sur un objet connecté, à partir de leur vécu, pendant une durée déterminée. Progressivement un animateur accompagne et aide l’expression des participants avec empathie, tandis que l’autre structure la production d’un discours collectif oral qui peut donner lieu à une production utilisant différentes matières de l’expression.
Alain Jeannel
[1] Jeannel Alain, « le confetti numérique : Quelle pédagogie » et « le confetti numérique : quelle didactique », Educavox, septembre 2017. Dossier Carn@val, confettis numériques
Dernière modification le mardi, 13 mars 2018