A quelques jours de vos arbitrages définitifs sur la refonte des rythmes éducatifs, le collectif d’élus C.E.D.R.E , souhaite aujourd’hui vous interpeler sur le devenir de ce dossier ouvert depuis de longues années.
Nous ne reviendrons pas sur le rappel historique des rythmes inscrit sur « la longue durée » preuve de la difficulté de votre tâche qui, en définitive, ne peut faire totalement consensus. Pour autant, la réforme de Monsieur Xavier Darcos, au-delà de son absurdité en contraignant le temps scolaire pour les enfants de nos écoles, a permis, savoureux paradoxe, de faire resurgir le débat.
Il est vrai que les différentes enquêtes nationales et internationales sur l’évaluation de notre système scolaire démontraient dans le même temps le décrochage de celui-ci en termes de résultats scolaires.
Les professionnels de l’enseignement, les parents d’élèves, les élus et les associations manifestaient eux aussi depuis longtemps leur inquiétude alors que tout était fait pendant 10 ans, sciemment, pour fragiliser le service public d’éducation afin de « faire des économies ».
L’élection présidentielle a tranché au moins sur ce point et participé au renouveau de l’éducation comme première priorité du Président de la République et du gouvernement.
La réforme annoncée des rythmes scolaires, après la phase utile de concertation et la remise du rapport, est donc sur le point d’être présentée aux français afin de préparer au mieux la rentrée de septembre 2013 « pour rompre avec la semaine de quatre jours ».
De nombreuses personnes ont participé aux travaux de la concertation, beaucoup d’entre elles ont souligné que l’intérêt de l’enfant et de l’élève devait « nécessairement primer sur les considérations matérielles et financières ».
Vous recevez depuis plus d’un mois tous les acteurs éducatifs du pays notamment les syndicats, les associations de parents d’élèves et celles des élus en particulier des collectivités qui ont la compétence sur les écoles et sur le périscolaire.
Rien ne serait plus inefficace de se contenter de supprimer la semaine de quatre jours pour rétablir un nouveau calendrier annuel et hebdomadaire dans lequel le retour au mercredi matin scellerait les débats pour l’éternité.
L’occasion nous est donnée aujourd’hui d’aller beaucoup plus loin puisque la question des rythmes pose aussi de nombreux autres sujets liés aux apprentissages, aux lieux de travail ou encore à la place des collectivités sur l’acte éducatif.
La question du temps scolaire ne peut être déconnectée de celle des programmes qui méritent d’être revus au regard des critiques sur le socle commun et de la manière de considérer tout le temps passé à l’école.
Il nous faut entendre sur ce point la position des enseignants ainsi que leurs attentes en termes de services passé devant les élèves. Si faire mieux avec moins d’heures semble difficilement tenable, nous comprenons aussi tous les efforts et l’engagement des enseignants qui aspirent légitimement à être davantage reconnus.
Nous réussirons clairement la réforme à la condition de considérer globalement le temps passé à l’école dans lequel interviennent les enseignants mais aussi de nombreuses autres personnes : les ATSEM, le personnel de restauration et les animateurs des temps périscolaires lorsque la commune a, ce n’est pas toujours le cas, les moyens de les financer.
Il n’est pas anodin à ce sujet que les communes qui ont anticipé la réforme et créer des expérimentations soient pour la plupart convaincues de la pertinence d’organiser la semaine scolaire sur cinq jours avec notamment le retour du mercredi matin, gage de continuité.
Il n’est pas anodin que ces mêmes communes (Angers, Lyon, Brest, Nevers, Lomme) aient saisi tout l’intérêt de créer une « nouvelle journée » permettant de rendre poreux les temps scolaires, périscolaires et extra scolaires.
Au regard des attentes des parents et des enseignants qui ont participé à la conception de ces expérimentations, toutes les garanties pédagogiques ont été données pour créer une plus value éducative alors que les évaluations en cours seront bientôt rendues.
Il faudra, de la même manière, procéder, après l’annonce de vos propositions, à une grande concertation pour permettre la construction des projets éducatifsen fonction des particularismes territoriaux notamment pour les petites communes et celles de la ruralité.
La définition d’un cadre national réformant les rythmes éducatifs devra nécessairement prendre en compte l’enjeu des politiques éducatives locales alors que la problématique de leur financement a été maintes fois relevée inquiétant parents et organisations syndicales sur les risques « d’une école à plusieurs vitesses et de la montée des inégalités éducatives territoriales ».
Nous proposons pour cela la création d’un fonds de péréquation à destination, exclusive ou non, des communes qui devront être aidées en priorité pour construire, sur la durée, votre réforme. Préparer septembre 2013 mais aussi toutes les autres rentrées en termes d’accueil périscolaires par exemple.
De nombreux chiffres circulent aujourd’hui sur le surcout de la réforme, au minimum 150 euros par enfants et par an. Nous prônons sur ce sujet, comme le Président de la République, s’y est engagé, de mettre des moyens encore plus conséquents, partagés globalement entre l’état, les collectivités territoriales et la CNAF.
C’est à cette condition que les projets locaux pourront partout se construire, permettre de diffuser de l’emploi (vacataires et intervenants pendant les accueils périscolaires) alors même que le chômage s’accroit.
Nous évaluons ce surcout à 450 euros par an et par enfant, soit moins de deux milliards d’euros.
Certes la conjoncture est, chacun le sait, difficile mais l’occasion vous est donnée aujourd’hui de créer un « choc de compétitivité éducatif ».
Le collectif C.E.D.R.E attend avec impatience vos propositions afin d’entamer avant la loi de programmation et d’orientation le premier acte de la refondation de l’école.
Olivier CAREMELLE, Porte parole du C.E.D.R.E