Les associations de jeunesse et d’éducation populaire habilitées à la formation au BAFA-D signataires des présentes propositions, se sont attachées depuis le début de la crise, à respecter scrupuleusement les consignes sanitaires et à adapter leurs méthodes et organisations avec beaucoup d’agilité. Suite aux annonces présidentielles du 31 mars, nos équipes se sont mobilisées pour redéployer les sessions de formation sur l’ensemble du territoire. Elles se sont conformées au nouveau calendrier scolaire dans le strict respect des protocoles en vigueur afin de sécuriser chacun des temps attachés à ces sessions (formations, pauses, repas, etc.).
Le décret 2021-384 du 2 avril 2021, les déclarations ministérielles et leurs interprétations par la DJEPVA puis les DRAJES ont généré des consignes contradictoires, plongeant les acteurs de nos associations ainsi que les stagiaires inscrits et leurs familles, les encadrants (dont certains bénévoles, militants) dans une situation d’incertitude totale. L’interruption sans aucune prévenance, à travers une FAQ sur les réseaux sociaux, à 2 jours du lancement des sessions, a été vécue comme un acte administratif exorbitant au cadre réglementaire fixé.
Même si les circonstances sanitaires peuvent se comprendre, il n’en reste pas moins que la méthode utilisée vient à l’encontre de tout le travail de concertation engagé depuis plusieurs mois entre le Ministère et nos associations. Il nous apparait indispensable d’en partager les conséquences :
12 000 jeunes bloqués dans leur engagement : Toutes les études et observations montrent les effets dévastateurs de la crise sanitaire sur les publics jeunes. Souffrant de peu d’espace d’implication et de socialisation, ils se retrouvent, bien souvent dans des situations compliquées sur le plan social et psychologique. La formation BAFA-D représente pour certains d’entre eux l’occasion de prendre des responsabilités et de faire acte d’engagement éducatif. Cette prise d’initiative, bien souvent fondatrice dans leur parcours, mérite toutes les attentions. Interrompre de cette façon leur entrée en formation BAFA n’est pas respecter leurs efforts d’implication dans notre société et accentue leur précarisation.
Un minimum de 1 200 formateurs volontaires renvoyés : Les activités de formations BAFA-D sont encadrées principalement par des formateurs volontaires, militants, qui ont cherchés à s’adapter aux réalités sanitaires. Faisant preuve d’un investissement et d’une adaptation remarquable et dans le seul but de contribuer à une mission éducative, nous avons dû stopper brutalement leur engagement et leur élan dans ce travail de réorganisation. C’est aussi à eux que nous devons de ne pas avoir eu à gérer de situation exponentielle de cluster depuis octobre.
5,4 millions d’euros de pertes d’activités sur deux semaines : Sur le plan économique, nous nous sommes désengagés auprès de nos stagiaires et de nos prestataires et partenaires. Entre remboursements, frais d’annulation et pertes d’acomptes, les impacts financiers qui auraient pu en partie être évités, pèseront sur une situation économique déjà lourdement fragilisée par la crise sanitaire que nous traversons depuis plus d’un an.
Enfin, sur le plan pédagogique, les seules sessions autorisées à ouvrir sont celles pouvant se dérouler à 100% en distanciel et les qualifications surveillants de baignade. Cette disposition qui peut se concevoir pour des formations professionnelles est totalement inadaptée au parcours de formation BAFA-D. Comme le définissent les fondements de ces brevets, ils visent avant tout des savoirs faire pratiques d’animation et d’encadrement. Les apprentissages se basent sur les aptitudes comportementales des jeunes à devenir responsables et volontaires. Le parcours ne peut donc s’effectuer sans une véritable relation humaine et sans échanges collectifs. Considérer que les sessions de formation BAFA-D pourraient s’effectuer à 100% en distanciel, même à titre exceptionnel, consiste à remettre en question leurs objets-mêmes, et les critères de validation des sessions.
Nos associations présentes depuis le début de cette crise, sont impliquées dans la sécurisation des sessions de formation afin de garantir la santé et la sécurité de l’ensemble des acteurs : les stagiaires et leurs familles, les formateurs, les permanents de nos structures. Nous souhaitons réaffirmer notre pleine conscience des enjeux sanitaires actuels. Cependant au-delà de ces enjeux, il est aussi urgent que nous puissions répondre aux besoins et aux attentes de nos jeunes dont la situation devient extrêmement préoccupante et construire les conditions de la reprise d’activité.
Afin de préparer au mieux les mois à venir, il nous apparait indispensable que les dispositions présentées ci-dessous soient mises en œuvre rapidement.
Des prérequis nécessaires afin qu’une telle situation ne se reproduise plus…
Sortir le BAFA/D des dispositions relatives à la formation professionnelle pour le placer sous le régime de fonctionnement des ACM. Cette modification, dans les différents décrets relatifs à la gestion de la crise sanitaire, permettrait de soumettre le BAFA/D aux mêmes dates de fermeture et d’ouverture que les ACM, et ainsi permettre aux associations, aux volontaires ou militants mais également aux stagiaires de disposer de directives claires et en cohérence avec l’ensemble du secteur.
Communiquer un calendrier de reprise de nos activités coconstruit et partagé. Nous réaffirmons notre besoin d’information régulier et de visibilité sur le calendrier de reprise des activités. Ce point est essentiel, reprogrammer des sessions est un processus lourd et complexe qui demande à la fois anticipation et justesse. L’absence de projection à court terme remet en cause la formation de nouveaux animateurs et de fait la constitution des équipes d’ACM pour la période estivale (Accueil de Loisirs et Séjours de Vacances).
Dans la perspective de l’été 2021 et des difficultés de recrutement d’animateurs et de directeurs, nous proposons :