Elle nous décrit les investissements réalisés dans son lycée ; consciente que la numérique est essentiel pour le développement d’un établissement, elle doit mener de front « cette course au matériel », avec les problèmes quotidiens de la communauté éducative, mais aussi avec les autres investissements obligatoires induits par l’application des réformes de l’Etat.
Le lycée compte des séries générales (pour trois quarts des élèves), une série sciences et technologies de la gestion, des séries professionnelles et deux sections BTS dans le domaine du tertiaire.
Un contexte social très contrasté avec une majorité d’élèves issus de "classes défavorisés" qui cohabitent avec des milieux plus aisés, ne rend pas non plus la gestion "au quotidien" très aisée.
En ce qui concerne le numérique, le lycée est doté d’un parc de 500 ordinateurs et depuis la rentrée 2011, un magnifique laboratoire de langues dernière génération (Kallylang), installé avec des iMacs, qui a mobilisé près des trois quarts de l’investissement global du lycée.
Au départ, ce devait être une salle de visioconférence, le lycée Jean Monnet mettant l’accent sur l’ouverture européenne (il compte d’ailleurs des classes européennes) ; cette salle aurait été reliée au labo de langues existant, mais « on ne peut pas installer une visioconférence "dernier cri" sur un labo de langues dépassé », souligne Madame la Proviseur.
Un investissement comme celui-là n’est cependant pas habituel, comme le souligne Myriam Gennari, gestionnaire du lycée. Consciente que le numérique doit être une préoccupation, même si Madame la Proviseur pense que la formation dispensée aux enseignants et qui va de pair avec ces outils reste insuffisante, le budget du lycée doit aussi servir pour d’autres investissements nécessaires pour ne pas dire obligatoires.
Elle cite comme exemple : « La réforme du baccalauréat secrétariat et comptabilité devenant gestion et administration pour la rentrée 2012 implique des investissements lourds, d’une part dans des ordinateurs performants mais aussi dans du mobilier, une réorganisation des salles avec aménagement de parois vitrées »(…)
Sans parler du fait que les outils numériques sous-entendent une maintenance régulière. Maylis Laferrere nous explique que ce sont les ATPR (Assistant technique pour le réseau) qui assurent la maintenance des 500 machines. Plus précisément un seul ATPR qui est détaché du Centre départemental de documentation pédagogique à Angoulême et donc ne s’occupe pas uniquement du lycée Jean Monnet ; ce qui est très insuffisant.
Il intervient en cas de problème sur le réseau administratif, mais pas seulement. Le matériel subit régulièrement des dégradations des élèves (souris arrachées, touches de clavier inversées). « A partir du moment où l’ATPR est appelé pour réparer ces dégradations, il n’a plus de temps pour de nouvelles installations ou configurations, c’est un facteur bloquant », ajoute Maylis Laferrere.
« La maintenance est un point faible ». Mme Le Proviseur souhaiterait à l’avenir pouvoir avoir un ATPR dans son lycée, « ce qui ne serait pas du luxe avec 500 ordinateurs et une filière professionnelle »(…).
Le maître mot du ressenti de Maylis Laferrere en tant que proviseur sur les difficultés auxquelles elle est quotidiennement confrontée est aujourd’hui : l’adaptation, notamment aux différentes réformes de l’Etat : « La principale difficulté d’un établissement est de s’adapter sur le terrain à des réformes dont on entend parler depuis un certain temps mais dont l’organisation précise nous est connue très tard. Que ce soit pour les collectivités ou pour nous, ces réformes sont difficiles à mettre en place et cela crée des tensions au sein des équipes de devoir réaliser tout très vite ».
Elle ajoute enfin, « vous savez, les enseignants croient toujours en ce qu’ils font », en référence sans doute à la "soi-disant" démotivation des professeurs qui fait écho aujourd’hui.