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Publié par Michel GUILLOU sur son blog neottia - L’observation des contenus des Plans successifs de formation, dans les académies, et, notamment, de l’offre disciplinaire dans le second degré, est l’occasion renouvelée de surprises et d’étonnements. 

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D’abord parce que, contrairement à ce que l’on entend çà et là, ces offres conservent une bonne densité et une bonne diversité. Tant mieux ! Ensuite parce que l’offre disciplinaire, pour ce qui concerne le numérique, semble complètement à côté du sujet.

 

Le tableau ci-dessus montre une partie de l’offre proposée dans une grande académie francilienne aux professeurs. Il s’agit de stages disciplinaires à inscription individuelle dans le chapitre « Accompagner l’engagement dans les usages du numérique ». 

 

Cet objectif de formation est clair : il s’agit pour chacun de s’engager résolument dans une pratique professionnelle qui prenne en compte le numérique. C’est, à mon avis, parfaitement adéquat aux besoins des professeurs des collèges et des lycées.

 

Premier et bon point : ce catalogue propose, dans ce chapitre, des formations transversales. Sont assignés à ces dernières des objectifs pédagogiques généraux qui permettent aux professeurs, quelles que soient leur discipline d’origine, d’acquérir des compétences techniques mais aussi sociales et citoyennes qui leur permettent, d’une part, de mettre en œuvre le numérique dans leur enseignement, d’autre part de confronter cet engagement à celui de collègues d’autres disciplines. 

 

Les inspecteurs pédagogiques régionaux, qui sont souvent à l’origine de la conception et de la cohérence des offres de leurs disciplines respectives, proposent de leur côté un catalogue clientéliste qui montre une véritable fascination pour les seuls objectifs techniques au détriment des objectifs disciplinaires.

 

Fascination pour les objectifs techniques et clientélisme ? Comment comprendre autrement, dans les intitulés, la multiplication des mentions de l’acronyme « Tice » ? Pire ! Comment comprendre qu’on puisse faire du multimédia en histoire-géographie et de l’informatique en éducation musicale ? On se croirait revenu 15 ans en arrière, à la fin du dernier millénaire !

 

La bonne question est : comment est-il possible, en 2012, de ne pas présenter de documents qui intègrent tous les médias disponibles en histoire-géographie, ou de ne pas utiliser de logiciels ou d’instruments numériques en musique ? Pourquoi faut-il en faire la mention explicite dans un intitulé de stage ?

 

Cette conception technophile et arriérée de la formation disciplinaire est incompréhensible ! 

 

Pour reprendre les intitulés ci-dessus, est-il possible en 2012, d’enseigner les lettres, et, par exemple, la pratique de l’oral sans un engagement numérique ? Est-il possible, aujourd’hui, d’enseigner la géométrie sans utiliser les excellents logiciels qui permettent de le faire ? Est-il possible d’enseigner quelque matière que ce soit sans qu’à aucun moment, on ne se préoccupe de ce que le numérique peut apporter à l’enseignement soi-même et à la réussite des apprentissages ? Pour ma part, je ne le crois pas.

 

La formation, sous l’impulsion, la responsabilité et le pilotage des cadres pédagogiques gagnerait à s’affranchir de cette fascination pour la technique de telle manière à se recentrer sur les seuls objectifs disciplinaires fondamentaux.

 

Je rêverais d’un nouveau Plan de formation — national, académique, en présentiel ou en ligne, peu importe ! — qui présenterait dans son catalogue, d’une part des formations disciplinaires avec des objectifs strictement disciplinaires, d’autre part des formations transversales qui permettraient, si besoin, quelles que soient les disciplines, aussi bien l’appropriation des outils (tableaux numériques, baladeurs, ordinateurs, tablettes, etc.) des techniques (baladodiffusion, production collaborative en ligne, mise en place d’une web radio, construction d’un diaporama, conduite d’une classe numérique, etc.) que l’acquisition des compétences sociales, citoyennes et même culturelles nécessaires pour les mettre en œuvre.

 

Mon raisonnement vaut aussi pour les référentiels de compétences et il conviendrait, peut-être, de réfléchir à la manière de faire disparaître, à terme, la compétence 4 du socle commun de connaissances et de compétences et donc le B2i, devenu inutile. 

 

Réfléchissons-y, c’est peut-être enfin ainsi que l’école fera sa révolution numérique. Je vous en reparle bientôt.

 

Michel Guillou @michelguillou 

Crédit photo : jezaroul via photo pin cc

    
Dernière modification le mardi, 18 novembre 2014
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