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Telle est formulée, à quelques nuances près, la proposition n° 80 du rapport d’information déposé par la Commission de « réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique » de l’Assemblée nationale remis jeudi 8 octobre à Claude Bartolone qui préside cette dernière. Les rapporteurs ont rappelé que le Conseil d’État avait jugé, le 10 juin 2009, « qu’en l’état actuel des moyens de communication et eu égard au développement généralisé des services de communication au public en ligne ainsi qu’à l’importance prise par ces services pour la participation à la vie démocratique et l’expression des idées et des opinions », l’exercice de la liberté de communication et d’expression, protégée par l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, impliquait la liberté d’accéder à Internet.

La question de savoir si cette liberté, ainsi reconnue par le Conseil, constitue un nouveau droit fondamental n’est cependant pas tranchée, regrettent les rapporteurs qui, après de longs développements dont je vous fais grâce — je vous recommande néanmoins la lecture attentive de ce long et riche rapport —, formulent l’excellente recommandation n° 79  de « reconnaître aux plans national et européen le droit d’accès à internet comme condition d’exercice de plusieurs droits fondamentaux ».

Acquérir les connaissances et les compétences nécessaires élémentaires pour exercer ce droit

Très logiquement, nos rapporteurs ont voulu enrichir cette dernière recommandation d’une autre qui lui est complémentaire, à laquelle je faisais référence en tête de ce billet et qui a inspiré son titre :

« Recommandation n° 80
Afin de renforcer l’effectivité du droit d’accès à l’internet, instituer un droit pour chacun d’accéder à la « littératie » numérique. »

Comment, en effet, exercer ce droit d’accès et les droits fondamentaux qui lui sont associés quand on n’a pas acquis les connaissances et les compétences nécessaires à cela ? Exercer sa liberté d’expression, ça doit impérativement s’apprendre à l’école, proposais-je en janvier dernier, suite aux événements que vous savez (1). Il en va de même de cette liberté d’accès à Internet qui doit faire l’objet d’un enseignement transversal aux disciplines, cela va de soi, mais qui pourrait trouver sa place dans l’enseignement d’éducation aux médias et à l’information (EMI) sur lequel planche difficilement le CSP.

Il s’agit, par ce moyen, d’accéder à une littératie numérique globale, qui s’enrichit des littératies médiatique et informationnelle, support d’une culture numérique commune à chaque citoyen. Comme le dit à juste titre le rapport en référence, l’objectif est bien de réduire les inégalités et de ne pas aggraver, par un illettrisme numérique, les fractures sociales existantes et les exclusions.

Les enjeux du numérique pour l’école sont d’abord citoyens et culturels

L’heureuse occasion m’a été donnée d’aller voir Vesoul. En effet, l’atelier Canopé local m’a aimablement invité à dire, devant de nombreux professeurs et cadres du département de Haute-Saône et de l’académie de Besançon, quels étaient, à mon avis, les enjeux de la rencontre compliquée de l’école et du numérique. J’en ai fait une liste non exhaustive que j’ai essayé de mettre en perspective des chantiers en cours pour l’école numérique.

Comme les parlementaires de la Commission de « réflexion et de propositions sur le droit et les libertés à l’âge numérique », j’ai moi aussi proposé de porter l’accent sur l’acquisition d’une « culture commune et d’une citoyenneté en prise et en accord avec leur temps qui s’imprégneraient et s’enrichiraient du numérique ». J’ai rappelé qu’au-delà de l’outillage et de la technologie, il y a surtout du lien, du partage et des relations humaines. J’ai dit encore que l’Internet devait d’abord être un réseau de sujets avant d’être un réseau d’objets, qu’il convenait d’apprendre ensemble en croisant les pratiques et les regards, pour former les jeunes citoyens prêts à entrer dans la société de demain. J’ai proposé enfin, moi aussi, que les enseignements s’imprègnent de cette littératie numérique avant tout humaniste, culturelle et sociale.

Une fois de plus (2), j’ai enfin proposé que publier, liberté offerte aujourd’hui à chaque citoyen, d’autant plus aisément s’il dispose d’un droit permanent d’accès à l’Internet, devienne une compétence fondamentale comme lire, écrire ou compter.

Vous trouverez ci-dessous l’intégralité du diaporama que j’ai présenté ce jour-là. Faites-en bon usage !

 

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Crédit photo : Pixabay sous licence Creative Commons CC0

  1. La liberté d’expression doit impérativement s’enseigner http://www.culture-numerique.fr/?p=2562
  2. Socle : tous les élèves doivent savoir publier http://www.culture-numerique.fr/?p=843
Dernière modification le jeudi, 04 février 2016
Guillou Michel

Naturaliste tombé dans le numérique et l’éducation aux médias... Observateur du numérique éducatif et des médias numériques. Conférencier, consultant.