Le Conseil de l’Union européenne
Dans sa Résolution sur “Mieux inclure l’orientation tout au long de la vie dans les stratégies d’éducation et de formation tout au long de la vie”, 2905ème session du Conseil ÉDUCATION, JEUNESSE et CULTURE, Bruxelles, le 21 novembre 2008, le Conseil de l’Union européenne précise les quatre principes directeurs :
1. favoriser l’acquisition de la capacité à s’orienter tout au long de la vie,
2. faciliter l’accès de tous les citoyens aux services d’orientation,
3. développer l’assurance qualité des services d’orientation,
4. encourager la coordination et la coopération des différents acteurs aux niveaux national, régional et local.
Je retiendrais les deux premières de ces recommandations.
L’accès aux services d’orientation
La loi relative à l’orientation et à la formation professionnelle tout au long de la vie du 24/11/2009 a créé un droit à l’information et à l’orientation dont l’exercice s’appuie sur la mise en place d’un service public de l’orientation (SPO).
Elle a également créé la DIO (Délégation à l’information et à l’orientation ayant pour mission de :
- Proposer les priorités de la politique d’information et d’orientation. - Etablir les normes de qualité pour le service public de l’orientation.
- Evaluer les politiques nationale et régionales d’orientation.
Actuellement, le Service public de l’orientation (SPO) est constitué
● d’un service multimédia composé
- d’un site internet « Orientation pour tous »
- d’un service téléphonique pour tous publics - sur des sites géographiques rayonnant à l’échelle d’un bassin de vie, selon un maillage défini au niveau régional, - rassemblant des organismes volontaires liés par convention qui ensemble respectent le cahier des charges des critères de qualité, - à ces conditions, labellisation des sites par le préfet de région après avis du comité de coordination régional de l’emploi et de la formation professionnelle (CCREFP).
● de lieux d’accueil et de conseil en face à face offrant leurs services à tous les publics : Pôle information et orientation sur les formations et les métiers
Des résistances se font jour
Dans un contexte de restrictions budgétaires au plan national, mais aussi au niveau des collectivités territoriales, le SPO est perçu comme un moyen de réduire les différents organismes, et le maillage de chaque organisme. Il provoquerait une perte de spécificité et d’identité des professionnels. Mais il faut également remarquer que les résistances ne proviennent pas que des personnels, mais également des différentes “administrations” qui les supportent. Les unes comme les autres ont tardé à tenir un discours clair d’engagement des différentes unités dans le processus de labellisation.
Et pourtant, il s’agit d’une évolution essentielle
Le SPO met en œuvre une définition de l’orientation bien différente de notre conception d’action sur autrui :
« un processus continu d’appui aux personnes tout au long de leur vie pour qu’elles élaborent et mettent en œuvre leur projet personnel et professionnel en clarifiant leurs aspirations et leurs compétences par l’information et le conseil sur les réalités du travail, l’évolution des métiers et professions, du marché de l’emploi, des réalités économiques et de l’offre de formation », (Conférence PETRA, Rome, novembre 1994).
Or la plus part de nos organismes d’orientation mettent en œuvre ou son adossés à des politiques d’orientation des personnes et non pas d’aide aux personnes.
L’acquisition des capacités
Il s’agit donc de passer d’une orientation des personnes à l’aide à l’orientation des personnes. Le SPO propose une aide aux personnes, mais elles doivent être capables de construire des projet et d’utiliser de tels services. C’est pourquoi la résolution européenne demande de « favoriser l’acquisition de la capacité à s’orienter tout au long de la vie ». Je cite le développement del’annexe :
« La capacité de s’orienter est déterminante pour donner aux citoyens les moyens de les rendre acteurs de la construction de leur parcours d’éducation, de formation, d’insertion et de vie professionnelle.
Cette aptitude, qui devrait être entretenue tout au long de la vie, s’appuie sur les compétences clés, notamment la compétence “apprendre à apprendre”, les compétences sociales et civiques - y compris les compétences interculturelles - et l’esprit d’initiative et d’entreprise. La capacité de s’orienter inclut les dimensions suivantes, notamment dans les phases de transition :
- se familiariser avec l’environnement économique, les entreprises et les métiers ;
- savoir s’auto-évaluer, se connaître soi-même et être capable de décrire les compétences acquises dans le cadre de l’éducation formelle, informelle et non formelle,
- connaître les systèmes d’éducation, de formation et de certification ;
Pour progresser dans cet axe, les États membres tendent, selon leurs situations particulières, à :
- inscrire dans les programmes d’enseignement général, d’enseignement professionnel et de l’enseignement supérieur des activités d’enseignement et d’apprentissage visant l’acquisition de l’aptitude à s’orienter ;
- préparer les enseignants et formateurs à la conduite de telles activités et les accompagner dans cette tâche ;
- inciter les parents à s’investir dans les questions d’orientation ;
- associer davantage les organisations de la société civile et les partenaires sociaux ;
- faciliter l’accès à l’information sur les filières de formation, leurs liens avec les métiers, et sur les besoins prévisionnels de compétences sur un territoire ;
- développer la capacité de s’orienter dans les programmes de formation pour adultes ;
- inclure l’orientation dans les objectifs des établissements scolaires, des prestataires de services d’EFP et des établissements d’enseignement supérieur. L’insertion professionnelle et le fonctionnement du marché du travail, au niveau local, national et européen, devraient notamment être pris en compte. »
D’où la mise en place du Parcours de découverte des métiers et des formations
Pour plus d’information sur le PDMF, voir sur le site du Ministère et sur Eduscol ). L’ONISEPpropose des activités de classe sur son site .
Le PDMF fait suite à l’éducation à l’orientation (1995) et présente les mêmes difficultés. Il nécessite une implication et une collaboration de tous les acteurs dans un système qui ne l’encourage guère, et il suppose une modification des rôles et des identités professionnelles alors que l’enseignant français est définit avant tout par l’appartenance à sa discipline. Enfin n’ayant pas de fléchage des moyens, en cas de réduction (et c’est ce qui s’est passé ces dernières années), les chefs d’établissement réduisent les activités « non-disciplinaires », et le PDMF en fait partie. A ma connaissance, aucune enquête n’a été faite sur sa mise en œuvre réelle.
Crédit photo : INJEP
Bernard Desclaux