fil-educavox-color1

"Le numérique nous ramène à l’humain, la réponse à la machine c’est l’humain "
C’est certainement le journaliste qui connaît le mieux le système éducatif français.
Emmanuel DAVIDENKOFF est Directeur de la Rédaction du magazine l’Etudiant, et chroniqueur sur France Infos.
Il vient de publier un des trois ou quatre livres qu’il faut avoir lu à cette rentrée scolaire - Le tsunami numérique, chez Stock - qui pose la question : Education, tout va changer ! Etes-vous prêt ?
Loin d’être catastrophiste, Emmanuel DAVIDENKOFF y décrit avec beaucoup de lucidité la révolution qui impacte la société et donne quelques idées qui peuvent permettre de réinventer l’école.
Fin connaisseur des arcanes qui font la spécificité de ce " grand navire" si difficile à "diriger", il ne cesse d’interroger celles et ceux qui participent à son évolution voire anticipent son bouleversement dans ce nouvel écosystème culturel et technologique que constitue la société numérisée.
Son expertise, son regard prospectif et sa liberté de ton le font ainsi apprécier des organismes qui relaient l’information mais aussi de structures de formation comme les universités et grandes écoles mais également l’Ecole Supérieure de l’éducation Nationale.
Bien connu pour organiser les traditionnels salons qui accueillent élèves, étudiants, parents à la recherche d’informations et de solutions pour ce qui est vécu comme un événement majeur de la vie de lycéen et d’étudiant, l’orientation scolaire, le magazine l’Etudiant ne peut que s’interroger en permanence sur les métiers qu’exerceront ces jeunes dans les années à venir quand on sait que70% des professions à venir seront nouvelles et pratiquement inconnues aujourd’hui.
C’est à l’Université Virtuelle Lyon 3, lors des Journées du eLearning que je réalise cette interview à la suite de la conférence qu’il donne sur le thème : "contrôle de connaissances ou acquisition de compétences".
Et les questions qu’il pose d’emblée ne sont pas innocentes. Comment ne pas être interpellés par le fait que seule 4% de la valeur du dernier smartphone en vogue sur le marché va vers le pays qui le fabrique ?
Il est évident que dans la compétition économique du marché mondial, la connaissance joue un rôle déterminent. Elle s’impose comme la " monnaie " d’échange du XXIe siècle affirme Drew Gilpin Faust la Présidente de l’Université Harvard. Investir dans la connaissance participe ainsi à la création de richesse, au développement économique et à l’indépendance d’un pays. Et le numérique est un formidable levier de création d’intelligence. La plupart des pays de l’OCDE l’ont parfaitement compris et investissent dans cette nouvelle école.
La troisième révolution de l’Internet ( le Web 3.0 ) qui voit se développer le Web des objets et le Web sémantique impacte déjà le monde industriel et professionnel.
Tout comme l’ordinateur a modifié quasiment tous les emplois, l’évolution du numérique avec l’irruption des "cyberobjets" fruits des technologies de l’intelligence artificielle et du "Big Data" va rapidement toucher des professions dont on pouvait penser il y a quelques années qu’elles étaient protégées.
Emmanuel Davidenkoff prend l’exemple des avocats, des médecins, des enseignants … Et interroge : demain, les robots deviendront-ils avocats, médecins … ?
On monte bien déjà dans des métros sans chauffeurs ; les avions peuvent très bien voler sans que le pilote intervienne ! Et l’industrie automobile ne cesse de progresser pour faire de la voiture déjà devenue le premier terminal connecté – avant le smartphone-, un outil de transport autonome.
Alors que vont devenir ces métiers qui nécessitent une formation à minimum bac +5 ? Vont-ils disparaître ? Ou doivent-ils évoluer ? Pour Emmanuel Davidenkoff, il faut, en repensant les formations " mettre l’accent dans ce qu’il y a d’irréductiblement humain dans ces professions".
Alors,
Comment va évoluer le métier d’enseignant ? Et quelle école pour demain ?
Une partie du métier de l’enseignant peut être aujourd’hui automatisé… "tout ce qui est standardisable pourra être en partie délégué à la machine. Mais il reste la relation à l’élève et son accompagnement , et la capacité à porter le projet de société de l’école."
Une école où la pédagogie " fait une large place à ce que les machines ne font pas " , tournée "vers la créativité , la collaboration …"
A l’image des écoles Waldorf- Steiner qui accueillent dans le monde 250 000 élèves dans 1000 écoles et plus de 2000 jardins d’enfants et dispensent une pédagogie dont Jack Lang affirmait qu’elle a " beaucoup contribué, différemment, mais dans un esprit qui n’est pas éloigné du mouvement Freinet, à faire bouger l’école » en souhaitant « que dans l’école future dont nous parlons aujourd’hui, ces mouvements de réflexion sur la pédagogie seront beaucoup plus présents dans le système officiel ".
Ces écoles où les cadres de la Silicon Valley scolarisent leurs enfants sont des écoles sans écrans.
Mais affirme Emmanuel Davidenkoff : " les enjeux majeurs de la mutation numérique peuvent se passer d’écrans. "
A méditer !
Claude TRAN

Dernière modification le jeudi, 05 février 2015
Tran Claude

Agenais de naissance Claude TRAN a été professeur de Sciences Physiques en Lycée, chargé de cours en Ecole d’Ingénieur, Inspecteur pédagogique au Maroc, chef d’établissement en Algérie comme proviseur du lycée français d’Oran ; en Aquitaine il dirigera les lycées Maine de Biran de Bergerac, Charles Despiau de Mont de Marsan et Victor Louis de Talence. Il a été tour à tour auteur de manuels scolaires, cofondateur de l’Université Sénonaise pour Tous, président de Greta, membre du conseil d’administration de l’AROEVEN, responsable syndical au SNPDEN, formateur IUFM et MAFPEN, expert lycée numérique au Conseil Régional d’Aquitaine, puis administrateurà l'An@é, actuellement administrateur Inversons la classe, journaliste à ToutEduc, chroniqueur à Ludomag.