" La liberté de choisir son avenir professionnel ", passe par celle de choisir ses études et sa formation ……
Pour se faire, les usagers doivent avoir un libre accès à une information objective et neutre, indépendante des groupes de pression économiques et bénéficier, s’ils le souhaitent, d’un accompagnement dans la durée, en ayant recours aux services d’un " Conseiller ", personnel qualifié du Service Public.
La liberté de choisir n’est pas innée et il est malhonnête de le laisser croire dans l’intitulé du projet de loi. C’est une construction qui s’acquiert par un travail mental (le travail du Conseil) avec l’aide d’un professionnel dont c’est le métier, surtout pour les jeunes qui ne disposent pas de soutiens familiaux. Par ailleurs, il n’est pas honnête de parler de " Liberté de Choisir ", quand les décisions d’orientation qui découlent des procédures actuelles, échappent à un nombre très important de jeunes et de familles.
" La liberté de Choisir " passe donc par la reconnaissance du pouvoir de décider, accordé aux jeunes et aux parents, encadrés et accompagnés par un authentique " travail de Conseil ", qui prend alors tous son sens et éventuellement, par un soutien Psychologique.
Mais le gouvernement ne veut, ni de l’un, ni de l’autre : Il veut garder le pouvoir sur le parcours scolaire des individus (retour du redoublement sur décisions du chef d’établissement) et éliminer les personnels d’Orientation, susceptibles d’éclairer le sujet dans sa recherche et son exploration de l’univers des formations et des métiers. Pour cela, il veut fermer les CIO, lieux public et indépendant des pressions économiques, espace très riche de ressources informatives, " contenant " des entretiens d’informations et de conseil, garant d’une neutralité et d’une écoute bienveillante et rigoureuse.
Le gouvernement joue sur la mauvaise image des services d’Orientation, que les gouvernements successifs ont laissé installer, pour mettre en place un autre système d’Orientation, piloté par les Régions et les Branches professionnelles, qui sera, évidemment une " Orientation sous influences " …..
Jusqu’à présent, le travail de Conseil en Orientation, consistait à confronter la demande et le questionnement d’un sujet sur son avenir, aux réalités de son environnement économique et social, de lui donner des outils de compréhension du réel et de conscience réflexive de soi et de ses actes. » Orienter sous influences » est une autre approche qui se réfère à une logique de l’offre et des besoins économiques …
Mais ne parlons pas alors de " liberté de choisir " ! Ce que j’affirme, en m’appuyant sur 40 années de pratique du Conseil en Orientation, c’est qu’une telle approche se heurtera à une autre réalité et à d’autres besoins : Ceux des personnes, qui cherchent une " réalisation de soi " et veulent exercer un " pouvoir sur leur vie "…Et, généralement, ces personnes ne se satisfont pas des tentatives d’influences sur leur désir d’avenir : Cette approche est donc illusoire et ne résistera pas à l’épreuve du réel des désirs singuliers, qui pourraient bien, un jour, se traduire collectivement.
En assignant à résidence, dans les établissements, les PsyEN, au service des chefs d’établissements, le Ministère dénature leur fonction et dévoile ainsi ses véritables intentions : Ces Psychologues seront les " Chiens de garde " d’un système d’éducation et de formation qui n’aura d’autre finalité, encore plus qu’aujourd’hui, que de dégager une élite sociale et culturelle (intention latente) tout en communiquant sur la " liberté de choisir son avenir " (Intention manifeste) auprès des exclus .
C’est un procédé malhonnête et une régression éducative et sociale majeure : J’espère que les enseignants et les parents d’élèves n’en seront pas complices.
Jean-Marie Quairel
Article publié sur le site : http://blog.educpros.fr/bernard-desclaux/2018/04/05/la-liberte-de-choisir-son-avenir-professionnel-par-jm-quairel/