Deux sujets sont abordés dans cet entretien qui se déroule au collège Irandatz à Hendaye, lieu de la manifestation.
Le premier porte évidemment sur les ressources numériques pour l’éducation, thème de cette journée d’information, de formation et de partage. De nombreux intervenants abordent tous les aspects du sujet dans une table ronde animée par Jean Louis DURPAIRE Inspecteur Général de l’Education Nationale.
Puis Luc TROUCHE, professeur des Universités à l’Institut Français de l’Education, ENS Lyon, dans une conférence intitulée « Des ressources vivantes pour et par les enseignants », réaffirme « qu’enseigner c’est avant tout collaborer et créer » et apporte sa réflexion à la complexe articulation entre l’environnement des enseignants, leur pratique pédagogique et les ressources.
Pour Gilles BRAUN, « il y a plusieurs niveaux de ressources numériques ».
Tout d’abord celles créées par le professeur lui-même, spécifiques et personnelles.
Avec les outils dont il dispose,« la chaîne de production du cours du professeur devient de plus en plus numérique ». Dès lors grâce aux technologies de l’information et de la communication, les objets numériques créés par chaque professeur peuvent être échangés, diffusés, modifiés.
Comment le Ministère agit-il pour faciliter cette production ?
« Il existe également toute une gamme de ressources qui demandent pour être créées un saut et une forte plus-value technologique ; ces réalisations que peu d’enseignants peuvent créer sont réalisées par les éditeurs pédagogiques. » poursuit Gilles BRAUN.
N’y a-t-il pas là de nouvelles et réelles opportunités d’emplois, voire de création d’entreprises de haute technologie ?
Le deuxième sujet est plus complexe reconnaît Gilles BRAUN.
Il porte sur l’enseignement de l’informatique et des « sciences du numérique » à l’école et son lien avec la place de la France dans la compétition industrielle mondiale.
Le Numérique est le monde des enfants, et c’est peut être là le véritable sens de l’expression « digital natives », mais combien, grâce à l’école, savent-ils ce qu’il est vraiment ?
Initier à la culture du numérique c’est permettre le plus tôt possible la maîtrise des objets numériques (la digital littératie) mais aussi en comprendre progressivement l’essence scientifique ( la science informatique).
Doit-on apprendre à l’école « ce qu’il y a derrière les écrans » et participer ainsi d’une éducation qui permet, par l’analyse et la compréhension, au futur adulte de préserver son autonomie et sa liberté ?
Car comme l’affirme Bruno Devauchelle, « de fait, le traitement numérique du signal embarque de plus en plus d’intention humaine cachée voire codée qui échappe à tout contrôle à commencer par celui de l’usager qui n’y voit goutte »
Gilles BRAUN confirme l’importance du sujet et la difficulté de le traiter « comme tout ce qui concerne les programmes ».
Où en est-on aujourd’hui ?
En CPGE, classes préparatoires aux grandes écoles, les modifications sont en cours.
Pour le lycée, « la généralisation de la spécialité Informatique et Sciences du Numérique à toutes les séries du bac général et technologique, qui figure parmi les promesses de campagne du Président de la République sera chose faite d’ici 2015. »
Pour les autres niveaux, donc pour le collège et l’école, c’est plus complexe et « il y a un vide sur ces sujets là ». Les experts consultés souhaitent l’intégration de cette réflexion dès l’école primaire car « comprendre qu’une multiplication c’est un algorithme » et « comprendre pourquoi une machine peut faire une multiplication. » doit enrichir l’enseignement.
Sous quelle forme et quels en seront les contenus ?
Qui va l’enseigner ?
Comment former ceux qui vont l’enseigner ?
Un groupe de travail sera rapidement constitué par la DGESCO ; l’Académie des Sciences doit prochainement produire sur ce sujet un avis.
Car la nouveauté de ces derniers mois, c’est la« conscience au plus haut niveau de l’Etat de l’importance de ces enseignements et de cette réflexion dans l’école de la République. »
Claude TRAN