Position du/des problèmes
1/ L’orientation des personnes
Depuis le début du XXe siècle, l’orientation est devenue une affaire d’état.
Après être née dans le champ professionnel, elle fut rattachée au ministère de l’éducation nationale. La structuration de notre système scolaire a nécessité la mise en place de procédures d’orientation pour gérer la circulation des élèves en son sein, la formation professionnelle ayant été intégrée après la seconde guerre mondiale dans l’éducation nationale. La fonction d’orientation des élèves attribuée au collège l’a empêché d’être réellement unique, et de prendre réellement pour objectif le socle commun.
Depuis les années 90, une autre fonction de l’orientation s’est formulée (soutenue par l’Europe), celle non pas de gérer la circulation interne des élèves, mais celle de préparer nos jeunes à être capables de se gérer dans un monde de plus en plus incertain, tant sur le plan économique (instabilité de l’emploi), que technologique (transformation des activités et des formes de travail). La grande difficulté actuelle tient à ce que ces deux fonctions sont « contradictoires », et ne peuvent exister ensemble ou très difficilement. Le choix, sans doute nécessaire de la deuxième suppose de supprimer la première.
J’ai déjà abordé la nécessité de la suppression des procédures d’orientation et de la fonction d’orientation attribuée au collège dans mon blog. C’est une nécessité pour pouvoir engager une réelle réforme du système scolaire. La question alors se posera dans le « deuxième secondaire » qui inclue nos trois voies de formation (générale, technologique et professionnelle). Il y aura donc nécessairement à repenser la configuration de cette partie du système, et à concevoir l’orientation et l’affectation vers les différentes voies selon peut-être d’autres modalités que celle des procédures actuelles.
2/ L’aide aux personnes
L’autre problème de l’orientation, c’est l’aide aux personnes pour les accompagner dans les différentes tâches à exercer pour s’orienter dans un monde à la fois incertain mais aussi de plus en plus complexe.
Notre histoire, ou notre tradition, a fait que cette fonction se trouve exercer par une multitude d’organismes, pour la plupart officiels (mais ce domaine devient également de plus en plus marchand). Certains de ces organismes sont chargés d’appliquer des « mesures de traitement » de publics particuliers. L’Europe, là aussi a préconisé l’idée de développer un ou des services d’aide aux personnes, à la disposition du public. En France cet objectif est engagé avec la mise en œuvre du « service public d’orientation tout au long de la vie » par le DIO (Délégué à l’information et à l’orientation). Il s’agit de favoriser la coordination localement des organismes d’orientation dans cette perspective. Actuellement l’impulsion administrative est sous la responsabilité du préfet. Sans doute, la question de la coordination se posera au plus près du local : la région, la coordination d’agglomération, etc ? Mais il faut savoir que les différents organismes, et leurs personnels sont très inquiets par ce mouvement, et craignent, fusion, disparition, réduction des personnels, dépendance vis-à-vis du « local », etc…
Mais sur cette thématique de la « coordination locale » existe une autre perspective, celle de la coordination des actions d’aide à l’orientation sur un territoire. Ce qui suppose des accords sur des objectifs d’actions et des objectifs de résultats des différents partenaires.
Ainsi deux thématiques se croisent au niveau local :
- services aux personnes vs actions auprès des personnes ;
- affaire d’état vs affaire locale.
Une des difficultés touche, pour ce qui concerne l’éducation nationale, à ce que les mêmes personnels sont concernés par les deux problèmes. Et ces deux problèmes sont de nature différente : l’un touche à l’organisation et au fonctionnement de notre système scolaire (et derrière à toutes les pratiques pédagogiques qui en découlent), et l’autre à une fonction sociale touchant toute la population locale (et par là aux différentes conceptions de politique locale).
Un point de rencontre des deux thématiques
Dans le cadre de l’évolution de la structuration du système scolaire, que nous avons indiquée dans notre premier point, que la fonction d’aide à l’orientation des élèves sera également nécessairement à redéfinir. En sachant que cette fonction d’aide ne peut être efficace que dans un environnement où la contrainte administrative est suffisamment abaissée, ce qui suppose au moins trois leviers :
- une réduction du jugement des enseignants au profit d’un réel conseil ;
- une offre de formation suffisamment étendue mais aussi modifiable ;
- une coordination des partenaires locaux (de services et d’actions).
Et tout ceci se doit d’être centré sur la demande des familles et des jeunes et non sur le « bon » fonctionnement de la circulation des élèves. Cette réorganisation de l’aide on le voit touche aux deux points traités ci-dessous. Les personnels d’orientation seraient alors positionner en tant que coproducteurs de l’accompagnement des jeunes (et leurs familles) dans leurs parcours scolaire et social, ils auraient à développer de nouvelles compétences à propos des ressources éducatives. D’autres pratiques que celle des journées métiers, forums, carrefours et autres nuits de l’orientation permettraient une autre identification de l’orientation et de ses professionnels.
Quelques développements de ces thèmes
Sur mon blog, il y a plusieurs billets touchant en particulier au premier thème :
- « Les procédures d’orientation : préparation à l’orientation tout au long de la vie ? »
- « Conséquences du collège unique »
- « La résistance des procédures d’orientation, jusqu’à quand ? »
On trouvera d’autres billets à propos du « service public d’orientation » en sélectionnant le tag « SPOTLV ».
Bernard Desclaux