"Encore un texte sur la lecture", direz-vous... Peut-être, pas seulement.
Oser sortir des ornières de la pensée correcte officielle et affronter le doute... même si c’est effectivement urgent pour l’enseignement de la lecture, outil n°1 d’émancipation et de liberté, cela s’impose aussi dans d’autres domaines.
Oser sortir des ornières de la pensée correcte officielle et affronter le doute... même si c’est effectivement urgent pour l’enseignement de la lecture, outil n°1 d’émancipation et de liberté, cela s’impose aussi dans d’autres domaines.
Cherchez bien : une morale est cachée dans le le conte de Laurent...
Graphophone à la lecture, phonographe à l’écriture, par montage réflexe de « mécanismes », par dressage, voilà le sort des écoliers français depuis les origines de l’école à l’ancienne. Dans l’école traditionnelle, l’élève n’a pas besoin de cerveau, la moelle épinière suffit. Un téléphone répondeur-enregistreur ferait aussi bien l’affaire.
Les maitres croient choisir librement leurs méthodes. Mais toutes les méthodes commerciales enseignent le bruit des lettres et des syllabes. La « voie indirecte » leur est dictée par l’idéologie dominante. Ils ne choisissent donc que l’ouvrage didactique d’enseignement du « code de correspondance », celui qui leur parait le plus commode pour faire la leçon de lecture, le plus facile à mettre en œuvre.
Bonnet blanc ou blanc bonnet. Les maitres n’ont pas le choix de la voie, les élèves n’ont le choix ni de la voie, ni de la méthode.
Ensuite, la pratique quotidienne, décidée par la méthode, grave profondément dans les esprits lacroyance que c’est en syllabant qu’on apprend à lire, parce que l’écrit ne serait que la transcription graphique des sons de l’oral. Ils ignorent que ces méthodes d’enseignement ne sont pas des outils d’apprentissage, mais plutôt des livres de contes qui perpétuent la légende de sons miraculeux doués du pouvoir merveilleux de souffler le sens à l’oreille du déchiffreur, équivalent scolaire du père Noël pour les candides.
Ensuite, la pratique quotidienne, décidée par la méthode, grave profondément dans les esprits lacroyance que c’est en syllabant qu’on apprend à lire, parce que l’écrit ne serait que la transcription graphique des sons de l’oral. Ils ignorent que ces méthodes d’enseignement ne sont pas des outils d’apprentissage, mais plutôt des livres de contes qui perpétuent la légende de sons miraculeux doués du pouvoir merveilleux de souffler le sens à l’oreille du déchiffreur, équivalent scolaire du père Noël pour les candides.
Beaucoup de cadeaux toute l’année, mais ils restent dans la hotte. Les adultes sont victimes consentantes et complices innocents de la duperie, les enfants, victimes innocentes deux fois. D’abord, des cerveaux qui élaborent l’opération, ensuite, des exécutants que leur naïveté fait mentir sur le terrain. Bref, quand les adultes croient, les enfants trinquent.
Car, si la lecture s’enseigne, lire s’apprend : personne n’apprend la lecture qu’on enseigne à l’école. Et là où elle est enseignée, on n’apprend pas plus à lire qu’on apprend la lecture. Les maitres, prisonniers volontaires de la légende, retiennent leurs élèves en otages d’une théorie perverse et pernicieuse qui fabrique tous les ans 25% de non lecteurs, un quart de la population. Les autres Français apprennent à lire hors de l’école, sauf s’ils ont la chance exceptionnelle d’avoir un maitre pédagogue, libre et autonome, à qui l’absence de formation n’interdit pas de penser en résonance avec la raison, qui sait, par indépendance d’esprit et par ses recherches personnelles, que l’écrit est la représentation graphique de la pensée, une deuxième langue, visuelle. L’œil saisit directement par les indications de l’orthographe, sans détour par le son, le sens des mots, même homophones, et, dans le contexte de la phrase, même homographes.
Si les maitres de lecture découvraient, tous en même temps, qu’on apprend à lire comme on apprend à marcher et à parler, sans méthode, seulement en lisant, en lisant ensemble, en lisant du sens et non des sons, les auteurs de méthodes souffriraient énormément et devraient se retirer à la campagne avec un accompagnement psychologique.
Mais les enfants seraient heureux d’apprendre enfin avec intelligence et pour de vrai, non pour la note.
En ce jour de l’an nouveau, foin de foi !
Ne laissez plus ceux qui ont le pouvoir et l’argent et ceux qui les encensent vous présenter leurs contes ! Doutez, si m’en croyez !
Que les légendes qui profitent à ceux qui les agitent, qui colonisent vos esprits et vous brisent l’âme, se dissolvent dans l’alcool des arrosages !
Que la foi dans les fariboles s’évapore en fumeroles !
C’est tout le mal que je vous souhaite.
PS d’Eveline : Allez voir, si vous ne l’avez pas encore fait, l’article de Pierre Frakowiak : "Qu’est-ce que ça change ?", sur Educavox : une autre manière de résister aux sirènes des légendes officielles, politiquement correctes... http://www.educavox.fr/Qu-est-ce-que-ca-change
Et puis j’aime bien le commentaire dont il l’accompagne :
Pour donner toute sa place à la pédagogie,
Pour inviter à la lucidité et à l’engagement,
Pour changer vraiment en combattant le règne de l’apparence et de l’illusion,
Pour exiger un projet éducatif neuf à la hauteur des enjeux pour le 21ème siècle.
PS2 : Je reçois d’une jeune maman le devoir que son fils au CP a eu à travailler durant les vacances. Il illustre admirablement le texte de Laurent.
Attention : appliquez-vous ! Lisez bien avec vos oreilles ! Celui qui le fera sans faute aura un bon point !"
Eveline Charmeux Blog