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Pour ou contre Facebook et Twitter dès la maternelle ? La question n’est elle pas déjà derrière nous ?
Les enseignants ont commencé à utiliser cet outil, de façon très diverses, à travers des projets d’écriture, de communication... Depuis quelques mois j’ai eu l’occasion de lire les twitts de nombreuses classes d’écoles primaires ( maternelles et élémentaires). Twitter est déjà, de fait une ressource pédagogique.

Le débat sur l’âge à partir duquel il serait possible ou souhaitable de faire telle ou telle chose me paraît bien dérisoire. Il me semble que quelque soit l’apprentissage ce qui est primordial c’est le chemin qui mène à cet apprentissage et la façon dont ont accompagne les élèves sur ce chemin. Faire en sorte de donner du sens à ces apprentissages, tel est un des rôles primordiaux des enseignants. Que de jeune enfants soient mis en contact avec les réseaux sociaux ne me paraît pas plus aberrant que de donner des livres à des élèves de petite section. C’est ainsi que l’on entre dans l’écrit, par la pratique, par l’expérimentation, par le désir. Est-il indispensable de savoir nager pour aller à la piscine ?... dans ce cas, où apprend-t-on ? Sur un tabouret … ?

Le véritable débat et les questions autour des réseaux sociaux me semblent d’un autre ordre.

Les projets (y compris le mien ; @camusmat04) des différents enseignants qui utilisent twitter avec leur classe s’inscrivent dans ce qu’il est convenu d’appeler le schéma de la communication, celui finalisé par Jackobson ; destinateur / message / destinataire ; fonction du langage... Les enseignants ont généralement, consciemment ou pas, intégré ces références et savent les mettre en oeuvre. Ils s’interrogent sur le sens de la communication, sur les conditions de sa bonne mise en oeuvre ... et le cadre proposé par Jackobson est à ce titre une aide appréciable.

Les questions théoriques au sujet de tous ces projets pourraient à mon sens venir des thèses de Marshall Mac Luhan qui déjà en 1964 dans « Pour comprendre les médias » nous dit : « Le média EST le message ».

[...] en réalité et en pratique, le vrai message, c’est le médium lui-même, c’est-à-dire, tout simplement, que les effets d’un médium sur l’individu ou sur la société dépendent du changement d’échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes, dans notre vie. [p. 37]

Difficile de résumer la pensée de McLuhan en quelques lignes cependant ce qu’il nous dit en substance c’est que : « le message, c’est le médium » parce que c’est le médium qui façonne le mode et détermine l’échelle de l’activité et des relations des hommes. Les contenus ou les usages des médias sont divers et sans effet sur la nature des relations humaines.

Les enjeux de twitter et des réseaux sociaux à l’école sont à mon avis à relier à ces réflexions. De nouveaux médiums sont apparus ces dernières années, ils transformeront et modèleront le monde à venir, celui dans lequel les jeunes élèves de maternelle et dans une certaine mesure leurs jeunes parents auront à évoluer.

A l’heure actuelle, il paraît bien impossible de prévoir ces transformations mais, dans notre enseignement, laisser de côté ces médiums émergeant, n’enseigner aux élèves qu’un monde du passé reviendrait à créer par avance, une sorte de « handicap » culturel. C’est pour cela que twitter a et trouve sa place au sein de l’école maternelle.

Sources :

http://www.philo5.com/Les philosophes Textes/McLuhan_LeMediumEstLeMessage.htm

Marshall McLuhan, Understanding Media, 1964. Extrait de Marshall McLuhan Pour comprendre les médias, Éditions Hurtubise HMH © 1968, Bibliothèque Québécoise © 1993, pages (NN à NN), (Traduction Jean Paré).

Dernière modification le vendredi, 17 juin 2016
Philippe Guillem

Enseignant en retraite : Maître formateur en Éducation Musicale. Pédagogie de la musique électroacoustique. Veille sur les nouvelles technologies. Médiateur de Ressources et Services Numériques. Atelier CANOPé de La Gironde