Définition de la Twittérature
La twittérature est un courant littéraire qui a vu le jour le 13 juillet 2006, au lancement de l’outil de réseau social et de microblogage Twitter. La twittérature est l’utilisation littéraire de la contrainte générée par Twitter (écriture d’un texte en 140 caractères maximum). La twittérature s’inscrit dans un mouvement littéraire plus global appelé la nanolittérature. La nanolittérature englobe à son insu les tweets, sms, télégrammes, slogans, pensées, haïkus, proverbes, apophtegmes, pensées, maximes, etc. Par extension, on peut même inclure la twittérature dans le champ des micronouvelles.
Une autre tendance de la twittérature se fait jour progressivement, il s’agit d’utiliser Twitter et sa "contrainte 140", pour écrire de la poésie, des romans, du théâtre, des nouvelles ou pour créer des formes inédites mêlant textes, images et son.
Source : Wikipédia, en date du 10/03/13
Projet initial
Objectifs du projet
– Travailler les compétences d’écriture et d’expression ;
– utilisation des technologies numériques en rapport avec l’étude de la langue ;
– pratique de l’écriture poétique ;
– pratique d’un travail collaboratif et créatif ;
– prolongement des réflexions abordées lors des séquences autour de la poésie.
Classe et période
Classe : 2nde. Tous les élèves participeront au projet. Une autorisation parentale pour l’ouverture d’un compte Twitter personnel de l’élève sera demandée.
Période : mai. La durée du projet sera un temps court (72 h) afin de créer et maintenir une dynamique.
Moyens
Les élèves seront invités à utiliser leurs outils personnels (smartphone, ordinateur, tablette). Il s’agit de leur faire prendre conscience de la capacité créative de ces outils, mais aussi que leurs créations peuvent être autonomes, en dehors du temps de la classe ou d’un projet pédagogique.
Les rares élèves n’ayant pas ces outils pourront utiliser les ordinateurs à leur disposition au C.D.I. Pour cette raison, au moins deux journées des 72 h auront lieu en semaine.
Mise en œuvre envisagée
1) Présentation rapide en classe de la Twittérature et de ses enjeux ; présentation du compte @gazouillisdesL et de leurs tweets inspirés de Flaubert et de Baudelaire.
2) Présentation du projet ; distribution de la fiche d’autorisation parentale.
3) Les élèves créent leurs comptes personnels de façon individuelle. Un court manuel d’explication du fonctionnement de Twitter, créé par le Centre de Documentation Pédagogique de la Vendée leur sera distribué. Leurs comptes personnels devront contenir leur prénom et au moins l’initiale de leur nom afin de les sensibiliser aux enjeux de l’anonymat sur les réseaux sociaux.
4) Quelques jours plus tard, lancement des 72 h de twittérature en fin de cours. L’appel à la participation sera répercuté sur mon compte Twitter personnel (@celia_guerrieri) afin d’inciter autant de personnes que possible, et d’horizons divers (enseignants, anciens élèves, élèves) à participer.
Présentation de l’activité aux élèves et lancement
Modifications apportées au projet initial
Le temps qui nous reste en cette fin d’année s’amenuisant, j’ai choisi de ne pas présenter aux élèves les productions du compte @gazouillisdesL.
Afin de clarifier et d’enrichir certains points, j’ai rédigé un manuel d’explication du fonctionnement de Twitter plutôt que d’utiliser celui du C.R.D.P. de la Vendée. Le manuel a été mis à disposition des élèves avant le lancement de l’activité dans la Dropbox commune de la classe.
Certains élèves m’ont fait remarquer qu’ils étaient souvent très pris par des activités personnelles le samedi, en particulier sportives. Ils m’ont demandé s’il était possible de reculer la date de fin de l’activité. J’ai donc décidé que l’activité se déroulerait du jeudi 30 mai à 10h au dimanche 2 juin à 18h30.
Réception de l’activité par les élèves
D’emblée, les élèves semblent très enthousiastes. Cette activité créative s’inscrit dans la liste des autres activités créatives réalisées au cours de l’année (représentation théâtrale, « Voyage en Utopie », micro-nouvelle, critique d’adaptation...) : elle est à la fois suffisamment diférente pour attiser leur curiosité et semblable pour qu’ils ne se sentent pas en défaut ou maladroits.
De plus, aucune de ces activités n’a été notée : les élèves ne s’y sentent pas jugés, n’y posent aucun enjeu scolaire, et peuvent alors y trouver un véritable plaisir.
