Pourtant, nous parlons bien d'êtres humains qui vivent à côté de nous, vous en trouverez partout en France et certaines régions, plus pauvres que d'autres sur le plan économique, en comptent énormément.
Souffrant du mal-logement, de problèmes de santé, du chômage, de l'illétrisme, de l'endettement, touchés parfois par la dépression et les problèmes d'alcool, ces gens accumulent les difficultés au point qu'ils ont touché le fond de l'abîme depuis un bon moment. Mais ils se cachent pour souffrir en silence et ne sont plus qu'un chiffre, lui aussi bien abstrait, sans signification et pourtant effrayant, car on parle là de 9 millions de personnes représentant ainsi ce fameux Quart Monde, soit près d'un sixième de la population française.
Pourquoi sont-ils rejetés, oubliés, délaissés, même si des associations ou de simples citoyens leur viennent en aide spontanément ?
Et bien, inconsciemment, ces pauvres représentent l'échec, la honte, le déclassement et notre société du paraître ne peut pas le supporter. Dès lors, ces êtres humains ne sont "qu'une peste sociale" qui défigure notre monde moderne où le matérialisme, la réussite individuelle sont bien devenues hélas les seules "valeurs" absolues. Alors, les sacrifiés de la société n'ont plus leur place dans ce monde si pâle, si égoïste, si indifférent et il n'est surtout pas question d'arrêter le train fou du modernisme et de l'activisme pour tenter de les récupérer, ce serait perdre du temps inutilement ! Vous n'existez aujourd'hui que si vous avez les moyens de consommer, de vous payer le dernier gadget à la mode, etc... Si, par un coup du sort, vous tombez parterre, vous devez vous retirer du circuit en vous mettant de côté pour qu'on ne vous voit plus, c'est le système du "marche ou crève", la société devant avancer à pas forcés !
Un monde qui fonctionne de la sorte a-t-il encore du sens et un avenir ? Doit-on se résigner définitivement et accepter cette pauvreté comme un fait acquis ?
Devons-nous éduquer nos enfants de manière à ce qu'ils ne pensent qu'à eux, qu'à leur réussite personnelle en fermant les yeux sur le reste ? Devons-nous en faire des robots complètement abrutis par cette société de consommation qui nous impose cette idée fausse que le bonheur ne se trouve que dans le matérialisme à outrance ? Doivent-ils ignorer que les accidents de la vie peuvent surgir à tout moment et les faire basculer à leur tour dans la catégorie "Quart Monde" ? Devons-nous au final entretenir encore longtemps ce système inégalitaire qui engendre la souffrance et l'exclusion de millions de personnes dans notre pays ? Ce sont bien toutes ces questions cruciales qu'il faut mettre de toute urgence sur la table, tant sur le plan individuel que collectif, pour déterminer avec force quelle société nous désirons construire demain ! L'Education Nationale doit de amnière URGENTE être en première ligne sur ces sujets pour interpeller les élèves dans nos écoles de la République !
Il n'est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions, histoire de donner du sens à son existence. Tout, absolument tout doit être fait pour éliminer le terme Quart Monde de notre vocabulaire car, au-delà de cette catégorie de personnes si négligée et abandonnée, ce sont bien d'êtres humains dont on parle. Pour en avoir rencontré tant depuis des années, je peux dire que ce ne sont pas des assistés, comme on peut l'entendre si souvent, mais des gens qui ne demandent qu'un petit coup de main pour sortir du trou. Lorsque vous les voyez repartir après une mauvaise passe, c'est la plus belle récompense qui soit et cela n'a pas de prix dans notre monde actuel où nous croyons hélas que tout s'achète. Eduquons aussi nos enfants, non pas à posséder toujours plus jusqu'à l'indigestion, mais bien à tendre la main vers celui qui souffre de mille maux. Croyez-moi, c'est sans doute là le plus beau service que nous rendrons aux nouvelles générations afin qu'ils bâtissent un monde où il y aura moins d'exclus du système et donc plus de sens, plus de joie de vivre et d'espérance !
Guy GILLET
Dernière modification le dimanche, 29 avril 2018