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On n’aurait pas pu mettre en télétravail huit millions de personnes pour faire tourner à minima une économie très affectée par la crise sanitaire mais qui devra pouvoir redémarrer rapidement le moment venu.

On n’aurait pas pu assurer la « continuité éducative », c’est-à-dire faire classe à la maison avec douze millions d’élèves et étudiants.

Et « faire classe » est aussi important que « faire société » ou  « faire nation » : cela participe de la même impérieuse nécessité.

On n'aurait pas pu...

On n’aurait pas pu maintenir un semblant de lien social et de convivialité dont les apéros par Skype ou Whatsapp sont la manifestation la plus commune.

On n’aurait pas pu garder un lien, même ténu, avec les personnes confinées seules dans leur chambre de ville, d’hôpital ou d’EPHAD  et pour lesquelles le contact avec la famille constitue la principale source de bonheur et donc de vie.

On n’aurait pas pu téléconsulter  un médecin pour être soigné sans multiplier les risques de contamination avec ce foutu virus.

On n’aurait pas pu commander son « Drive » de produits de première nécessité à récupérer masqué, ganté, sans contact avec covin-19.

On n’aurait pas pu faire quelques achats non indispensables (mais importants quand même pour garder le moral) sur les plate formes marchandes en ligne ; achats livrés à domicile par ceux qui prennent aussi des risques pour nous.

On n’aurait pas pu fabriquer en quelques jours, à coup d’imprimantes 3D, le matériel manquant pour nos soignants.

On n’aurait pas pu aller virtuellement mais gratuitement à l’opéra de Paris voir Manon, Don Giovanni, le Lac des Cygnes…où écouter les concerts mythiques de la philharmonie de Berlin.

On n’aurait pas pu visiter virtuellement mais gratuitement les plus grands musées du monde : Le louvre et l’IMA sont chez vous « #CultureAlaMaison », l’Atelier des lumières s’invite également.

On n’aurait pas pu faire son cinéma à la maison avec Netflix ou Prime Vidéo.

On n’aurait pas pu accéder à la presse quotidienne sans quitter son chez soi.

On n’aurait pas pu savoir, qu’en vaquant à nos activités minimales permises, notre téléphone portable s’est  trouvé à moins de deux mètres du téléphone d’une personne infectée par le coronavirus. C’est le traçage déjà utilisé ailleurs et dont il est de plus en plus question pour atténuer les risques sanitaires liés au dé confinement.

On n’aurait pas pu être, à ce point, inondés de fausses rumeurs qu’il est impératif de combattre, même si cela mobilise une énergie qui serait mieux employée ailleurs.

On aurait pu...

On aurait pu faire tous les rangements et bricoles qui attendent, patiemment, depuis longtemps, le bon moment, la bonne envie.

On aurait pu réécouter les vinyles qui n’ont pas vu de platine depuis des années.

On aurait pu ressortir les jeux dits de société : cartes, scrabble, Monopoly, puissance 4, dames et autres dominos…

On aurait pu se mettre au balcon pour applaudir les soignants et chanter avec les voisins des lendemains meilleurs.

On aurait pu relire Camus et  La Peste : « Ils se croyaient libres et personne ne sera jamais libre tant qu’il y aura des fléaux ».

On aurait pu retrouver le sens de l’essentiel, celui du discours de Monsieur le président, ou celui du prêche du Père Paneloux…ou celui que défendait, après d’autres mais  parlant d’expérience, Monsieur Palu-Laboureu, mon Professeur de français : « l’essentiel c’est de vivre ».

On aurait pu...

Dans tous les cas, pour « le bien vivre », il faudra attendre un peu…mais nous pouvons être certains que celui-ci comprendra une part de vie virtuelle largement accrue.

Dernière modification le lundi, 27 avril 2020
Puyou Jacques

Professeur agrégé de mathématiques - Secrétaire national de l’An@é