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Aux Franciscaines, l’exposition sur Zao Wou-Ki couvre principalement les trente dernières années de sa vie et offre le panel de ses différents médiums et supports de création. Le peintre a notamment été admirateur de l’Impressionnisme et c’est dans le cadre du Festival Normandie Impressionniste que cette exposition aux œuvres rarement réunies est proposée. Le parcours est une découverte de l’univers de Zao Wou-Ki qui souhaitait faire ressentir le Souffle et « peindre ce qui ne se voit pas ».

Invitation à l’imaginaire

Les Franciscaines est un lieu culturel plein de vie. Cet écrin en pierre, ancien couvent des sœurs Franciscaines, accueille des salles d’exposition, une médiathèque, une salle de spectacle... Ce lieu de rencontres intergénérationnelles est très prisé par les jeunes qui aiment venir danser dans la cour centrale. L’exposition consacrée à Zao Wou-Ki (1920-2013) connaît un important succès avec des œuvres iconiques telles qu’Hommage à Claude Monet (1991). Le triptyque à la forte dimension onirique est situé au cœur du parcours, en lumière zénithale sous la grande verrière. Des pièces moins connues permettent de découvrir l’étendue du talent de cet artiste protéiforme.

Chaque galerie a sa tonalité et valorise une pratique artistique. Le Souffle créateur – influx vital en perpétuel mouvement selon la cosmologie chinoise - et la liberté artistique ont inspiré le peintre. La scénographie explore une circulation ouverte sur ses différents modes d’expression avec une mise en résonance des œuvres, d’un espace à l’autre.

Arrivé en 1948 en France, Zao Wou-Ki s’installe à Montparnasse comme de nombreux peintres étrangers. Pendant la période d’après-guerre, Paris continue à rayonner et accueille la Nouvelle École de Paris. C’est dans cette effervescence artistique que Zao Wou-Ki refuse d’inscrire son art dans la peinture traditionnelle chinoise et s’éloigne de la figuration. Par la suite, il dépasse le mouvement Abstraction lyrique en développant son propre cheminement. En France il s’initie à la lithographie, aux États-Unis il découvre les grands formats. Coloriste talentueux, il crée des atmosphères étonnantes de beauté, restant en quête de nouvelles couleurs et de leurs vibrations pour « inventer la légèreté ». Ses toiles offrent des paysages irréels qui sont une invitation à l’imaginaire.

 

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Sens cachés

Il connaît tout au long de son existence de belles rencontres artistiques à qui il rend des hommages picturaux. Près de la toile rouge flamboyante en l’honneur à son épouse Françoise Marquet (2003), sont listés les hommages rendus aux artistes qu’il admire et qu’il n’a pas connus, aux amis et aux personnes aimées de sa famille. Henri Michaux occupe une place privilégiée car il l’a encouragé quand il a décidé de se remettre aux encres.

Sous l’impulsion d’André Malraux puis de Georges Pompidou, les arts décoratifs se modernisent et la Manufacture nationale de Sèvres sollicite des artistes contemporains. Les encres deviennent l’ornement de porcelaines et de stèles. Cette pratique influence la peinture de Zao Wou-Ki qui se caractérise par une recherche de la lumière, de l’espace et du mouvement. Le silence pour ce grand mélomane est aussi une source d’inspiration : « Si l’on respecte le silence, la peinture ou la poésie deviennent beaucoup plus vivantes. »

La partie consacrée aux poètes s’étend sur une période plus longue. Zao Wou-Ki a illustré des livres de Réné Char, d’Yves Bonnefoy… Venu d’une famille de lettrés, il considère la poésie et la peinture comme des expressions de même nature : « Elles évoquent sans représenter, elles révèlent des sens cachés, ceux de l’univers. »

Toute une section présente des aquarelles sur papier dont la dernière œuvre réalisée en 2007. Dès les années 2000, le peintre devient assidu à cette technique qu’il a toujours pratiquée.

Le parcours se termine par la composition monumentale (1981) de plus de seize mètres de long réalisée pour un collège de la Seyne-sur-Mer (Var). Cette création méconnue est une commande de son ami l’architecte Roger Taillibert. Elle clôt l’exposition ô combien magique.

Fatma Alilate

Exposition Les allées d’un autre monde de Zao Wou-Ki
Les Franciscaines de Deauville
Commissariat et Direction éditoriale : Gilles Chazal, Conservateur général du Patrimoine et Directeur honoraire du Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
Scénographie et graphisme de l’exposition : Flavio Bonuccelli
Conception éclairage : Raymond Belle
Le catalogue de l’exposition est publié aux Éditions In-Fine. 25 € / 152 pages
Jusqu’au 26 mai 2024

Légendes photos :

"Hommage à Claude Monet" de Zao Wou-Ki, février-juin 1991 – Triptyque, 1991 Huile sur toile 194 x 483 cm Collection particulière Crédit photographique : Jean-Louis Losi © Adagp, Paris, 2018

Exposition "Les allées d'un autre monde" Zao Wou-Ki, Galerie Les Franciscaines Deauville © Fatma Alilate

Fresque de Zao Wou-Ki pour un collège de la Seyne-sur-Mer (Var), Exposition "Les allées d'un autre monde", Les Franciscaines Deauville © Fatma Alilate 

Dernière modification le mardi, 14 mai 2024