Prise en main de l’outil
Environ 6 ou 7 élèves de la classe sont déjà sur Twitter, 4 y sont très actifs et suivent déjà mon compte professionnel. Les échanges que j’y ai avec eux sont semblables à ceux que nous avons en classe, que cela soit par la tonalité ou le contenu. Le reste de la classe semble un peu déstabilisée au départ, mais les élèves qui ont déjà l’outil en main les aident très volontiers et les conseillent. Ceux qui sont à l’aise avec les technologies aident les autres ; ceux qui ont des smartphones connectés prêtent leurs téléphones à ceux qui n’en ont pas.
Les autorisations parentales
Je n’ai eu aucune difficulté à obtenir les autorisations parentales, si l’on excepte, bien entendu, les habituels « J’ai oublié » ou « J’ai perdu le papier, Madame » provenant des élèves qui ont été rapidement résolus. J’avais précisé sur l’autorisation parentale que le projet avait l’aval à la fois du Proviseur et de l’Inspection, ce qui a certainement conféré au projet une certaine caution de sérieux et d’encadrement.
Seul le parent d’un élève a refusé, mais l’autre parent a ensuite donné son autorisation.
Lancement de l’activité
J’ai lancé l’activité sur mon temps hors-classe. J’avais préparé à l’avance une série de tweets rappelant les « règles », puis à l’heure du début de la récréation (9h51), je lance le vers liminaire.
Déroulement de l’activité
Mon positionnement
Dès le lancement de l’activité, je me fixe un certain nombre de règles concernant mon positionnement :
– je suis animatrice de l’activité, pas participante ;
– cela signifie que pas plus que je ne proposerai de vers, je m’abstiendrai de les orienter dans leurs choix poétiques ou narratifs ;
– en revanche, j’interviendrai pour signaler les erreurs de langue ou de versification ;
– je ferai la promotion de l’activité grâce à mon compte Twitter afin de favoriser les participations de personnes extérieures, pour créer une démarche d’échange, pour élargir l’activité au-delà du cercle du groupe-classe ;
– enfin, il me faudra prendre des décisions dans les discussions qui apparaîtront si les élèves n’arrivent pas à résoudre les éventuels conflits de créativité.
Premier jour
Les deux premiers vers sont proposés par des abonnés de mon compte : Delphine Regnard, enseignante de Lettres Classiques dans l’académie de Créteil, et Michèle Caine, professeur-documentaliste dans l’académie de Dijon.
Mais très vite, les élèves interviennent et s’emparent du poème. Du « ils » proposé par les premiers vers, on passe au « nous ».
Les vers commencent à s’entrecroiser, à se mélanger. Heureusement, j’ai cours avec eux quelques minutes après ces premiers déboires. Je les trouve devant la porte, impatients, et la conversation commence avant même que nous soyons entrés dans la classe.
J’avais prévu autre chose, mais devant tant d’enthousiasme, je décide de modifier ma séance et de consacrer un quart d’heure à l’activité. Nous commençons par démêler les écheveaux : en fait, l’application sur smartphone ne montre pas tous les tweets du mot-dièse, ce qui a créé des confusions.
L’élève ayant tweeté en dernier finit son vers sur « aube » et les autres élèves ne savent pas comment rebondir avec la rime correspondante. Après un brain storming qui ne fait émerger que le mot « daube », l’élève décide de modifier son tweet. Je constate de visu lors de ces quelques minutes que tous les élèves, même ceux qui n’ont encore rien produit, sont véritablement enthousiastes et investis.
Quelques instants après la sortie du cours, les vers suivants s’enchaînent, des élèves et de collègues enseignants abonnés à mon compte Twitter. Le poème en début de soirée commence à prendre une véritable allure.
Pendant ce temps-là, je vois défiler dans ma TL les interactions des élèves entre eux : les uns signalent aux autres qu’ils n’ont pas le bon nombre de syllabes (il faut remarquer que leurs productions sont plus des dodécasyllabes que des alexandrins à proprement parler) ; ils s’interpellent, réagissent aux vers des uns et des autres.
J’interviens parfois pour prendre une décision quand les élèves hésitent. L’échange est réel.
Deuxième jour
Sur mon compte Twitter, des collègues répercutent le mot-dièse, félicitent les élèves.
