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Une tendance serait de confier à l’enseignant la part psychosociale qui fait partie de l’éducation de l’enfant de l’adolescent et du jeune adulte. 

Cette tendance confond la partie de la  formation  des enseignants concernant la sociologie, la psychologie, l’ethnographie et de leurs multiples interactions.

Cette partie de la formation a pour finalité de permettre aux enseignants une appréhension des personnalités et des groupes sociaux qui leur sont confiés. Elle facilite l’organisation des activités pédagogiques ou andragogiques qui permettent le fonctionnement des méthodes didactiques qui concernent l’enseignement.  Elle est un facilitateur et permet une approche compréhensive.

Quelle finalité pour l’action d’éducation ?

Au cours de l’histoire, la finalité dominante était de former la génération montante aux normes  de son appartenance sociale ou hiérarchique ce qui fut largement partagé par l’ensemble des régimes politiques dans le monde : la finalité était instruire, intégrer.

A l’époque de la pensée démocratique et compréhensive qui reconnaît la différence au sens d’Albert Jacquard, la pensée complexe d’Edgard Morin, l’ethno psychologie de Devereux et Toby Nathan, l’éducation consiste  en l’appréhension par le sujet de sa propre personnalité, de ses comportements, de ses propres normes et de celles de sa cellule d’appartenance. L’éducation met en synergie les caractères singuliers de chacun avec les singularités des autres, les comportements de son environnement social,  les normes de la construction politique qui structure la société dans laquelle il vit.

L’éducation est un lieu de dissensus, de confrontation au sein duquel le sujet se construit progressivement pour apporter sa singularité à la société en appréhendant puis en comprenant la valeur constructive de son environnement. Donc chaque élément est une partie de lui-même et du tout.

Quelle finalité pour l’enseignement ?

L’évolution des apports scientifiques sur l’ensemble des activités humaines nécessite que la population soit informée et formée sur les différentes approches qui permettent d’élaborer des propositions cognitives.

Tel est la finalité de l’enseignement.

L’enseignement consiste à mettre en œuvre les méthodes les plus adaptées pour transmettre au plus grand nombre ce qui est commun d’appeler des connaissances ainsi que leurs genèses, leurs évolutions et leurs applications.

L’enseignement est la représentation d’acquis cognitifs qui ont été élus par la décision politique ou sociale.

Il se prête donc à une évaluation qualitative et quantitative : Dans un premier temps, ce qui a été représenté est- il par un public à nouveau présenté ? Dans un second, produit-il un modèle évolutif ou de rupture par une succession de confrontations avec d’autres représentations issus soit du milieu scientifique soit d’autres origines ?

L’enseignement est la représentation cognitive d’analyse référenciée de la matière et de l’humain

L’éducation a pour finalité l’expression par le sujet de ses propres convictions, de son propre vécu, mais aussi l’expression de ces difficultés à construire son propre chemin vers la compréhension de son environnement, pour une pratique de la reconnaissance des autres par l’altérité, d’une approche constructive et critique des normes qui structurent la société dans laquelle il vit.

Espace de l’expression de l’intime, du vécu, de ses difficultés, l’éducation est faite de paroles libres, d’énoncés de l’intimité. Elle a pour base la confiance et le secret de la parole dite dans ce temps et ce lieu, elle échappe de ce fait à toute évaluation.

L’éducation est l’expression de la Vie.

Quel rapport entre l’éducation et l’enseignement ?

Lucien Sfez dans son ouvrage sur la communication, espace commun à l’éducation et à l’enseignement, propose :

 « Expression et Représentation : deux visions du monde social, chacune trouvant dans l’autre compensation à ses limites. »[1]

Si la communication concerne l’éducation et la formation, la finalité de l’un et l’autre est le lien social. Nous constatons que, bien que profondément distincts dans leur processus, il font partie d’un même tout dont ils sont porteurs en introduisant le débat et en se produisant l’un l’autre.

Leur différence dans les finalités mises en œuvre, dans les processus des actions, dans la place de l’endogène et de l’exogène en font  deux  espaces qui mobilisent des activités d’acteurs dont les tâches sont distincts enseigner, éduquer et pourtant ces deux tâches sont en permanentes interactions.

Alain Jeannel

 


[1] Sfez Lucien, Critique de la communication, Seuil, 1988, p.91.

Dernière modification le vendredi, 16 février 2018
Jeannel Alain

Professeur honoraire de l'Université de Bordeaux. Producteur-réalisateur. Chercheur associé au Centre Régional Associé au Céreq intégré au Centre Emile Durkheim. Membre du Conseil d’Administration de l’An@é.