Mais est-ce pour autant impossible ? Avec 72 nouvelles heures de vidéo par minute, ce sont sur une année scolaire 394440 heures de vidéo qui sont mises en ligne, venant s’ajouter à ce qui est déjà disponible. On pourrait partir du principe qu’1% seulement de ces vidéos ne seraient utilisables pour usages pédagogiques, mais cela laisserait encore 3944,40 heures de vidéo potentiellement exploitables. Que ces vidéos se trouvent sur une plateforme de réseautage social en ligne ne pose pas de problème particulier : selon Eduscol, peut être considéré comme une ressource pédagogique
"Toute entité (numérique ou non) utilisée dans un processus d’enseignement, de formation ou d’apprentissage."
Cette définition ne donne priorité ni à la qualité, ni au contenu ni au support d’une ressource potentielle mais à sa pertinence : n’importe quelle vidéo en ligne pourrait donc trouver sa place dans un contexte pédagogique tant que celle-ci s’intègre de manière harmonieuse dans les notions que l’on souhaite transmettre.
La qualité perçue d’une vidéo pourrait être une manière de sélectionner des vidéos en ligne pour usage en cours...Si ce n’était pas un critère piège sur YouTube. En effet, YouTube dispose depuis longtemps de ses propres codes visuels, l’un des plus courant étant le vidéo-blog ou vlog : une caméra, un plan fixe, une personne face à l’objectif et son spectateur, cette mise en scène épurée se retrouve chez les amateurs comme chez les professionnels.
C’est le choix fait par l’équipe des Lizzie Bennet Diaries (adaptation contemporaine du roman de Jane Austen Orgueil et Préjugés) et par Michael Stevens de la chaîne vSauce qui chaque semaine tente de répondre à des questions scientifiques ou culturelles insolites. Les institutions qui ne sont pas natives du Web ne sont pas en reste : avec ses programmes Off Book et Idea Channel, la chaîne américaine PBS explore des questions de culture contemporaine et technologique ou met en relation culture populaire et culture classique dans de courts programmes misant sur l’interactivité avec son public - toujours dans un style visant la simplicité.
Qualité apparente similaire pour les professionnels comme les amateurs, large choix de contenus, peut-être qu’au final la seule chose qui nous empêche parfois de voir YouTube comme une ressource pédagogique viable c’est tout simplement notre propre perception. De telles plateformes bousculent nos représentations habituelles du monde de l’audiovisuel, nous emmenant d’une consommation passive notre téléviseur à une consommation active, sur écrans d’ordinateur, sur tablettes, sur téléphones, nous permettant d’échanger directement avec les créateurs - un peu comme Twitter et Wikipédia ont changé notre rapport à la communication et au partage des savoirs à leur époque.
Si ces derniers ont trouvé une place dans le monde de l’enseignement là où leur présence était pertinente grâce à des enseignants explorateurs et expérimentateurs, on peut supposer qu’il en sera probablement de même avec Youtube dans quelques années : dans un monde d’immédiateté numérique perçue, il suffira sans doute de lui laisser un peu de temps.
Dernière modification le samedi, 10 janvier 2015