Lors du cours, je décide là encore de consacrer un quart d’heure à l’activité afin de la valoriser et de maintenir la dynamique qui s’est installée. Je leur lis le poème à voix haute, ils sont eux-mêmes impressionnés par la qualité et l’atmosphère de leur création.
Nous faisons quelques choix pour le découpage futur en strophes. Nous discutons de l’art diplomatique de signaler une erreur à un camarade. Les élèves s’interrogent sur la direction à prendre. L’un d’entre eux lance alors : « Et si on arrivait sur l’île d’Utopie ? » réinvestissant d’un coup magistral ce que nous avions vu lors de la séquence sur Candide. Je leur fais part également des nombreuses félicitations reçues.
Un élève vient me voir à la fin de l’heure pour me présenter un poème qu’il a écrit. Il n’a pas encore participé et je comprends, à la lecture du texte, assez sombre, que la tonalité du poème ne convient pas à ce qu’il ressent en ce moment. Néanmoins, le fait qu’il me le présente est une forme d’assurance qu’il a envie de s’exprimer à travers la poésie. Je le félicite pour sa création et lui propose malicieusement de perturber le texte très solaire de ses camarades en modifiant et insérant certains des vers qu’il a écrit.
La dynamique de création et d’échange entre les élèves se maintient : les élèves communiquent par Twitter et j’apprendrai plus tard qu’il y a eu aussi des échanges par téléphone. Certains élèves prennent assez vite une position de meneur ou de meneuse.
Les interventions de participants extérieurs à la classe sont moins nombreuses, mais on en relève trois malgré tout, essentiellement des enseignantes de Lettres abonnées à mon compte Twitter.
Assez étonnamment, alors que nous avons très peu parlé de l’épopée et du registre épique en classe, si ce n’est à l’occasion de l’étude des Misérables, le poème prend cette tournure en fin de soirée. Plusieurs élèves de la classe sont des lecteurs d’heroic-fantasy, d’autres sont tout simplement amateurs de ce genre au cinéma ; cela a sans nul doute influencé ce choix.
Troisième journée
Si les élèves ont peu créé dans la journée, en revanche la soirée a été féconde. De nombreux vers sont apparus et les échanges ont été parfois nourris : les élèves s’interpellent sur le choix du vers, de la rime, la cohérence ; une élève qui a eu de grandes difficultés pour produire des dodécasyllabes est félicitée lorsqu’elle y arrive.
Le poème progresse. Il est assez amusant de voir comment à travers l’oeuvre on perçoit un portrait de l’adolescent de 15 ans : une immense confiance en eux, en l’avenir, en un groupe de pairs, et une certaine conscience écologique. Certains introduisent parfois des notes dissonantes qui évoquent la peur, la mort. Mais il semble que le « nous » choisit par la première contributrice de la classe porte cette foi dans la force de l’union, présente dans le poème et qui semble emblématique de toute l’importance que le groupe d’amis revêt pour les adolescents.
Malheureusement, en fin de soirée, les écheveaux se mêlent. Les élèves sont obligés de reprendre les tweets d’autres élèves qui se sont déconnectés, on se retrouve avec des doublons et des morceaux incohérents. Les élèves tentent de s’organiser comme ils peuvent, mais le résultat est maladroit.
Quatrième journée
Dès que je me connecte et que je vois les maladresses de la nuit, j’interviens. Comme j’avais déjà commencé à préparer le Storify du poème, je leur remets les vers dans un ordre logique, je signale les vers problématiques et je leur laisse les instructions pour arranger le tout. Avec beaucoup de difficulté, mais avec aussi beaucoup de volonté et d’enthousiasme, les élèves, tant bien que mal, reprennent, modifient, suppriment, se corrigent, se soutiennent, se contactent par tous les moyens à leur disposition. A 14h50, le poème est remis « sur les rails » et ils sont prêts à enchaîner, même si j’ai dû pour cela efectuer une petite manipulation de sauvegarde d’un très beau vers dans le poème final et qui n’apparaît pas dans le flux au bon moment.
Néanmoins, certains ont déjà quelques idées préparées pour la fin, car l’heure de clôture approche. La journée est belle et chaude, leurs camarades sont sans doute dehors pour profiter du beau temps. Je les avertis que, vers 18h, cela risque de produire, rapidement, même si tout peut tourner au ralenti pendant l’après-midi.
