Dans cet air, qui devient un peu irrespirable, il existe cette tendance à imposer inconsciemment un certain repli identitaire, une méfiance de l'autre qui est différent, une peur et même une haine envers des gens ou des communautés qui en plus nous ont rien fait. Si l'on ajoute une montée du racisme, des discriminations et cette envolée d'un nationalisme exacerbé un peu partout en Europe et en France, nous voyons bien que ce climat est très malsain, mais cet état de fait ne doit surtout pas devenir une fatalité qui amènerait au pire. Si l'on ajoute ce que l'on pressent avec les élections à venir, c'est à dire avec des discours ou des slogans qui vont peut-être amener à cliver davantage, à diviser et à stigmatiser, on ne peut qu'agir pour contrer coûte que coûte ce climat détestable qui ne mènera nulle part sinon à l'impasse. Alors, tous, citoyens de bonne volonté, nous avons là où nous habitons, à déconstruire ce schéma destructeur qui porte atteinte à cet humanisme le plus élémentaire qui soit, c'est de notre devoir le plus absolu !
En tous les cas, pour ma part, si je peux en avoir les moyens, encore l'énergie et si l'on m'ouvre les portes auxquelles je ne vais pas me priver de frapper dans l'avenir, je suis prêt désormais à m'engager pour aller à la rencontre de ces enfants et ces jeunes dans les établissements scolaires ou ailleurs pour leur parler fraternité, de ce qui nous unit au-delà de nos différences. En m'appuyant sur ma longue expérience associative, où j'ai croisé bien des contextes, des situations et des personnes de différents horizons, je désire témoigner de ce qui fait la vraie richesse de l'être humain et ceci d'où qu'il vienne et peu importe son niveau social, sa religion ou son mode de vie. Mais avant cela, comme je l'ai déjà fait à certaines occasions trop rares à mon goût, je désire d'abord prendre le temps d'écouter les jeunes générations parler de leur ressenti, de leurs inquiétudes, de leurs questionnements et peut-être entendre aussi leur colère vis-à-vis de ce monde qui se cherche et dont ils vont hériter demain. Il ne faut surtout pas imposer un point de vue qui sera de toute façon imparfait, mais savoir entendre les ressentiments et les attentes de chaque enfant ou jeune et ceci sans tabou, tout doit sortir au grand jour pour tenter de mieux les comprendre et après de parler espérance.
Il faut développer chez ces jeunes, l'esprit critique, l'affirmation de soi et cette soif d'avoir en soi des convictions profondes et humanistes qui fondent la base notre civilisation. Dans un 2ème temps pourra venir le temps des propositions, de l'action concrète à mettre en place pour mettre en valeur ces jeunes, pour leur proposer simplement d'agir déjà à leur niveau. Les idées d'actions caritatives ou citoyennes peuvent être proposées, mais ces jeunes auront sans doute aussi des idées et, comme ils deviendront acteurs, ils porteront un autre regard sur leurs vies. En effet, le fait d'agir, de se rendre utiles de différentes manières, leur montrera qu'ils sont bien vivants, maîtres de leur destin et donc acteurs de changement. Pour cela, il faut aussi leur montrer des exemples d'engagement simple qui se font ici ou là et qui changent la vie au quotidien. L'URGENCE est bien là aujourd'hui et ce n'est surtout pas de se morfondre ou de penser que tout est foutu car ce n'est pas vrai !
Nos anciens peuvent témoigner qu'il y a eu des époques bien plus dramatiques et on s'en est toujours relevé. De tout temps, le monde a toujours dû relever des défis, surmonter bien des catastrophes, mais il est une chose que l'on ne doit pas imposer ou transmettre aux générations qui vont suivre, c'est la résignation, la démission, la peur, la haine. Ce serait notre plus grande faute, et donc la mienne aussi au passage et de cela on nous ne la pardonnerait jamais, à juste titre ! Que le monde de l'éducation ouvre encore plus largement ses portes à des témoins de terrain prêts à écouter les enfants, les jeunes, à les inciter aussi à devenir demain des citoyens qui feront refleurir l'espérance et ce besoin de construire un monde à visage humain, MERCI !
Guy Gillet
Dernière modification le jeudi, 29 septembre 2016