Il ne s'agit pas d'être naïf mais de continuer à lutter contre des plateformes
Elles ne cessent d'améliorer leurs stratégies de captation d'attention et le risque avéré d'exposition à des contenus violents, et toutes les recherches scientifiques montrent que le vrai danger est moins dans TikTok ou l'IA que dans la perte du lien. Dans cette démission affective déguisée en vigilance technique.
À force de “contrôler” leurs enfants, les parents se sont débranchés d’eux.
Ils surveillent ce qu’ils ne comprennent plus, mesurent ce qu’ils ne vivent plus.
Le contrôle rassure.
Il rassure les écoles qui installent des logiciels de surveillance sous prétexte de sécurité (cas Lawrence's High Schools). Il rassure les parents qui consultent les transcriptions de peluches connectées (disponibles en France dès Noël prochain - hashtag#Curiogrem / hashtag#Grok, hashtag#FoloToy / hashtag#openai, hashtag#Moxie / hashtag#gemini). Mais cette rassurance a un prix : la confiance. Et la confiance, une fois détruite, ne se télécharge pas.
L’enfant découvre tôt que son univers numérique est scruté, analysé, filtré. Que même son jouet “intelligent” n’est pas un confident, mais un capteur. À 8 ou 9 ans, il comprend que ses mots ont été lus ailleurs — et ce jour-là, quelque chose se brise. C’est une rupture silencieuse, mais définitive : celle du sentiment de sécurité intérieure.
C'est le pilier de son développement qui se trouve atteint, ouvrant grande ouverte la porte à la défiance future de toutes formes d'institutions. Un vrai risque démocratique.

Serge TISSERON a raison : c’est une catastrophe affective annoncée.
Et Anne Cordier l’a parfaitement résumé : la “panique morale” des adultes dit plus de leur angoisse que du risque réel. Les jeunes ne demandent pas qu’on les protège de tout ; ils demandent qu’on les écoute vraiment.
Le défi n’est pas de les surveiller mieux, mais de les accompagner autrement.
De réapprendre à s’intéresser sincèrement à ce qu’ils font, à ce qu’ils ressentent, à ce qu’ils inventent dans ces espaces numériques que nous jugeons sans les habiter.
Pour le reste, la loi de 2023 sur la majorité numérique est suffisante et doit désormais être appliquée.
Il est temps de retourner la caméra : que les parents se forment, non pour limiter, mais pour comprendre.
Qu’ils s’autorisent à redevenir curieux.
Qu’ils remplacent la peur du contrôle par le courage du lien.
Parce que dans un monde saturé de données, la seule donnée vraiment perdue, c’est la relation.
Sur Youtube EducaVox :
Le blog de Serge Tisseron : https://sergetisseron.com/
Thierry Taboy : Le mirage du « Chat Control »
Dernière modification le lundi, 10 novembre 2025