La fin prend tout le monde par surprise : une contributrice extérieure à la classe, enseignante d’Espagnol, qui a suivi le poème de près pendant toute son élaboration, intervient au dernier moment et place une pointe qui modifie toute la lecture du texte. Hésitation des élèves, négociations... Mais, j’ai placé le « stop » final.
Le travail « d’animation » du poème est tout de même assez intense et m’a pris beaucoup de mon temps libre. Ce n’est pas une activité à prévoir lors d’une semaine chargée en préparations et en correction de copies.
Finitions
Après avoir retapé tout le poème, je le soumets aux élèves lors de l’heure de cours du lundi. Ils décident du découpage en strophe. Une élève propose qu’un vers soit mis en retrait pour montrer qu’il appartient à la strophe, mais qu’il s’en sépare aussi. Ils choisissent une ponctuation adaptée. Nous retravaillons rapidement quelques vers qui posaient problème et qui n’ont pas pu être corrigés dans le flux.
Pour finir, je leur demande de trouver un titre. Il y a de nombreuses propositions, toutes très réfléchies. Une élève lance « De la mer à la terre », qui permet une double interprétation : à la fois le voyage relaté qui commence sur un bateau et se poursuit sur une île, et à la fois le jeu sur le terme mère et la naissance, la présence sur terre. Il est adopté à l’unanimité.
Même lors de cette dernière séance, la participation est dynamique et deux élèves qui n’ont rien tweeté se rattrapent en participant activement.
Bilan
Difficultés rencontrées
La seule véritable difficulté rencontrée a été d’ordre technique : l’application sur smartphone, l’outil le plus employé par les élèves pour accéder à Twitter ne montre pas tous les tweets réunis sous un même mot-dièse, mais une sélection. Certains élèves tweetaient donc sans savoir ce qui précédait, ce qui a créé des confusions.
Toutes les autres difficultés (métrique, choix de la direction du texte, rimes, etc.) ont été simplement résolues à travers la collaboration et l’échange élève ↔ élève et élève ↔ enseignante, que cela soit à travers Twitter, d’autres outils numériques ou dans un échange verbal en classe... Même si certains élèves parfois se sont montrés un peu trop directifs au goût de leurs camarades.
Savoir-être des élèves
Sur 33 élèves, 24 ont contribué d’un vers ou plus ; 2 qui n’ont pas contribué par des vers ont été très actifs lors des prolongements en classe. 3 des élèves qui n’ont pas contribué s’investissent peu en classe ; 2 élèves n’ont pas contribué et n’ont pas du tout cherché à participer ; 1 élève qui n’a pas contribué a demandé une réorientation et s’investit peu depuis.
L’activité a été extrêmement fédératrice et a favorisé les échanges entre les élèves et la création collaborative. En cela, je pense qu’elle est intervenue au bon moment de l’année. Même s’il ne s’agit pas d’une classe unie, ils ont appris à être et à travailler ensemble et l’activité s’est déroulée alors que cet apprentissage était bien avancé. Il est d’ailleurs assez révélateur il me semble que les seuls élèves à n’avoir pas participé sont ceux qui ne se sont guère investis dans la classe ou dans les cours tout au long de l’année.
De même, comme nous avons régulièrement pratiqué le travail en petits groupes et les mises en commun, l’activité a pu apparaître comme un prolongement de ces travaux.
L’activité a donc été l’occasion de travailler sur le tact dans leurs échanges, mais aussi sur la collaboration dans un but commun, tout en faisant valoir son individualité.
Alors que les enseignants rencontrent souvent des problèmes de motivation de leurs élèves (et c’est mon cas à certaines heures, dans certaines activités ou face à certains textes), cette activité a au contraire montré une appropriation totale par les élèves et un investissement que j’ai rarement eu l’occasion de constater.
Cette constatation prolonge, à mon sens, ce qui a pu être évoqué lors de la conférence « Cultures numériques, éducation aux médias et à l’information » qui s’est déroulée à l’E.N.S. Lyon en mai 2013 : rendre l’élève auteur et éditeur, magnifier leur créativité à travers le numérique, a un impact important sur des savoir-être.
De plus, les retours des collègues d’autres académies, transmis par Twitter et favorisés par l’immédiateté du réseau social, ont contribué à maintenir une image positive de l’activité aux yeux des élèves et à les valoriser.
