Je m’explique. Observons notre progéniture. Ainsi, que le parent dont l’enfant n’a jamais cherché sur Google « Paroles de Reine des Neiges » ou « Vidéo Harry Potter » ou « Où trouver Légo Star Wars » ou « Chanson Oui-Oui » ou encore « Minecraft creeper » (ah non, pardon, ce sont les parents qui cherchent ça), ou encore « exercices de maths » (LOL PTDR) me coupe l’accès Wi-Fi sur sept générations. Que le parent dont l’enfant n’a jamais dit, alors que vous répondiez « je ne sais pas » à l’une de ses questions, « ben t’as qu’à regarder sur Internet », quitte immédiatement ce blog (mais revienne juste après). Que le parent dont l’enfant n’a jamais dit « je m’ennuie, je peux faire de l’iPad/iPhone/Wii/n’importe quel écran ? » passe le reste de sa vie en edge.
En grandissant dans cet environnement numérique en perpétuelle évolution et continuellement ouvert, disponible, accessible, nos enfants prennent des habitudes XXL.Voir un film au cinéma, c’est bien, mais ça n’est plus suffisant : l’expérience a besoin d’être enrichie des paroles de la chanson accessibles en ligne (« libéréééééééé, délivréééééé », ne me remerciez pas), de renseignements sur les acteurs, ou d’extraits vidéos sur Youtube. Lire un livre, c’est formidable, mais ça n’est plus suffisant : qui est l’auteur ? prépare-t-il une suite ? a-t-il écrit d’autres livres ? Voire, dans le cas de Harry Potter par exemple, rejoindre la communauté en ligne pour jouer et partager ses passions avec d’autres lecteurs.
Et c’est ainsi de toutes les activités des enfants : dorénavant, elles peuvent être prolongées en ligne. Où elles acquièrent une autre dimension : elles sont modelables à souhait et les enfants peuvent se les approprier, en les complétant par ce qui les intéresse. Ils peuvent assouvir leur curiosité en un clic, et augmenter leur réalité par toutes sortes de contenus. Ils expérimentent à leur manière – c’est-à-dire avec impatience et gourmandise – les vertus du second écran pour le quotidien. Pour eux, le smartphone, ou tout ce qui leur permet d’accéder facilement à Internet, est devenu une prothèse, qui amplifie leur quotidien comme aucun autre appareil ne l’a fait auparavant. Ils grandissent dans un monde qui ne s’arrête pas aux frontières physique telles que nous les avons connues, mais qui a forcément un prolongement immédiat derrière l’écran. Ce monde de connaissances (de data diront certains) est un vaste monde, d’une richesse incroyable. Mais d’une incroyable densité également, avec de multiples entrées et cheminements, des portes dérobées, des labyrinthes, des faux-semblants aussi. Oui, nos enfants n’ont pas attendu la 3D pour augmenter leur réalité, mais à nous parents de leur fournir les bonnes clés pour y accéder.
Dernière modification le lundi, 29 septembre 2014