L’élève a quelque chose de cette matière brute qui se disperse dans tous les sens et qui parvient difficilement à la forme. Un élève se verticalise, se lève, grâce à ce rapport au savoir. Vieil idéal républicain : faire confiance au maître-d’oeuvre.Filtrage matinal à la port du lycée.
Le proviseur pointe les horaires, car l’heure, c’est l’heure. La sonnerie...deux : la première, porte de cours ouverte, la seconde, on ferme. Elle fait cours, avec comme contrôle la réaction de élèves. Si cela passe c’est gagné, sinon ce sera dur... Puis cela s’enchaîne...les parents d’élèves qui se mêlent de donner leur avis en matière d’apprentissage et de connaissance (est-ce que moi je vais vérifier le boeuf que mon boucher reçoit, la formation des postiers, et que sais-je encore ?), la nécessité de justifier l’intérêt pédagogique de son travail pour obtenir des financements en vue d’un projet, c’est normal, ou quand un élève échoue - car tout le monde sait que les parents sont compétents en matière de notation et de formation - , l’image médiatique qu’on lui renvoie : la violence au quotidien. Certes, il y a violence mais pas celle que l’on croirait... ..
.Avant les profs étaient des nantis, maintenant ils sont tous des Indiana Jones de ZEP...ou des Survivors d’une école qu’on ne cesse de dire en déroute, peut-être tout simplement parce que elle est encore fidèle à son étymologie : espace de liberté, tel est le sens du mot Skole. Quelle violence ? Celle de ces strates administratives mais aussi, et on en parle trop peu, la violence de l’opinion.En cette période du tout numérique, le prof est désuet, ou alors un Mike Gayvor des MOOC, tablettes et mots techniques variés qui rendent le "développeur" premier au top du dépannage, et le prof, branché....
Au milieu de la journée notre prof découvre que son traitement, car ici on ne parle pas de salaire, lui sera versé avec du retard...Il lui faudra bricoler...
Elle se dépêche, rentre vite car elle vient de se rappeler qu’il lui faut remplir le cahier de texte en ligne. Les parents surveillent.
Elle a quel âge la prof ? peu importe, c’est ainsi pour tout le monde ?
Oui c’est aussi cela le prof : du travail à toute heure, du matériel pas toujours d’actualité, des comptes à rendre...et parfois si on a le temps, on lui dit : ce fut cool votre cours. Là elle sourit. Un cours est humain d’abord. Un échange de regards, d’implicite...c’est vrai, elle avait fini par l’oublier.
Dernière modification le lundi, 07 juillet 2014