Savoir-faire et savoirs des élèves
Au-delà de la découverte d’un outil numérique, les élèves savent à présent sans le moindre doute reconnaître un alexandrin. Mais ils ont aussi su réinvestir avec une subtilité qui m’a impressionnée les savoirs vus en classe autour du lyrisme, de l’utopie, des registres. Ils ont su faire leurs les techniques, les thèmes, les procédés, dans une démarche d’une remarquable créativité.
Même si bien souvent leurs alexandrins ne sont que des dodécasyllabes, nous n’avions finalement qu’à peine évoqué la distinction en classe.
Les compétences en lecture et en écriture ont été modifiées au prisme du numérique. En efet, l’activité proposait un travail d’écriture collaborative synchrone, mais nécessitait également un travail de lecture soutenu. Il s’agissait ainsi de lire les vers précédemment écrits, de corroborer les informations afin d’en déduire une tonalité, puis de produire un écrit qui soit à la fois pertinent au regard des informations et personnel.
Pour réinvestir de nouveau des réflexions qui ont été soulevées lors de la conférence dite EMICONF de l’E.N.S. Lyon de 2013, et en particulier celles de Serge Bouchardon de l’Université de Technologie de Compiègne, avec le numérique, l’interpénétration entre lecture et écriture a été amplifiée, la frontière entre les deux compétences s’est efacée.
Il me semble enfin indubitable que par rapport à une pratique sur papier, il y a bel et bien eu ce « déplacement des tensions entre fixité et ouverture, entre universalité et singularité » (1).
Bilan pédagogique global
On peut parler d’une activité réussie car elle a su fédérer les élèves, les mobiliser dans une démarche extrêmement positive, réinvestir les éléments vus en classe et valoriser leur appropriation d’un langage et d’une vision poétiques. Je reste émerveillée de la qualité de leur création et de leur enthousiasme lors de cette activité.
L’activité leur a aussi permis de faire vivre la poésie. D’une démarche traditionnellement scolaire, passive, où ils sont les récepteurs de l’objet poétique, ils sont devenus créateurs. Leur perception du genre a été considérablement « dépoussiérée » par l’activité et leur a fait prendre conscience des enjeux d’un texte poétique.
Valorisation
Le poème, entièrement retapé, a été mis en ligne sur mon site personnel qui rassemble les créations de mes élèves, d’année en année. Il a également été remis au C.D.I. de l’établissement pour affichage et il sera difusé dans le premier numéro du journal du lycée de la rentrée 2013-2014.
Pour cette valorisation, j’ai effectué quelques corrections d’orthographe sur les vers originaux ; quelques élèves ont également émis le souhait de modifier légèrement certains de leurs vers.
Prolongement éventuel
Etant en fin d’année scolaire, l’activité ne pourra être réinvestie dans une future séquence avec cette classe.
Mais c’est sans le moindre doute une activité que je reproduirai avec d’autres classes. Je souhaite toutefois l’inclure dans un projet plus vaste autour de la translittératie et du numérique. J’ai été surprise de voir à quel point les élèves s’étaient appropriées l’oeuvre et sa création. Ne serait-ce que pour leur enthousiasme, qui montrait à quel point la poésie peut être vivante, je reprendrai cette activité l’année prochaine, simplement en proposant un autre vers liminaire.
L’oeuvre créée
L’oeuvre créée, avec les noms de chaque contributeur est visible sur :
La « genèse » de l’oeuvre avec les échanges entre les participants est visible sur :
De la mer à la terre
Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Les enfants de demain aux yeux plein de mirages,
Portés par leur noble courage, front haut, cœur pur,
Feront fi de leurs peurs, tenteront l’aventure.
Nous nous embarquions donc vers de nouveaux voyages
Afin de découvrir nombre de paysages.
Tranquilles, nous rêvassions sur le pont,
Voulant toujours aller plus loin que l’horizon.
Montant doucement, ce vent gonflait là nos voiles,
Nous naviguions alors, bercés par les étoiles.
A l’aube, nous sommes partis dès le matin
Tout en voguant en direction d’un beau chemin.
De l’horizon, nous observons les oisillons.
Du soleil ! Nous nous réchaufons d’un doux rayon.
L’un d’entre nous dort, il est en train de rêver,
Et là un autre rit, apprend à espérer,
Dans l’espoir d’une arrivée tranquille et paisible
Et d’une fin des plus agréables possibles.
Le rêve ne pouvant pas se réaliser,
Nous nous devions de continuer l’épopée,
Dans le vent, le froid, nous devions persévérer.
L’entraide nous sera la meilleure alliée
Pour qu’à la fin plus grande soit la renommée.
Nuit et jour nous rêvions de mondes ignorés,
Et des îles gorgées de couleurs scintillantes
Qui nous empliraient d’émotions débordantes.
Tel un roman notre destin était écrit.
Pourtant le voyage était loin d’être fini.
Mais le commencement semblait si loin de nous,
Alors que nous pensions être proches de tout,
Pour former tous ensemble un être unique : Nous.
Sur l’île des rêves nous arrivons enfin.
Pieds sur terre, tendons la main vers le destin.
Dans ce même rêve nous étions unis,
Face au nouveau monde, notre joie infinie
Ne cesse de grandir. Un rayon lumineux
Provenant du soleil vient traverser nos yeux.
Cette île aussi belle que le divin Jardin,
Où nous mettions en route ce futur destin,
Qui nous paraît idyllique et sans limite,
Voyant les montagnes pleines d’apatite,
Cristaux sublimes aux mille éclats, nous prîmes
Le parti de monter jusqu’aux plus hautes cimes.
Le paysage éblouissant réchaufait
Nos cœurs épuisés par ce fatigant trajet.
Malheureusement il fallut se reposer
Car notre humanité nous avait rattrapés.
Réveillés par l’étrange aurore boréale
Et par le cri assourdissant d’un animal,
Crocs tranchants, regard dévorant, souffle puissant,
Nous étions pétrifiés par cet être terrifiant.
Nous devions nous en sortir ou sinon périr.
Après cette aventure, on ne peut pas mourir.
Face au courage dégagé, il prit la fuite.
Pour ne pas qu’il revienne nous nous abritons vite.
Nous étions tous cachés, à l’abri du danger.
Agressive de par la peur qui la rongeait,
Cette nature il fallait l’aider et l’apaiser,
La calmer et la soigner pour l’éternité.
Cela fait il ne restait plus qu’à espérer.
Allions-nous mourir ou vivre ? La peur nous prenait.
Là, il fallait en finir à tout prix,
Oublier et ne plus penser à tout ceci.
Puis soudain un cri retentit. Mais qu’était-ce ?
C’est l’appel d’une île que le Bien délaisse.
Notre monde était censé être si parfait,
Mais sans innocence, c’est un peuple défait.
Des adultes, voilà le vrai fond du problème,
L’innocence des enfants, voilà ce que l’on aime.
L’avions-nous perdue ou était-elle toujours là ?
Présente en notre âme, dans ce monde, ici-bas,
Cachée au fond de notre être, qui se perdait,
Epuisés, par la quête de la liberté.
Cependant toute âme peut être purifiée,
C’est l’absolution qu’il fallait réaliser.
Par notre unité nous apportâmes la paix.
Ainsi l’île connut enfin la liberté,
Grâce à notre courage et notre volonté,
La joie et les sourires furent retrouvés.
Au fond, nous savions que ça n’allait pas durer.
Nous sentions que quelque chose allait arriver.
Il était proche et il allait tout changer.
Soudain, un son répétitif et assez fort
Nous fit ouvrir les yeux et réveilla nos corps
Nous venions de sortir du ventre maternel.
Poètes : classe de 2°16 – Anaïs Salavouras, Victor Grandau, Jessica Torzuoli, Thien-Anne Sananikone, Tifany Debergue, Aurélia Ajdérian, Karen Bavré, Ester Lossi, Laure Pelissero, Theos Mariani, Thibault Boudoux, Kelly Rolfo, Aniss Karman, Syrin Bouhajeb, Mohamed Ben Hadj Sghaier, Alexandra Counille, Amani Chaabane, Alexia Claverie, Aymeric Balossi, Guillaume Lambert, Anaïs Béchu, Térence Elles, Nicolas Honquert, Stéphanie Exposito, Azer Rabah ; Michèle Caine ; Delphine Regnard ; A. Fleury, ; Amélie ; Carine Ossard ; Delphine Imbert ; Pascale Pérez... et Alphonse de Lamartine.
Note
(1) Stéphanie de Vanssay a produit un « Storify » de cette conférence qui m’a permis de suivre les tables rondes à distance, de les intégrer à ma réflexion, mais aussi de pouvoir les réutiliser pour l’écriture de ce bilan.
Le Storify est visible à cette adresse : http://storify.com/2vanssay/cultures-numeriques-education-aux-medias-et-a-l-in-1
Dernière modification le mercredi, 19 novembre 2014